elle est belle, fleur. elle l'a toujours été. elle est trop belle pour que je l'aime. j'ai su dès le moment où je l'ai vu que je la haïrai pour toujours. qu'elle serait cette version améliorée de moi. de ce que j'aurais voulu être. qu'elle aurait toutes ces choses que je n'ai jamais pu avoir. l'amour. la beauté. la douceur. je ne l'envie pas. je la déteste de trop en profiter. de faire partie de cette jeunesse insouciante. de s'abandonner un peu trop et de négliger ce qu'est le véritable pouvoir. contrairement à moi. oui. fleur est limité. elle n'a pas autant d'ambitions que moi. peut être est-ce ma faute ? peut être qu'on l'avait trop gâté avec son père de façon à ce qu'elle prenne tout pour acquis ? je l'ignore. mais en tout cas, fleur aurait dû naître dans une famille de pauvres. elle est trop romantique, trop sensible pour être une bourge. oh oui. derrière ces petits airs de petite étudiante peste, elle a un très grand cœur. un cœur tellement grand qu'il est malade. tellement énorme qu'il s'étend et massacre tout sur son passage. alors elle fume. elle se clope pour l'étouffer, l'éteindre mais elle n'y arrivera pas, fleur.  fleur est comme ça, voyez-vous. son prénom lui colle à la peau. étrangement. fleur empoisonnée. trop pure. trop toxique. trop douce. trop cruelle. trop belle. trop innocente. trop machiavélique. trop. sa mère qui la déteste.

je ne sais pas. elle est différente, fleur. elle a ce quelque chose qui te pousse à la bercer. lui chanter des chansons pour qu'elle s'endorme. passer des heures à la regarder, paisible, douce. fleur, est destructrice. elle aime se détruire. elle aime te détruire. elle te choisit. au hasard. injustement. et décide de faire de toi un pavé dans son genre. elle s'abandonne à toi. à tous tes désirs. toutes tes envies cachées ou enterrées. te fait croire que tu es tout. mais un jour, chute libre. tout s'arrête. et elle disparaît. elle fane comme si elle n'avait jamais existé. elle dit qu'elle ne veut pas qu'on s'attache à elle. qu'elle soit cet amour imaginaire. cette muse qu'on vénère. fleur. ses conquêtes sont tatouées en lettres de sang sur sa peau potelée. elle se souviendra de chacun de leur prénom. mais ça s'arrête là. il n'y a pas d'avenir stable envisageable avec elle. elle ne croit pas au concept de la famille. de l'amour. de la stabilité. elle en dégueule. alors, elle se traite d'éphémère. drogue toxique moyennement dépendante. un amant qui l'a trop aimé.

fleur se fane. lentement. doucement. je l'ai prévenue. mais elle s'obstine à croire que le traitement ne servira à rien. que ces médicaments sont bien trop superficiels pour soigner une création aussi divine et naturelle qu'elle. elle veut vivre très vite, trop vite. et mourir jeune. le sourire aux lèvres. elle est empathique, fleur. elle ne veut pas le faire paraître. elle essaie de te blesser. de te faire du mal pour que tu la détestes. mais ce n'est qu'un voile. au fond, ce n'est qu'une petite fleur qu'on n'a pas su aimer. à qui on a pas susurré des mots doux. à qui on a appris que l'amour n'avait pas de place dans un monde aussi cruel. fleur. a grandi dans une famille où l'argent passe avant tout. où on te renie, on te déshérité pour avoir tout laissé et fait le tour d'Europe avec ton amoureuse. fleur. c'est le noir et le blanc à la fois. c'est le chaud et le froid, combinés merveilleusement bien. c'est le bon et le mal dans leur union. fleur. elle m'apporte mon café sans sucre à chaque visite. elle se souvient de ces détails qui peuvent nous paraître insignifiants. elle te fait sentir important, nécessaire, indispensable même. alors tu souris. tel un imbécile. à chaque fois que tu l'aperçois danser sous la pluie telle une enfant de la nuit. son médecin qui l'adore