Il ne faut pas longtemps pour que tu traverses le campus pour rejoindre Columbus. Dix minutes, grand maximum. Tu connais bien le chemin, alors tu te diriges vers les rives du fleuve. T’es au moins sûr qu’on ne viendra pas vous emmerder ici. Avec souplesse, tu passes entre deux bancs et tu grimpes sur la pelouse si parfaitement tendue. Ta moto y laisse une empreinte indélébile, presque de façon désinvolte. C’est interdit. Au diable, les règles. A cette heure-là, les flics sont occupés à chercher des traces de produit illicite dans le sang des fêtards. Il y aucun risque pour que tu te fasses choper. Du moins, tu le crois. Tu t’arrêtes prêt d’un arbre et t’éteins le moteur de ta bécane. Tu laisses Siam descendre la première. Tu l’observes une demi-seconde. Elle a les joues encore rougies par la vitesse et ses cheveux aussi blonds que les blés sont emmêlés. " On devrait être tranquille ici. " souffles-tu en restant sur ta moto. Tu ne peux pas le nier, ça lui donne un certain charme qui ne te laisse pas indifférent. Tu pourrais lui soupirer de reprendre votre petit jeu, mais tu meurs d’envie d’autre chose. Ce petit truc qui finira de te calmer complètement. Ta main se glisse dans la poche de ton jean et en sort un joint. Le pauvre, il a pris cher. Il est imparfait, comme toi. " Tu veux ? " Tu l’glisses entre tes lèvres – t’as l’impression que celle inférieure est enflée – et tu l’allumes aussitôt. Tu tires une longue latte dessus, avant de souffler la fumée en direction de Siam. Provoquant.

La moto avance rapidement, tu profites de cette sensation d'adrénaline qui monte dans ton sang. Tes cheveux s'emmêlent à cause du vent et tu te décolles un peu de Blel pour avoir plus de sensations. Très vite, vous quittez le domaine universitaire et la moto s'enfonce dans les rues de la ville. Tu n'as aucune idée d'où ton chauffeur t'emmène, mais peu importe, t'es certaine que ça sera un endroit que tu vas apprécier. Puis la moto ralentit et tu observes les environs. Vous êtes sur les berges du fleuve, un endroit tranquille à cette heure de la nuit. Blel finit par s'arrêter sur un coin de pelouse et tu mets pied à terre. Tu baisses un peu ta robe qui s'était remontée pendant que tu étais assise et tu remets tes cheveux en place. Blel sort un joint de sa poche, tu l'observes parce que toi aussi t'en a envie. Bien vite la fumée se rapproche de ton visage et tu captes une lueur de provocation dans le regard du tatoué. Fait pas trop le malin. T'aurais préféré une bonne bouteille d'alcool, mais tu ne vas pas dire non à un joint. Alors tu tends ta main en direction de Blel pour qu'il te le passe, ton regard plongé dans celui du motard.

Fait pas trop le malin qu'elle te dit. Tu rigoles bêtement parce que tu sais que tu n'en feras rien. T'aimes bien provoquer les gens. T'adores voir dans les yeux la flamme de la rage, la chaleur du jeu. Tu provoques parce que c'est ta manière à toi de flirter, d'attirer les regards féminins sur toi. T'es pas très doué pour le faire autrement. A dire vrai, t'as jamais appris à être posé, tranquille. A faire preuve de simplicité. Ta vie est compliqué, alors tu l'es tout autant. Un poil trop peut-être. T'es un volcan dont les flammes s'envolent perpétuellement. Tu ne t’éteins jamais. Et Siam... Siam, c'est elle que tu veux provoquer ce soir. C'est elle qui souffle sur le brasier pour le rendre plus incandescent encore. " Sinon quoi ? " Un sourire se dessine au coin de tes lèvres. " Tu vas me frapper aussi ? " Ouais, tu trouves ta remarque assez drôle tandis que les souvenirs de vos derniers ébats frappent aussitôt tes pensées. Tu prends une dernier taffe sur ton joint et tu le tends à Siam, en fixant ses pupilles qui t'appellent aux vices. Avant de te raviser. Tu joues. T'as le regard brûlant et d'un geste du doigt, tu lui fais signe de s'approcher plus prêt. " Viens le chercher si tu l'veux. " lâches-tu, sans la lâcher des yeux. Bah ouais, tu vas pas tout lui faire non plus.

