Hodoooooor. Lève toi, tu prends toute la place bordel! Siren était toujours comme ça avec lui.  Hodor. Il y avait eu de l’orage la nuit et Siren s’était réfugiée dans la chambre de son frère, comme toujours, mais elle trouvait le moyen de lui crier dessus. Blah, blah, blaaaaah. Il n’avait que sept ans, et sa soeur dix, mais c’était une vraie froussarde.  Du moins, que pour les orages. Parce que elle, elle avait hérité du côté fort de la famille. Les Fjerstad, c’était la mafia norvégienne par excellence. Son père, sa mère, et une bonne demie-douzaine de générations précédentes étaient des pros de la gâchette, de la drogue et des secrets enfouis. Et lui, c’était un peu le vilain petit canard. Ses parents comptaient sur lui, parce qu’ils n’avaient eu que deux enfants, Hodor et Siren, et qu’il était le seul garçon, mais le gosse était comme ça. C’était un marshmallow sur pattes. C’était comme ça. Hodor était gentil et bête, et Siren était froide et calculatrice. Pourtant, elle n’aimait personne aussi fort que lui. Hodor. Et c’étais à elle qu’on avait apprit à tenir,  pour préserver l’innocence du garçon de la famille.


Il marchait sur ses mains. Hodor était toujours là pour faire le pitre. Les copains de son internat se moquaient sans cesse des autres, mais personne ne disait de mal d’Hodor. Il était trop marrant et trop gentil pour ça. Il aimait beaucoup plus faire de conneries que d’être sérieux. Mais c’était pas un trouble fêtes non plus. Les profs le laissaient toujours faire, parce que tout le monde le croyait autiste. Ils pensaient qu’Hodor était juste un idiot du nord, que ses parents avaient déposé dans un internat en Irlande parce qu’ils ne voulaient pas s’occuper de lui. C’était sa première année à l’étranger, il avait onze ans. Siren lui avait fait promettre de ne pas lui écrire, parce que sinon, des chasseurs de prime trouveraient la planque des Fjerstad, mais en vrai, c’est juste qu’elle ne voulait pas souffrir en pensant à lui et à la distance, mais ça, Siren ne lui a jamais avoué. Il tomba sur le dos en perdant l’équilibre, causant le fou rire de tout les garçons de son étage à l’internat. Il souriait, d’un air forcé pour ne as paraître fragile alors qu’il venait de se faire mal. Il ne pouvait pas être honnête à 100%. Tout les garçons qu’il fréquentait avait 13, 14 ans, et il n’en avait que 11, tout ça parce que les seules choses dont il avait hérité en temps que Fjerstad étaient ses cheveux blonds, l’intelligence légendaire qui frôle le génie humain, et ce don de ne pas s’attacher aux autres pour ne pas souffrir. Ils entendirent les surveillants monter, et Hodor se réfugia dans sa chambre. Il s’était déjà fait engueuler plusieurs fois cette semaine, il ne voulait pas être viré et ré-expédié en Norvège.


Son réveil sonnait. Il était 3h. Il regardait autour de lui, pour s’assurer que tout les gars avec qui il partageait sa chambre dormaient. Il n’était pas censé sortir. Il était dans un lycée plus strict maintenant, pour finir sa dernière année. Il enfila un jean et un tee shirt des rolling stones, et une paire de tennis, et saisit son instrument. Il fallait qu’il soit discret. C’était la nuit parfaite. Il n’y avait plus de pluie, la lune était pleine, et l’orage de la journée passée avait laissé le ciel d’une teinte orangée. Il ouvra la fenêtre en silence, et enjamba le bord, en gardant l’instrument contre lui. Dans son ancien établissement, on pouvait aller et venir à sa guise, chacun avait une chambre rien que pour lui, et il y avait parfois des sorties scolaires avec les filles de l’établissement féminin d’à côté. Mais c’était Dublin ça. Maintenant, il était dans une autre ville, dont il n’arrivait pas même à prononcer le nom. Il devait partager sa chambre avec 3 gars un peu cons, et le lycée était mixte, alors on avait pas le droit de sortir de sa chambre en pleine nuit. Il commença a escalader le mur de briques, et se hissa sur le toit. Il avait eu la chance d’avoir une chambre du dernière étage, ce qui voulait dire qu’il pourrait grimper sur le toit autant qu’il voulait. Une fois sur le toit, il saisit son superbe violon, son archer, et se mit à jouer un morceau tout simple, dans la pénombre de la nuit. Il voyait les étoiles au dessus de lui, son ombre dansait au clair de lune, et ses propres pieds ne touchaient plus terre, tant il sautait sur place, et gambadait sur le béton glacé. Quand il s’arrêta, une goute d’eau glacée lui coula le long de la nuque, comme si le ciel le remerciait du concert qu’il lui avait offert. Il redescendit, et ce n’est qu’au moment de rentrer dans sa chambre qu’il vit cette fille à la fenêtre, dans le dortoir d’en face. Il continua ainsi, à monter toutes les nuits alors qu’il venait de souffler ses quinze bougies.

