j'avance, les mains dans les poches, les écouteurs dans les oreilles, dans le campus. une cigarette au bord des lèvres, je profite du soleil sur ma peau et m'étire longuement. je passe devant l'auditorium et je réalise alors que ça fait un moment déjà, maintenant, que je n'ai pas eu l'occasion de croiser caelan. ça fait un moment qu'on ne s'est pas charriés, engueulés, presque tapés sur la gueule. et ça commencerait presque à me manquer. il m'fait rire, caelan, malgré tout. j'écrase ma cigarette par terre, à peine entamée, sans regrets, et je pousse la porte de l'auditorium, sans réfléchir, presque machinalement, et entends un violon, au loin. il est là, c'est certain. du moins, je l'espère. je continue d'avancer, je range mes écouteurs au fond de la poche de mon short. j'arrive en haut, tout en haut des gradins (je crois?) et regarde caelan, en bas, sur l'estrade, en train de jouer. c'est beau ce qu'il joue, puis, il le joue bien, je le reconnais. mais quand même. ça n'vaut pas du hip-hop. je n'pourrais même pas danser, sur ses morceaux. à moins de danser du classique. et on n'me fera pas porter de body ni de tutu. au moment où je pense qu'il a fini son morceau, j'applaudis fort dans mes mains et siffle un peu. je l'acclame, pas très passionnée, pourtant. « bravo bouclette, tu t'entraines dur, c'est bien. » j'affiche un grand sourire et descends les marches pour le rejoindre. bouclette, c'est plutôt mal venu de ma part, aujourd'hui, alors que je n'ai même pas pris la peine de me lisser mes cheveux, à moi. je suis là, avec ma touffe de boucles brunes qui vont dans tous les sens, comme ça leur chante. j'arrive à sa hauteur et m'assieds en tailleur, sur le bord de l'estrade. « comme je sais que je t'ai trop manqué, j'ai décidé de venir te voir, et comme je te connais par cœur, je savais que je te trouverais ici. »