Il joue avec toi comme toi tu joues avec lui. Tu vois cette lueur qui pétille dans son regard et ça te rend tout autant malicieuse. Tu as toujours eu ce côté joueur, sauf que souvent tu dépasses les limites et ça emmerde plus les gens qu'autres choses, t'as pas de limites, tu fais ce qu'il te plait, c'tout. Fais gaffe, tu pourrais être surpris. Tu rigoles, parce que ce n'est pas avec ta force de mouche que tu risques de faire grand chose. Non franchement, j'sais pas ce qu'il lui est passé par la tête à l'autre. Pendant un instant ton sourire diminue, faut dire que la réaction de Warren te rend nerveuse et à la fois en colère, c'est trop de questions qui se bousculent dans ta tête. Encore une fois, Blel te provoque et toi tu tombes tout droit dans son jeu. Sans hésiter une seconde tu t'approches de lui. Et maintenant ? L'une de tes mains se pose sur sa cuisse et ton regard soutien le sien, amusée.

" J'aime être surpris. " La routine, tu l'évites au possible. Tu as bien trop eu l'habitude d'avoir un quotidien mouvementé pour te satisfaire d'une tel vie. " Bah tu sais quand t'es jaloux, t'es souvent très con. " ajoutes-tu. Il y a sûrement bien plus que ça, mais tu veux pas t'en mêler. Tu veux pas qu'on creuse dans ta vie, alors tu cherches pas à savoir les problèmes des autres, non plus. T'es pas psy, ni même une oreille attentive. T'es même un ami assez pathétique. T'oublies souvent les anniversaires. T'arrives toujours quinze minute en retard. Et tu prends même pas la peine de donner des nouvelles quand tu t'éloignes d'eux pour aller squatter avec d'autres têtes. Parce que t'es comme ça. T'es égoïste, tu penses qu'à ta gueule avant de penser aux autres. C'est peut-être pour ça que t'es tout seul, d'ailleurs, et que tu t'en portes pas plus mal. " Ca lui passera. " Sûrement, oui. Puis, Siam s'approche, elle hésite pas à le faire. Tu sens sa main se poser sur ta cuisse et ça fait repartir aussitôt ta mécanique. Tu pourrais jouer encore un peu, mais t'as pas la patience pour. Alors, tu l'attires un peu plus entre tes jambes. Tu l'emprisonnes pour ne plus la voir partir. Tu détestes quand les filles s'échappent, Siam ne fait pas exception. " Et maintenant ? " répètes-tu, bien plus fiévreux que joueur, alors que ta main droite descend sur son dos, explore cette courbure que tu connais que trop bien.

