Donc mon premier choix s’est arrêté sur les Omega. Je ne vois pas autre part la jeune et belle Kiersten. Avec son tempérament de feu, elle ne conviendra pas aux belles bimbos ou même chez les artistes ou intellos… En effet, même si la jeune fait de la danse, ce qu’elle aime avant tout, c’est faire la fête. C’est fumer, boire, se droguer, et danser jusqu’au bout de la nuit. Respecter les règles . Elle ne l’a jamais fait, elle ne s’est jamais pliée à une seule règle et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. De plus, la jeune Kiersten n’est pas du genre à être sérieuse dans ses relations, elle est toujours en train de fricoter avec un autre jeune homme, elle couche avec n’importe quel mec tant qu’il n'est pas mal. Elle ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez, mais elle n’arrive pas à rester plus d’une semaine avec le même mec. Elle change de copain comme de chemise, c’est plus fort qu’elle. Elle ne se prend pas la tête, une fois au milieu de la fête, elle s’éclate avec tout le monde malgré son caractère. Elle oublie tous ses problèmes, elle a le sourire sur les lèvres, elle danse en compagnie des mecs, elle est la première se lancer dans la fosse aux lions. Toutes les nouvelles choses, elle va vouloir les changer, elle n’a pas peur du danger. Elle pourrait même faire confiance à une personne qui doit lancer des couteaux autour d’elle, même bourrée. Elle est complètement folle, mais ça ce n’est pas nouveau. Elle pourrait vous amener beaucoup de choses dans cette confrérie, ayant beaucoup d’argent, elle pourrait vous acheter chaque jour des tas d’alcools et de bouffe. Quand il s’agit de sa confrérie, elle n’est pas radine, elle a le sens du partage. Elle aime bien aller faire chier les autres confréries et faire des crasses, c’est une grande gamine avant tout. Elle peut très bien décider de ramener plus de deux cents personnes pour aller faire la fête chez elle, dans une villa. Alors qu’est ce que vous en pensez ?  

Et dire que je suis née dans cet endroit, un hôpital de Nuuk, celui où la réputation est le plus élevée. Celui où ma mère y travaillait, bien sûr, rien ne s’est passé comme il le fallait. C’était bien trop beau, mais bien trop simple pour que l’accouchement se passe sans problème. Alors qu’une belle journée se passait, que le ciel commençait à devenir sombre, que le soleil commençait à se coucher. C’est à l’heure de quinze heures que ma mère a commencé à sentir les contractions. C’est à cette heure-là qu’elle a commencé à devenir blanche, à trembler et à s’agripper aux barres de son lit. Des larmes coulaient le long de ses joues, des gouttes de sueur apparaissaient le long de son front. D’après le médecin ou plutôt la sage-femme, l’enfant s’était mal retourné. En gros si vous avez compris, je n’avais pas bien pivoté, et je risquais de perdre vie en peu de temps. C’est pourquoi une césarienne était obligatoire dans ces moments-là. C’est alors qu’en moins de deux minutes, les infirmières avaient poussé le lit de ma mère jusqu’au bloc. En peu de temps, ils pouvaient réussir à m’extraire de son ventre ou me faire perdre vie. Elles avaient ma vie entre les mains, c’est pourquoi, elles traversaient en courant les couloirs, elles bousculaient des personnes. Comme vous pouvez le remarquer, dès le début, rien n’était simple et cela n’a fait que de s’empirer. Une fois arrivés au bloc, ils avaient endormi le bas du corps de ma mère. Ils commençaient à lui faire une longue incision au niveau de son ventre. Ils étaient loin de s’imaginer qu’en ouvrant, ils allaient voir un enfant avec la tête qui commençait à virer au bleu. En effet, le cordon ombilical s’était noué autour de mon cou, m’empêchant de respirer. Une fois sorties du ventre de ma mère, deux personnes s’occupaient de moi. L’une coupait le cordon, et une fois cela fait, l’autre m’avait déposé un petit truc sur ma bouche. J’avais besoin d’aide pour respirer, pour reprendre une grande inspiration. Placé sous surveillance, toutes les heures il y avait cette infirmière qui venait vérifier le battement de mon cœur