Allez, viens alo! Il tendait la main vers la fenêtre. Il voulait qu’elle vienne aussi, même si elle ne pouvait pas monter aussi aisément que lui. Donne ta bonbonne, je la monte, et après je viens te chercher, d’acc? La demoiselle posa l’énorme réservoir à air dans ses mains, et se moqua de lui quand il essaya de la hisser sur le toit. Il avait attaché une échelle, en corde au toit, pour qu’il puisse faire monter Aloésia aussi simplement que lui. Il rentra dans sa chambre et s’accroupit pour qu’elle monte sur son dos. C’était difficile pour lui, de la porter, mais il le faisait quand même. Le problème de ce lycée, c’est qu’il était victime des moqueries des "mecs populaires", parce qu’il avait l’air bête, qu’il avait 15 ans et était en dernière année, qu’il avait les cheveux blonds chatains, tel un ange, et qu’il était tout petit, maigre et pas musclé. Dès qu’Hodor arriva sur le toit, il se dépêcha de se baisser pour qu’Alo se branche. Elle devait vivre avec une espèce de bonbonne, à cause de sa fibrose kystique. Hodor avait craqué sur elle dès le jour où il l’avait vue. Il aimait ses grands yeux vers, sa longue chevelure brune, et son côté femme forte et fragile. Elle, elle l’avait observé plusieurs fois, quand il grimpait sur le toit. Elle rêvait d’en faire autant, et de nombreuses fois, ils avaient, ensemble, grimpé sur le béton pour jouer ensemble. Elle faisait de la contrebasse, mais comme c’était un trop gros instrument, Hodor avait forcé le local du toit pour cacher le "bébé" de la jeune fille. Il appréciait sa compagnie, elle était douce et gentille. Elle avait quinze ans aussi, mais elle n’était qu’en première année du lycée. Elle était encore plus petite et frêle que lui, et venait de France, même si son père était un italien. Comme souvent. Ils jouèrent du violon, et de la contrebasse au milieu de la nuit. Mais cette nuit, cette nuit là, elle était magique. Après avoir fini leur morceau, Aloésia s’était levée, et avait embrassé Hodor, sur la bouche, comme un vrai couple. C’était poétique que leur premier baiser se fasse la nuit, sous le ciel étoilé. C’était tout aussi beau de dire qu’ils avaient tout deux perdu leur virginité sur ce même toit, quelques semaines plus tard, et même si Hodor trouvait le fait de coucher à cet endroit là particulièrement poétique, il avait surtout eu mal au dos, de s’être endormi sur le béton. Ils étaient plus amoureux que tout, c’était ce genre de couple ou on dit "aaanw" quand on les voit ensemble, parce qu’ils débordent d’amour, de sentiments à la guimauve et de sucre. Sauf qu’il était en terminale. L’année était presque finie, il allait être diplômé, et allait devoir quitter le lycée. Siren lui avait promit qu’elle viendrait le chercher dès qu’elle pourrait pour qu’ils aillent ensemble dans une bonne université, et même si Hodor faisait tout pour reculer les adieux entre Alo et lui, c’était inévitable. Il ne savait même pas encore dans quelle université lui et Siren iraient. Elle lui avait parlé d’Oxford en Angleterre. De Harvard, Yale, Princeton et Brown au USA. De L’université privée d’Oslo. Mais elle n’avait pas encore décidé. Mais, il tait capable de kidnapper Aloésia pour la forcer à aller avec lui au loin. Mais elle ne lui en a pas laissé le temps. Elle est partie très loin, plus vite qu’elle ne l’aurait voulu, et n’a laissé pour adieu à Hodor que la nuit de juin qu’ils avaient passé sur le toit du dortoir des garçon. Un souvenir amer et trompeur, qu’il admirait pour la beauté de la nuit, et haïssait à cause de la douleur de l’avoir perdue. Un mois plus tard, Siren l’avait emmenée avec elle, dans l’Ohio, un  coin paumé des États-Unis.



Hodor était probablement devenu le norvégien le plus américain au monde. Le plus drôle, c’est qu’il était norvégien, il vivait en Amérique, et pourtant il parlait avec un accent Irlandais absolument abominable. Hodor, c’était un peu un alien pour les gens, mais bizarrement, il se sentait bien intégré dans l’Ohio. Parce qu’il y avait des mecs comme lui, des weridos pour le comprendre, et ça lui donnait envie de sourire comme un idiot pour rien. avec des notes aussi élevées qu’il avait, il était rentré dans l’université plus facilement qu’on rentre dans un moulin, et avait décidé qu’il étudierai les arts, parce que. L’Ohio était définitivement l’état des paumés, des weirdos, et des losers, mais Hodor aimait ça. Il aimait le fait d’être avec Siren, et il aimait son nouveau meilleur ami. Un mec chelou, River, qui changeait la couleur de ses cheveux quasiment tout les mois, et disait pareil qu’Hodor au même moment. Hodor se sentait comme à la maison, pourtant il n’en avait jamais été aussi loin. Mais tant qu’il y avait Siren, il s’en foutait. Il avait sa soeur.