Ça lui passera, ouais, tu l'espères profondément. Parce que t'as aucune envie de t'investir de ce genre de relation. Toi t'es libre, t'apprécies de n'appartenir à personne et ça ne risque pas de changer avant longtemps. Tu te retrouves prisonnière entre les jambes de Blel mais le jeu en vaut carrément la peine. Ta main qui était posée sur sa cuisse remonte vers son torse et glisse sous sa chemise, tu caresses sa peau recouverte de peinture, du bout des doigts. Tu sens la chaleur montée dans ton corps, tu sens cette sensation si douce t'envahir. Un frisson s'empare de toi lorsque tu sens la main de Blel sur le bas de ton dos. Docilement, tu approches ton visage du siens, tes lèvres effleurent les siennes, vos respirations se mélangent. Pendant un instant tu serais prête à l'embrasser, à goûter à cette peau que t'aime tant, mais ce serait dévier de ton principal but. Tu profites que Blel soit hypnotiser par l'effet que tu lui procures pour lui prendre le joint des mains. Un sourire victorieux sur les lèvres, tu portes le cône à tes lèvres et tu tires dessus. La fumée s'échappe de ta bouche, et pendant quelques secondes tu fermes les yeux, tu savoures ce moment, cette sensation de bien être qui s'empare de toi.Tu comptes rester perché sur ta moto toute la nuit ? T'as aucune idée de l'heure, t'as même pas pris ton téléphone, mais t'es certaine qu'il n'est pas si tard que ça. Peut-être deux ou trois heures du matin, pas plus. Et de toute façon tu t'en fou un peu, t'as plus de couvre feu depuis bien longtemps.

Elle brûle ta peau de sa caresse. Elle rend fébrile les battements de ton coeur qui s’accélère à la seconde où ses doigts entrent en contact avec ta chair nu. Il y a quelque chose chez Siam qui te rend dingue, sans trop savoir quoi exactement. Tu ne veux pas mettre de nom sur cette passion, sur cette chaleur, qui t'enivre. Parce qu'elle perdrait alors son intérêt. Toi, t'aimes pas quand les choses sont dites, quand elles deviennent simples, plus réelle. Ses lèvres s'approchent. Tu sens sa respiration chaude . Le temps s'arrête. Le monde se suspend. La terre ne tourne plus très rond. Tu attends que sa bouche s'empare de la tienne, mais Siam n'est pas de cette avis. Frustré, tu soupires. Tu aimes jouer, mais t'aimes pas qu'on fasse l'inverse avec toi. Elle s'échappe pour aller fumer la fin du joint. " P't'être bien, ouais. " Tu déments aussitôt tes paroles, en te levant de ton trône. Tu t'approches de Siam. Félin aux aguets. Tu refuses que ce soit elle qui dicte le code de conduite, la ligne directrice. Tu veux pas lui laisser l'occasion de diriger l'échange, quand bien même tu sais qu'elle est aussi dominatrice que toi. " Tu préfères.. " Tu la pousses violemment en arrière et son dos vient cogner contre le banc qui se trouve derrière vous. T'es pas fin, tu l'as jamais été et tu ne le seras - sans doute - jamais. A la tendresse, tu préfères la rudesse. Tu cherches la violence dans tes corps à corps, là où la plupart s'extasie de romantisme. Sans lui laisser le temps de réagir, ta main se glisse dans sa nuque et tu attires son visage contre le tien. " .. ça ? " T'attrapes ses lèvres dans un baiser hargneux. Ce même baiser qui transpire de fureur. Ce même baiser que tu n'offres qu'à elle. Ce même baiser qui t'fait oublier que bon dieu, le warren, il aurait mieux valu qu'il te casse le nez plutôt qu'il te fende la lèvre.

La fumée emplie rapidement tes poumons, te volant au passage quelques neurones. Le lion semble enfin vouloir quitter son trône alors tu tires une dernière fois sur le joint avant de le jeter au sol. Blel s'avance vers toi, tel un dominant sur sa proie et un sourire étire tes lèvres. Il te pousse, un peu trop fort, et ton dos vient se heurter à un banc. Une fille normale aurait surement pris ses jambes à son cou, une fille normale n'aurait même pas ce genre de relation. Faut croire que toi t'es pas normale, et t'es surement plus courageuse que la moyenne, ou juste plus salope, tu sais pas trop. Parce que ce que tu préfères dans tes relations intimes c'est quand il y a d'la violence, quand les corps se déchaînent sans aucune limite. T'as même pas le temps de respirer que Blel t'embrasse, un baiser sauvage qui fait soudainement monter la température de ton corps. Tes mains se crispent dans sa chemise, tu l'attires contre toi, lui rendant ce qu'il vient de te donner. Tu t'accroches à ses lèvres comme si ta vie en dépendait, tu t'accroches à ses lèvres d'une façon que tu ne fais qu'avec lui. Tu n'as qu'une envie c'est de rattraper ce que vous aviez commencé à la soirée, de sentir ses mains se promener sur tout ton corps, de le sentir en toi. Ta main se pose sur sa ceinture, d'un geste presque parfait tu commences à la défaire, avant de t'attaquer au bouton de son jean. Tout ça sans lâcher ses lèvres, parce que parfois t'as l'impression qu'il pourrait te filer entre les doigts, disparaître du jour au lendemain et ça, t'en a pas du tout envie.

