T'as pas oublié, t'as tout simplement pas pu. Son visage traine dans ta tête, ces clichés pris la veille de lui. T'arrive pas à imaginer que le fantôme de tes nuits est bel et bien réel. De nouveau près de toi. Tu n'as pas fermé l’œil de la nuit, ne pouvant t'empêcher de faire tourne et retourne dans ton lit, te remémorant chacune des photographies. C'était lui, tu en étais sure, même trop pour croire ça réel. Pourtant ça l'était, ça l'est. Lorsque tu as compris que tu avais la chance de le revoir, ton cœur t'as fait comprendre le malaise. C'était fini, ça l'est encore et ça le sera probablement pour toujours. Simplement, tu t'y refuses. En six ans tu ne l'as jamais oublié, a-t-il tourné la page lui ? Tu n'en sais rien et tu aimerais savoir, la question trottant dans ta tête depuis ces six années qui se sont écoulées. Tu t'es levée tôt afin d'assister à l'entrainement de baseball. Après tout, il doit bien faire partie de l'équipe car toutes les photos de lui venait de là. Tu étais stressée de le revoir, ne sachant pas comment tu allais réagir une fois face à lui, ni même comment lui allait réagir. Ma douce nuit d'hiver. Dans ta tête, ce surnom qu'il t'avait donné, sonne comme si ça datait de hier. Tu n'as jamais oublié et quand bien même tu aurais voulu, tu ne pouvais pas. On oublie jamais son premier amour, vrai ? Alors voilà où tu en étais, à deux doigts de le revoir. Tu t'es rendue jusqu'au stade du campus, là où tous les entrainements ont lieux. Tu t'es dirigé vers le terrain de baseball. Ton cœur bat à mille à l'heure, s'emballant à la moindre personne qui débarque. Tu as peur, tu sais pas réellement qu'est-ce que tu fais ici. Tu sais que c'est pour Caleb, mais a-t-il envie de te revoir, lui ? Tu n'en sais rien et tu te poses beaucoup trop de question. Le coach appelle les joueurs, tu commences à t'éloigner, à faire demi-tour. Regardant tes pieds, à demi honteuse de toute cette histoire qui n'était qu'un rêve que tu t'étais inventée. Puis c'est là que tu le vis. Non pas au travers de ton appareil photo, mais à travers des yeux. Ton regard plonges directement dans le sien. Ton cœur manque un battement. T'as l'impression de plus pouvoir respirer. Il n'est qu'à quelques centimètres devant toi, parlant à quelqu'un. T'as envie de te cacher, de tout faire pour qu'il ne te voit pas. Mais dans ta tête, c'est déjà trop tard, et tu le sais parfaitement...

Tu sais pas quoi faire, là face à lui. Il t'as vu, il commence à se rapprocher de toi. Ta respiration se coupe, ton cœur accélère, et t'as l'impression que tes jambes vont te lâcher d'un moment à l'autre. Après six années passées, il te fait toujours de l'effet comme au premier jour, c'est dingue. Ton regard plonge dans le sien et ne peut s'en détacher, il est toujours aussi beau. Un sourire timide se glisse le long de tes lèvres. Heureuse de le voir ? Bien plus que ça, mais tu ignores si c'est le cas pour lui. Après tout, tu l'as comme abandonné six ans plus tôt. Winter... Je ne savais pas que tu étais à l'OSU... Ton sourire s'estompe peu à peu, eh bien pour des retrouvailles, tu ne t'attendais pas réellement à ça. Certes, tu ne t'attendais pas à ce qu'il te serre dans ses bras, comme il aurait pu le faire par le passé, mais tu t'attendais à autre chose de sa part... Eh bien comme ça on est deux, Caleb. Tu baisses les yeux, une vague de froid s'empare de toi, laissant un frisson se glisser le long de ton échine. T'as mal au fond de toi, ton cœur se fendille, se brise, éclate en mille morceaux. Comme s'il ne l'était pas assez déjà. Tu relèves la tête, bloquant