 | | (#) Sujet: methadone CAEL & HENDRIX Ven 8 Aoû - 16:54 | |
| Il fait beau et t'as du mal à comprendre, à supporter toute cette lumière. T'as vécu sous les nuages de Glasgow, là où il pleut assez pour noyer les fleurs. Alors plutôt que de fermer les volets, t'as pris tes livres et t'as mis tes chaussures. T'as pris ton âmes et tu l'as emmenée en ballade. Au parc, sous le voile des feuilles, ça parait moins effrayant. Le nez dans les mots et les images des ton livre de sciences, tu te dis que c'est incroyable de pouvoir tout ramener aux atomes, comme si le monde était beaucoup plus simple, formé de quelques éléments. Ça te fais croire que t'es moins loin des gens. Parce que toi, Hendrix, t'as du mal à comprendre leurs sentiments. Tu les vois comme des énigmes, incapable de te sentir comme eux.
T'as la gueule humide tout à coup et tu te relèves la tête, accoté à la cime d'un arbre, pour tomber nez à nez avec un museau canin, chassant tes idées grises d'un second coup de langue. Ça te chatouille, te fait rigoler comme un gamin. Tu lui passe les doigts dans le pelage, derrière les oreilles, comme si t'avais toujours su qu'il aime ça. Il est si doux que t'as envie d'y enfouir ton visage entier, incapable de ce genre de tendresse avec les humains. T'es une race à part, Hendrix, mais les animaux s'en balancent, ils t'aiment tout de même. |
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| | | (#) Sujet: Re: methadone CAEL & HENDRIX Ven 8 Aoû - 20:08 | |
| « Non, Cyrano, j'ai dis non ! Aujourd'hui, on va au parc. T'iras te jeter dans une fontaine un autre jour, c'est tout. Sinon, après, c'est l'autre qui va gueule à l'appart' parce que t'auras tout dégueulasser partout. Allez, on y va ! » Une passante le dévisage. Mais Cael s'en fiche. En fait, il lui sourit, même. Oui, il parle à son chien, et alors ? Ça le rassure. Il se sent comme moins seul, comme ça. Et puis, croyez bien que le husky comprend tout, ce frippon. « Bon attention j'vais te lâcher okay ? Trois, deux, u... » Mais il n'en a même pas le temps. Le chien s'est barré, la laisse derrière-lui comme un asticot gesticulant au vent. Sympa comme image. Ou comme si sa langue s'était allongée par un soudain effet magique. Il passe sa main dans ses cheveux désordonnés. Trop d'imagination, le gosse. Un gosse de vingt-deux ans. Mais dans sa tête, ça fait longtemps que le compteur est resté bloqué à douze, sûrement. Il ne lui court pas après – ça ne sert à rien, il le faisait souvent au début, mais il a remarqué qu'il s'épuisait plus vite que le chien. Alors, il le suit en marchant. Il se déhanche, au son d'une musique qu'il est le seul à entendre, dans sa tête. Pas besoin d'un baladeur MP3 et tout ça pour le Solheim. Lui, il a la musique dans le crâne. Plus forte que n'importe quel vacarme. Plus forte que les sirènes des ambulances, que les klaxons aux carrefours surpeuplés. Que les cris des gamins et que les interventions des parents. Plus forte que n'importe quel démon. Il localise enfin Cyrano. Bien sûr, il est en train de faire ami-ami avec un bipède. Si seulement on était tous aussi social que ces bêtes à poil ! Parfois, Cael l'envie. Il se dirige d'un pas plus pressé vers lui, et l'attrape par le collier. Mais la bestiole ne semble pas franchement d'accord. Alors le norvégien pose ses yeux d'un bleu électrique où se battent ciel et océan dans celui de l'inconnu. « Désolé, il est intenable, il adore se faire de nouveaux amis, j'ai beau lui mettre une laisse, elle n'sert pas à grand chose. Généralement, elle finit pleine de boue ou bien mâchouillée quand il ne trouve aucun bâton pour le faire... Et... » Et il parle trop. Toujours. Souvent. Il se reprend. Lui lance un sourire bancal dont il a le secret. « Il vous embête ? » |
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