Siam ne perd pas de temps. Elle est déjà là, à s'attaquer à ton jean, comme si il était de trop. Son empressement soudain t'embrase de plus bel et tes baisers se font plus insistant. Vos lèvres s’acharnent, sondant les abysses de l'envie. Oui, vous allez baiser ici à même le banc. Sans aucune limite. Sans aucune barrière. Dans l'instant, tu réfléchis pas. Mais as-tu déjà réfléchis une fois dans ta vie ? Certainement bien que non. T'écoutes ce petit diable qui est sur ton épaule et qui te dit de faire comme tu le veux, quand tu le veux. Alors si t'as envie de baiser Siam sur un banc en pleine nuit à la vue du moindre passant, tu vas pas te gêner. Et tu sais bien que c'est la même chose pour elle. Siam, c'est pas une sainte. C'est pas un ange, une fille fleur bleue qui croit encore au prince charmant et à son cheval blanc. Les réputations vont vite sur le campus. Ça te gêne pas de savoir qu'elle couche avec d'autre, tu fais pareil de ton côté. Une salope. Un salaud. Oui voilà, vous êtes deux âmes jumelles qui se consument comme des allumettes dès qu'elles sont ensembles. Tes lèvres descendent alors dans son cou. Tu mords chaque parcelle de sa peau, tu imprimes ta marque, ton audace et ton envie dans sa chair, comme si ce soir, elle n'appartenait qu'à toi. Ton envie grimpe autant que la chaleur ambiante. Tel des chevaux lancés aux galop, tu te perds dans une danse qui s'annonce volcanique. Ton pouls s'emballe. Sans faire preuve de subtilité, tes doigts s’entrelacent aux siens et tu fais glisser d'abord sa main jusqu'à l'élastique de ton boxer. Et puis, plus bas. Encore, plus bas. Tu la réclames, elle et ses doigts, elle et ses caresses et tu le lui fais comprendre. Il n'y a pas de fausse pudeur chez toi. Pourquoi t'en aurais ? Vous avez depuis longtemps arrêté d'avoir peur, de craindre les autres et les regards, vos besoins primaires. Quelqu'un peu bien venir se perdre dans les parages, tu n'y feras pas attention. On t'a arrêté une fois, pas deux. Il est - de toute façon - trop tard pour ça. Tu es loin. La réalité n'est plus qu'un fantasme quand t'as le corps qui veut plus. Et puis, tandis que ta langue trace sa route sur le cou de ta belle, tu remontes sa robe au-dessus de ses hanches. T'es bien chanceux, au fond. Parce qu'au final, ce bout de tissu si sexy, c'est bien pratique pour baiser dans l'urgence.