à nouveau ton regard dans le sien. Ça n'aurait tenu qu'à toi, tu l'aurais probablement déjà embrassé. Mais tout est différent maintenant, tout a changé et ceci par ta faute. Ta putain de faute. Tu t'en veux, tu t'en veux d'être partie. Tu aurais pu faire un fugue, rester avec lui, mais tu n'as rien fait de tout cela. Tu as fuis, suivant ta famille comme toujours. Alors, tu joues au baseball ? Tu ne pu étouffer un rire, non pas moqueur, car tu le savais sportif, mais parce que toute ta petite famille fait partie des Bêtas et cela te répugne. Ta soeur est une Gamma, toi tu es le vilain petit canard, une Delta... Mais qu'importe, pour l'instant ta famille n'a aucune importance, c'est lui qui compte, lui qui as toujours compté. Mais ce que tu ne comprends pas, c'est qu'il ignore le fait que tu sois là alors qu'il doit connaître tes frères ou au moins l'un d'entre eux. Tu cesses d'y penser, tu restes fixer dans ses yeux. Dis-moi que tu as continué dans la voie que tu voulais suivre. Un léger pincement se fait sentir dans ta voix. Tu as toujours su qu'il voulait devenir neurochirurgien mais que son père voulait en faire un joueur de baseball. Tu avais réussi à lui montrer qu'il avait toutes les qualités pour ne pas suivre les choix de son paternel mais les siens. Alors, tu espérais qu'il l'est fait. J'en oublierais presque la politesse, comment vas-tu ? Tes yeux brillent, tu aimerais rajouter Tu m'as manqué mais cela t'es impossible, parce que même si tu en meurs d'envie. Tu as du le détruire, autant que tu t'es auto-détruit...

La distance créée entre vous deux, cette sensation qu'il est si loin de toi alors qu'il est juste devant. T'as du mal à t'y faire, ça te détruit de l'intérieur, à petit feu et tu peux rien y faire pour que ça s'arrête. Tu sembles si distante, si froide, alors que tu n'es pas comme ça. Tu n'as pas envie de l'être, pas avec lui, pas maintenant. Tu lui poses la question fatidique, celle comme quoi il fait du baseball. Tu sais qu'il n'a jamais été un grand fan de ce sport, qu'il se forçait pour faire plaisir à son père. Alors le voir là, sur ce terrain, ça te faisait mal de voir qu'au final il avait suivi les traces de son père. Simplement, tu ne peux pas te résoudre au fait qu'il est brisé ta promesse. Pour toi c'est tout bonnement impossible qu'il ai pu le faire. Oui, j'y ai pris goût et je suis capitaine de l'équipe. Et toi, tu fais partie de quelle confrérie ? Tu laisses un sourire se glisser sur tes lèvres, au fond de toi, tu sais qu'il était destiné à entrer dans une confrérie sportive, après tout, c'est un grand sportif. Tu laisses un instant planer le doute, il doit probablement avoir déjà la réponse à sa question. J'ai rejoins les Deltas. C'était le meilleur choix que je pouvais faire pour échapper à ma famille. Oui, contrairement à lui, tu avais échappé à la loi qui dit que chaque fille est une Gamma. Je rentre en cinquième année de neurosciences à la rentrée, jamais je n'aurais pu rompre ma promesse, jamais. Cette fois un immense sourire apparait sur ton visage. Puis quand sa main vient caresser sa joue, un nouveau frisson parcoure tout ton corps. Tu aimerais prolonger ce contact, mais il le rompt. Probablement parce qu'en six ans, tant de chose ont pu se produire. Tant de chose qui peuvent changer une vie, toute une vie. Puis tu réagis comme une gamine, tu lui demandes comment il va, disant que tu oublies la politesse. Merde, c'est Caleb. Ton premier amour, le seul que pendant vingt-et-une années t'as aimé. Ça va, et toi ? Quoi de neuf ? Non, tu peux pas croire que ça en