et ma respiration. C’est ainsi que j’ai commencé à vivre. Je suis sortie avec ma mère seulement une semaine après ma naissance, j’avais dû faire plusieurs examens et ma mère aussi. Mon père venait nous voir chaque jour, il me prenait dans ses bras et me promenait dans la pièce. Je m’amusais à essayer de prendre son doigt entre les miens. Mais je n’arrivais jamais à toucher le bout de ma paume. Il avait un doigt si énorme qu’il pouvait m’écraser la main entière. À la fin de la semaine, j’avais pu enfin être habillé correctement et porter jusqu’à une voiture ou là j’étais installé dans un landau. J’avais l’impression de voyager, de voler, c’était étrange cette sensation, mais au final c’était juste la voiture qui avançait en direction de ma maison. Une fois arrivé à bonne destination, ils m’avaient déposé dans un grand lit avec des barreaux, j’avais l’impression d’être en prison. Mais j’étais bien trop occupée par mes peluches et mes doudous, je me suis très vite endormie. J’ai très vite grandi, dans une famille semi-présente. J’étais plus souvent avec mon père qu’avec ma mère qui était bien trop occupée à l’hôpital. Je savais dire ‘papa’ avant ‘maman’, c’était le seul qui prenait le temps pour me lire une histoire. Il était le seul qui me nourrissait et qui me prenait dans ses bras pour faire l’avion. Il était le seul qui me faisait rire, il était un papa hors du commun. Il prenait des congés pour être près de moi, il partait plus tôt pour finir plus tôt et me retrouver. Il s’occupait de moi comme une mère, il était un père poule. Il me couvrait, il me prenait en photo, il m’amenait manger des glaces. Il était là quand je pleurais, il était là quand j’hurlais durant la nuit. Il était toujours là pour moi, mais jusqu’au jour où je l’ai déçu. J’avais tellement grandi que j’étais déjà à l’école maternelle et c’est là que je lui ai demandé de m’inscrire à une école de danse. Je voulais devenir une danseuse étoile, mais ces mots l’ont tout de suite fermé. Il s’est éloigné sans rien dire, car pour lui danseuse étoile voulait dire = séparation ; éloignement. Il avait peur de me voir arriver dans ce domaine et de me perdre. Il m’avait inscrit le lendemain de ma demande et m’avait offert un tutu ainsi que des belles ballerines. Croyant me faire plaisir, le sourire sur les lèvres, j’avais très bien remarqué son regard triste et éloigné. Mais j’étais allé à ce premier cour avec lui, je me débrouillais comme une ‘chef’ d’après mon professeur. C’est ainsi que j’y allais plus de trois fois dans la semaine, que je m’entrainais dans ma chambre. Je ne voyais plus rien à part cette passion que j’avais pour la danse. Plus je grandissais et plus cette passion s’agrandissait. Je faisais des compétitions, je faisais des stages, je voyageais beaucoup. Mon père avait finalement raison, entre les cours, la danse, les compétitions, il n’y avait plus de place pour la famille. D’ailleurs à partir de ce moment, il s’engueulait régulièrement avec ma mère qui était heureuse de me voir ainsi. Ils s’engueulaient chaque soir, ils en venaient souvent aux mains devant mes yeux. Mon père partait parfois pendant des heures ou ne revenait pas de la nuit. Mais, je ne voulais pas pour autant baisser les bras, j’avais obtenu déjà plusieurs prix, des médailles et des coupes. J’étais faite pour ce métier d’après ma prof. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’à mon adolescence, j’avais intégré une école de danse. J’allais en cours l’après-midi et chaque soir j’allais répéter, j’apprenais des figures différentes. J’étais en harmonie avec mon partenaire, et c’est ainsi que je suis devenue rapidement un ‘rat d’opéra’. Je ne passais plus incognito dans les rues, j’étais en permanence prise en photo, j’étais sur le devant de la scène, l’une des plus jeunes rats d’opéra de Nuuk ou plus précisément du Danemark. Heureusement que j’étais intelligente, j’obtenais que des bonnes notes, malgré mes absences répétées. Plus j’avançais, plus mes parents reculaient et plus l’amour parental me manquait. Alors que ma mère me couvrait de bisous