Ton corps bouillonne, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur. Ta langue se fraye un chemin jusqu'à celle de Blel, et tu n'hésites pas à aller la titiller tandis que tes caresses se font plus insistantes. Tu ne sens même pas la fraîcheur de la nuit, t'as l'impression d'être dans un désert, un désert où tout s'enflamme en un rien de temps. Et toi t'as la sensation que tu vas fondre sur place, car à chaque baiser que Blel dépose sur ta peau, c'est comme une éruption. Ta main glisse dans son caleçon sous l'ordre du lion, faut toujours qu'il est le contrôle et ça te fou parfois la rage, parce que t'es aussi un peu comme ça. Tes doigts s'attardent sur sa virilité puis tu la prends entièrement dans ta main, lui donnant un peu plus de plaisir. Tu sans ta robe remonter sur tes hanches, te voilà le cul à l'air dans un parc, t'as connu mieux quand même. Tu laisses l'homme ôter le bout de ficelle qui te sert te string, et tu te redresses, de façon à ce que tu te retrouves presque assise sur le dossier du banc. Un soupir de désir s'échappe d'entre tes lèvres tandis que tu baisses son caleçon. Tes lèvres viennent une énième fois chercher les siennes, les siennes que tu connais à présent par cœur.

Tu vas exploser. T'as beau avoir déjà couché avec Siam, l’habilité de ses doigts te surprend toujours. Elle s'attarde et tu lâches un soupir rauque qui ne fait qu'accentuer davantage ton envie. Tu veux la prendre, là maintenant, tout de suite. Tu veux pas t'attarder en préliminaire, ni même prendre le temps d'être dans une position plus confortable. Tu sens l'empressement monter en toi et le sang affluer dans tes veines. Oh oui, tu vas exploser si tu ne le fais pas maintenant. Tu lui ôtes le maigre bout de tissu qui te sépare de l'endroit interdit tandis que tu te retrouves avec ton jean et ton boxer aux genoux. Vous avez l'air d'être de parfait pervers. Des putains de libertins. Mais c'est fun d'être aussi con. Elle t'embrasse et tu le lui rends autant que tu le peux. En toi, c'est la tempête solaire. Des arcs électriques viennent courir le long de ta peau et tu t'approches. T'empoignes son fessier, tu l'emprisonnes entre tes mains fermes. Vos baisers deviennent plus langoureux. Vos respirations font écho dans la nuit. Tu crèves d'envie. Et puis, tu t’éloignes de sa bouche. Le manque se fait aussitôt sentir. Une absence que t'as envie de combler maintenant. Pourtant au lieu de ça, tes yeux cherchent les siens. T'aimes être spectateur des cris que tu veux lui arracher. Et que tu vas lui arracher. Alors sèchement, tu la prends. D'un geste brusque, tu arrêtes d'être unique et tu ne forme plus qu'une seule ombre avec elle. Elle se cambre un peu plus et t'en profite pour fixer ses lèvres où s’échappent des gémissements, qui te font perdre totalement pied. Tu erres librement. Sans protection. Sans filet. Vous êtes un peu de cons de risquer autant pour juste un coup. Mais t'y penses pas, t'y pense jamais. Tu vis l'instant, sans te soucier de demain. Sa main se pose sur ton épaule, ses ongles rentrent dans ta peau tatouée.  Elle s'accroche et tu l'assailles dans un rythme lent, peut-être trop intense aussi. Tu ne mesures pas la cadence. Il n'y a plus que toi et elle. Il n'y a plus que vous. Rien d'autre ne compte.

Ton regard se plonge dans celui de Blel tandis qu'il entre en toi. Tes pupilles luisent de plaisir et ta bouche ne peut retenir un gémissement. Vous ne formez plus qu'une et unique personne, deux âmes qui ont étés venu au diable depuis bien longtemps. Tu es suspendu à son corps, tes ongles s'enfoncent dans sa peau sans aucune retenu. Ta tête bascule en arrière sous l'affrontement du désir, pendant un instant t'as l'impression de voir des étoiles, des centaines d'étoiles qui sont prêtes à exploser, tout comme toi. Les coups de reins de Blel se font plus insistants, plus profonds. Pendant un instant tu captures ses lèvres entre les tiennes puis ton visage se niche au creux de son cou. Tu ne retiens plus tes gémissements, tu te fous que quelqu'un t'entende. La seule chose qui compte, ce sont vos deux corps qui s'emboîtent parfaitement, comme s'ils étaient faits rien que pour ça. Tu attrapes sa peau tatouée entre tes dents, féline. Tu te redresses, ton visage est en face du siens pendant un instant qui ne dure pas. Ton corps se cambre de plaisir des cris s'échappent d'entre tes lèvres, tes cuisses se resserrent autour des hanches de Blel. Ta main se crispe un peu plus sur son épaule tandis que tu manques de respirer.