soit arrivé là. Que tu en sois arrivée là. Eh bien ça va aussi. Rien, hormis le fait qu'à la rentrée je serais en quatrième année d'art. Et toi ? Depuis six ans, qu'est-ce que tu deviens ? Tu trouves ça ridicule mais ça te fais sourire et échapper un petit rire. T'as l'air pitoyable là, à te comporter comme si c'était juste un ami. T'ose même pas le prendre dans tes bras, agir avec lui comme si vous étiez toujours à la planque. Parce que tu sais que plus rien n'est pareil, que tout a changé. J'aurais jamais pensé te revoir... Tu m'a tellement manqué Wint' tu n'imagines pas comment. Ton cœur loupe un nouveau battement. Alors vous y voilà, enfin à la vérité, aux phrases qui apporteront des réponses à tes questions qui depuis six années trottent dans ta tête. Sur le coup, tu ne peux pas te retenir, et tu te blottis dans ses bras. T’enivrant de son odeur, laissant ton corps se faire envahir par sa chaleur, ton cœur ralentissant sous l'effet qu'il te fait. Tu cales ta tête dans son cou. Putain qu'est-ce que ça fait du bien, il t'a tellement manqué lui aussi. Tu te recules mais tu ne le lâches pas entièrement, tu gardes cette distance qui te colle un peu plus contre lui et pose ton regard dans le sien. Moi non plus je ne m'attendais pas à te revoir. Mais ça fait tellement du bien, tu m'as manqué Caleb. Pendant six ans j'ai pas arrêté de penser à toi. Si tu savais à quel point je m'en veux d'être partie. J'aurais du rester avec toi, j'aurais du fuguer comme je l'ai fait après. Je suis désolée. T'en as peut-être dit trop, peut-être que ça n'arrangera pas à la situation mais tu avais besoin de dire la vérité. Celle qui hante ton cœur depuis six putain de longues années. Parce que tu l'aimes encore, et c'est pas prêt de disparaître...

Cette sensation au creux de ton ventre, comme des papillons qui virevoltent, une chaleur soudaine. Caleb, c'est lui le créateur de tout ceci. Parce que tu l'aimes, tu l'as toujours aimé et tu ne vois pas pourquoi ça changerait. Trois mois seulement ensembles, six ans séparés l'un de l'autre et pourtant. C'est comme si votre histoire avait duré six ans et que vous avez été séparés trois mois l'un de l'autre. Au départ, tu avais peur de ces retrouvailles, ne sachant pas comment il allait réagir. Mais finalement, tu t'es rendu compte que votre lien fusionnel n'avait jamais cessé d'être là. Comme un aimant, voilà ce que vous étiez. Des aimants ayant besoin l'un de l'autre pour vivre, respirer, espérer. Je ne te voyais pas ailleurs de toute façon, tu es parfaite chez eux. Bien sûr si j'avais pu je t'aurais pris à mes côtés chez les Bêtas mais... les filles n'y sont pas acceptées. Tu souris. C'est vrai, tu aurais été mal ailleurs. Tu es une artiste, une vraie. Pas une pimbêche superficielle. Tu rigoles à sa phrase, toi chez les Bêtas, pourquoi pas, mais il faudrait que tu ai une certaine chose entre les jambes. Tu es heureuse de le retrouver, voir qu'il n'a pas tant changer que ça, qu'il est restait le Caleb dont tu es tombée amoureuse en un regard. Moi en Bêta ? Suis-je si sportive que ça ? Tu rigoles un peu plus, un peu plus fort. Non pas que tu ne prends pas soin de ton corps, loin de là. Mais il est vrai que le sport n'est pas ta passion première contrairement à la photographie par exemple. Boh pas grand chose. Le baseball, les études, les fêtes, tout ça. Mais rien de bien sensationnel, et toi? Les fêtes. Et dire que tu ne l'as pas croisé en quatre ans ici. Dire que c'est la première fois que tu le revois, et tout ça grâce à une simple photo. Tu aurais pu le revoir n'importe où, notamment