et de câlin quand je revenais, mon père m’évitait et partait dans son bureau s’enfermer. Je n’avais plus aucun contact avec lui, je ne pouvais même plus le regarder dans les yeux. Lors des diner, il ne venait même plus, il ne regardait même plus la télévision. J’étais seule, seule dans ma bulle, seule dans ma passion. C’est dans ces moments-là que nous pouvons remarquer que la vie ne tient qu’à un fil, et qu’il peut se couper à tout moment. Lors de mes interviews, c’était ma mère qui se trouvait à mes côtés, mon père restait toujours dans l’ombre. Jusqu’au jour où je venais de remporter une coupe, ma mère signait des papiers avec mon père en compagnie de leurs avocats. Ils avaient divorcé, c’était fini la vie de famille. Une famille déchirée, je me retrouvais seule au milieu, entre les deux. Pendant plusieurs semaines, je devais naviguer entre mes deux parents. Aller un coup chez l’un, un coup chez l’autre. J'avais voyagé entre plusieurs pays, j'avais rencontré ma nouvelle famille et donc une nouvelle. Plus précisément ma demi-sœur. Elle avait l'air sympathique, mais au final, j'avais vite changé d'avis au bout de quelques semaines. Mais ce jeu stupide s’est très vite arrêté quand ma mère m’avait annoncé qu’elle allait se marier avec un nouvel homme. C’était certainement la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. J’avais refusé son invitation, prétextant avoir un rendez-vous ce jour-là que je ne pouvais pas déplacer. Au final, j’avais fini en pleure dans les bras de mon père, il était au courant depuis un long moment de cette liaison. Cela faisait plus d’un an qu’elle avait un amant, elle ne voulait juste pas me déstabiliser dans mon projet. Mais, quand elle avait vu que je pouvais voler de mes propres ailes, elle avait décidé de partir et de prendre son envol à son tour. C’est à l’âge de dix-sept ans que mon père ayant marre de ma réputation dans ce pays à décidé de me faire déménager à l’autre bout du monde, plus précisément en Amérique. Je n’avais pas vraiment le choix, étant mon responsable légal, il choisissait à ma place. Je devais rester avec lui jusqu’à ma majorité, c’est-à-dire vingt-et-un an. Je n’ai pas eu le choix, j’ai tout emballé dans des cartons, plus précisément des énormes cartons. Un énorme déménagement. D’ailleurs, cela a couté chère à mon père, mais il pouvait se le permettre. Il a vendu la maison, nous sommes arrivés de longues heures après en Amérique plus précisément dans l'état de Ohio. Il a donc acheté un appartement pour lui et m’a acheté une villa pour pouvoir être un peu libre de mes mouvements. Malheureusement, en déménageant ici j’avais accepté ce qu’il m’avait demandé. Continuer mes études dans le but de reprendre son entreprise. Une entreprise qui lui avait tant donné, il avait gagné cet argent grâce à ce cabinet. C’est ce qu’il veut que je devienne, une criminologue. Je n’ai pas vraiment le choix, j’ai accepté son deal, je dois aller jusqu’au bout. Il espère que je vais oublier la danse avec mes cours. Malheureusement, il se met le doigt dans l’œil. À peine installer dans ma villa que j’avais déjà recherché un opéra, après avoir fait des tentatives. J’ai été prise au bout de deux essaies, j’essaye de me faire la plus discrète, je n’en parle à personne. Mais au final dans cette université, les rumeurs circulent rapidement. D'ailleurs, quelques jours après ma soirée avec un parfait jeune homme, tout ça se savait dans l'université. Et alors? Je n'avais pas de mec, j'étais célibataire, j'avais bien le droit de m'en taper quelques uns non? Cela fait maintenant plusieurs années que je suis là et je recommence à bien me faire respecter dans cette école de danse, je continue aussi mes études en parallèle. Mais au milieu de tout ça, il y a la fête. Et vous ne savez pas quoi? J'ai retrouvé ma demi-sœur, la fille du mec qui s'était marié avec ma mère. Qu'est ce que cela va vraiment donné? Je n'ai jamais pris le temps de lui parler, j'en avais déjà eu marre au bout de quelques semaines, alors qu'est ce que ça va être de la croiser tous les jours à l'université?