à une fête. Mais non, il faut croire que le destin voulait que vos retrouvailles se fasse à ce moment précis et pas un autre. Rien de sensationnel. Ça m'étonne de toi. Tu lui souris légèrement, toujours plongé dans son regard ténébreux et charmeur. Moi, eh bien hormis les cours, actuellement les vacances, les sorties entre amis et toujours la photographie. Rien. C'est le vide plat. Autant niveau sensationnel que sentimental... Tu baisses le regard avant de le replonger dans le sien. Oui, un vide plat depuis lui. Pas un autre homme n'a passé la porte de ton cœur, en même temps personne n'a réussi à te faire tomber amoureuse comme lui a réussi. Puis tu te blottis dans ses bras, comme si sa présence te rassures, agis sur toi comme une drogue. Tu as besoin de lui, tu as toujours eu besoin de lui. Pendant six ans tu pensais à lui, non pas pour ne pas l'oubliais, mais pour espérer qu'il soit là, à tes côtés. Simplement, il n'était pas là. Et aujourd'hui, tu le regrettes. Amèrement même. Depuis que tu es partie, tu hantes toutes mes nuits. Chaque jour je m'obligeais à penser à toi pour ne pas oublier ton visage, tes traits. Chaque jour j'avais l'impression qu'un bout de toi s'envolait. Chaque jour tu me manquais un peu plus. J'étais anéantis, vraiment. Mais tu n'y étais pour rien... J'aurais dû te retenir... Tu laisses des larmes perlées le long de ta joue. Ça fait mal, parce qu'autant l'un que l'autre, vous aurez pu rester ensemble, fuguer à deux. Tu aurais pu être là pour lui et lui pour toi. Vous aurez pu rester ensemble sans jamais être séparer. Mais tu as choisis un chemin différent, suivre ta famille, retourner chez toi à New York pour finalement dire stop et partir pour de bon. Tu as fugué ? Quand ? Son front se colle au tien, toujours les yeux dans les yeux, son souffle s'abat contre tes lèvres. Ses lèvres sont proches des tiennes, quelques centimètres les séparent seulement. Arrête, c'est pas ta faute. Tu pouvais pas me retenir, c'était impossible. Et puis même si on avait fuit ensemble, ils auraient tout fait pour nous retrouver. Pour me retrouver. D'autres larmes coulent, t'as mal d'avoir été séparé de lui, parce que oui tu l'aimes. Et tes parents détestaient ça, ils détestaient l'effet que Caleb avait sur toi. Il te rendait heureuse mais tes parents ne voyaient pas ça de cette façon. Il voyait en lui quelqu'un de nuisible pour ton avenir. Caleb... Tu murmures son nom, le laisse s'échapper de tes lèvres. Puis tu relèves légèrement la tête, gardant cette proximité. J'ai fais une fugue un an après mon départ de Chicago. Ma famille avait décidé qu'on retournait à New York. Sauf qu'ils voulaient encore bouger, toujours et ne jamais s'arrêter. Chicago était censé être le dernier déménagement avant qu'on soit tous ici. Sauf que ce n'était que des mensonges. Alors je suis partie. Je leur ai fais clairement comprendre mon choix et je suis venue ici, dans l'Ohio. Tu essuies les quelques larmes qui continuent de couler et rompt le contact pour t'asseoir dans l'herbe. Incitant Caleb à faire de même. Si j'avais su que tu étais ici, je t'aurais cherché mais mes parents avaient tout brisé. Ils m'ont empêchés de te contacter, m'ont supprimé mon portable les premiers temps puis ont tout brûler. La seule chose qui est resté indemne, c'est une photo de toi... Tu plonges ton regard dans le sien. La seule chose qui pendant six longues années t'as retenu à lui n'était rien de plus qu'une photo. Une photo qui t'as empêché de l'oublier. Une photo qui fait qu'aujourd'hui, tes sentiments pour lui sont encore intacts...

C'est sûr que sur un terrain, je te botte les fesses sans problèmes. Tu le pousses légèrement et rigole, effectivement, il a raison. Sur un terrain de sport, que ce soit basketball, football ou même baseball, il te bat à plate couture. Mais en même temps, tu n'es ni une Alpha ni une Bêta. Tu es une Delta, une artiste, danseuse, chanteuse, comédienne, peintre, photographe. L'art coule dans tes veines, l'art est ce qui fait battre ton cœur chaque jour qui passe. L'art c'est ce qui fais de toi celle que tu es. Puis tu dévies sur un autre sujet, ta vie n'a rien d'extravagant. Depuis six ans c'est comme si un vide immense c'est immiscé en toi, créant un gigantesque trou noir. Rien, que ce soit niveau sensationnel ou sentimental. Même pas une petite aventure par-ci par-là. Juste rien. Un sentiment de culpabilité et d'abandon mélangé à de l'incompréhension. Tu aurais pu retomber amoureuse, et plus d'une fois. Mais Caleb n'a jamais quitté tes pensées, t'empêchant d'aimer qui que ce soit d'autre que lui. Je suis sûr que tu es devenue une photographe professionnelle. J'ai hâte de voir tes clichés. Tu lui souris. En six ans, tu as pris de l'assurance, tu t'es améliorée et tu as changé à plusieurs reprises de matériel. Chez moi c'est pareil, je n'ai jamais réussi à aimer qui que ce soit après ton départ. Tu retiens ton souffle quelques secondes, ton cœur manquant un nouveau battement. Y a trop de réponses qui arrive en pleine face alors que pendant six ans, les questions s'enchainaient sans en trouver. Six putain d'années qui avaient fait de ta vie un enfer et aujourd'hui, tout s'éclaire, tout redevient simple et évident. Pourtant, tu le connais assez pour savoir que même s'il n'en a pas aimé d'autre, il y a eu des choses et tu ignores quoi mais au fond, ça te fait souffrir. Alors poser la question qui brûle la langue ou finalement lui faire confiance même si tu doutes de la vérité ? Tu laisses tomber et comme toujours change de sujet. Après tout, tu n'aurais jamais du partir, jamais du le laisser. Tu disais l'aimer mais tu es partie. Comme tu pars toujours. Tu gâches tout, foires tout et la seule chose que tu pensais pouvoir garder rien que pour toi, tu la perds aussi. C'est atroce ce sentiment d'impuissance, de ne pouvoir rien faire et d'être à la merci de quelque chose. Mais tu oublies tout une fois dans ses bras, t'es bien là. Au près de lui, à retrouver un bout de ce passé envolé. T'as comme l'impression d'être six ans en arrière, dans le repère, à vivre cette histoire d'amour impossible. Tes parents refusaient que tu aimes quelqu'un comme lui. Soit-disant il était trop mauvais comme influence sur toi. Tu le laisses te rassurer, te montrer qu'il est là. Tu es toujours blottie contre lui, comme si tous tes démons fuyaient parce qu'ils ont peur de lui. Parce que Caleb a toujours été ce point d'ancrage à la réalité. Tu sais que le lien qui vous unit est plus fort que tout, mais avec ta famille sur le campus, même si ce ne sont pas tes parents, tu as peur. Peur de le perdre à nouveau, peur de refaire une erreur, peur de tout gâcher comme toujours. Alors t'essaies de pas y penser, de te focaliser sur lui, Caleb. Parce qu'il est là, après six ans, il est là et tu lui as manqué. Ils ont vraiment un problème avec les déménagements tes parents... T'es partie, seule, comme ça ? Tu le regardes, tu vois qu'il s'inquiète pour toi et ça te touches. Parce que même après tout ce temps, rien n'a changé et il est toujours autant protecteur envers toi. Je te le fais pas dire. Tu laisses un temps. Oui tu es partie seule, mais en arrivant ici, tu ne l'étais plus. J'avais pas vraiment le choix... Mes parents refusaient de me laisser ma liberté et j'en pouvais plus. Alors oui, je suis partie toute seule. Mais ça va, j'ai rencontré quelqu'un à mon arrivée et depuis c'est mon meilleur ami. On vit en colocation depuis six ans justement et il est adorable avec moi. Je te promets Caleb, ça va. Tu l'as regardé dans les yeux en prononçant ta dernière phrase, parce que tu as vu son inquiétude dans son regard et que tu le connais. Peut-être pas par cœur, mais trois mois s'est largement suffisant pour en apprendre au maximum sur la personne qu'on aime. Puis tu lui parle des souvenirs, du seul que tu as, une photo. Parce que tes parents ont tout gâché, ont tout détruit. Je n'avais même pas de photos... je vivais dans la peur qu'un jour ton visage s'efface de ma mémoire. Je n'aurais jamais pu t'oublier Wint'... jamais... Tu laisses une larme glisser le long de ta joue. Il avait peur de t'oublier mais ça n'est pas arrivé. Et tu es heureuse qu'il ne t'ai jamais oublié, jamais. Vos visages se rapprochent, ses mains se posent sur tes hanches. Tu te colles un peu plus contre lui, tu veux ressentir sa chaleur, savoir que ce lien intact n'est pas brisé un tant soit peu. Puis tu sais plus ce qui se passe. Ses lèvres se posent sur les tiennes et tu réponds à son baiser. Six années que tu attends ça, six putain d'années que tu voulais avoir à nouveau ce contact. Tu enroules tes bras autour de son cou, laissant le baiser se prolonger un peu plus, répondant à cet appel. Tu ne peux le nier, tu l'as aimé et ça ne t'as jamais quitté. Tu l'as toujours aimé et tu l'aimes encore aujourd'hui. Tu coupes le contact, mais reste proche de lui, gardant cette intimité qui vous lie. Un sourire se glisse sur tes lèvres, ton regard plonge dans le sien. Tu m'as manqué Caleb, si tu savais à quel point. Tout ceci m'as manqué. Oui, tout ceci t'as manqué et au fond te manques encore. Car malgré ce baiser, tu sais que ça va être dur de le récupérer. Tu sais que même si les apparences laissent croire que rien n'a changé, il y a quelque chose qui ne sera jamais plus pareil. Parce que le temps fait évoluer, changer, le temps bousillent des choses pour en recoller d'autres. Le temps est un salop qui ne laisse aucune pitié. Puis finalement tu te jettes à l'eau, tu as besoin de réponses, besoin de savoir. Pourquoi tu as fais ça ? Tu veux pas qu'il pense que c'était désagréable ou un affront ou qu'importe. Au fond, tu veux juste savoir s'il t'aime encore comme toi tu l'aimes. Tu ne m'as pas oublié, je ne t'ai pas oublié. On a pas oublié notre histoire mais... Mais le temps, encore et toujours lui. Ce satané temps, une vraie saloperie qui a le don de tout réduire à néant. Ce qui vous prendra un an à être bâti, se retrouvera détruit en une seconde même pas. Tu continues à le regarder, laissant ton souffle se cogner contre ses lèvres. Si tentantes d'ailleurs. Caleb, est-ce que tu m'aimes toujours ? Ton cœur rate un battement. Tu as peur de la réponse, peur de sa réaction. Après ce baiser, tu devrais être fixée. Mais pourtant tu doutes, tu as peur. De quelque chose, de quelqu'un. Mais surtout, peur de le perdre, lui.