Elle te mord. T’en redemande, avare de ses morsures qui bousillent ta peau après vos ébats. Tu comptes plus les marques, les empreintes de dents et d’ongles qu’elle laisse s’envoler à chaque fois. Ses gémissements t’incitent davantage, elle ne se retient plus. Tu te fais alors plus profond, plus intense, plus démon. Tu te fais plus sauvage que tu ne l’es déjà. Son corps te donne des ailes d’ange déchu. Un malin qui a le goût du vice dans la bouche. Tous les vices. Chacun de ses sursauts te guident vers le paradis artificiel. La respiration haletante, ton visage s’approche de celui de Siam. Ton front brûlant d’une sueur salée se colle contre le sien. Tu ne perds pas ton ardeur. Et puis, tu mords sa lèvre. Tu la mords si brutalement que tu sens le goût si spécial du sang se déposer sur ta langue. Ça devrait te faire peur. Ouais, ça devrait. Qui aime autant faire mal pour éprouver du plaisir ? Sûrement que les fous. Ou peut-être seulement les gens qui cherchent à vivre pour mieux mourir. Tu dérapes sur une pente dangereuse, trop glissante pour que tu n’y laisses pas tes plumes. Tu dérapes et tu sais pas si tu vas tomber dans le gouffre ou rester sur la terre ferme. Tu sais pas si Siam te retiendra ou si, elle quittera le navire, apeurée. Tu crois que non. Tu crois, oui, parce que t’y pense pas vraiment. T’es sur une autoroute, sans radar. Tu files à toute allure. Quelque chose se déverrouille en toi, tu sens que ça monte, que le plaisir vient comme une déferlante. Un raz de marée. Tes doigts remontent jusqu’à sa nuque, s’emmêlent entre ses cheveux blonds. Bâtard que tu es, tu tires sa tête un peu en arrière, et c’est son menton que tu piques avec tes dents. Il n’y aucune demi-mesure chez les démons. Aucunes.

Le lion te rend tes morsures, sans aucune retenue. C'est ce que t'aime chez lui, il ne se pose aucune limite, jamais. Tu ne peux réprimer un gémissement lorsqu'il plante ses canines dans ta lèvre, un gémissement de douleur et de désir en même temps. Tes ongles s'enfoncent de plus belle dans sa peau, t'es presque certaine de lui faire une cicatrice, après tout tu ne lui rends que la monnaie de sa pièce. Ton corps n'en peu plus de désir, c'est tout ton être qui vole en éclats, qui s'éparpillent, se brisant en des milliers de petits morceaux. Blel à ce pouvoir, celui de faire chanter ton corps, de t'emmener jusqu'aux étoiles et c'est quelque chose que lui seul sait t'offrir. Tes jambes ont de plus en plus de mal à te porter, alors tu t'accroches au corps de l'homme comme tu le peux. Le désir qui monte en toi t'empêche de penser à rien d'autre qu'a la sensation des lèvres de Blel sur ta peau. Et a chaque fois, c'est comme des décharges électriques, c'est enivrant, violent et t'adore ça. Tu ne retiens plus tes gémissements, ni tes cris qui montent jusqu'au ciel. Et tandis que tu viens chercher les lèvres de celui qui est la source de ton plaisir, tu sens ton corps défaillir, encore une fois.

Et puis, c’est le tonnerre qui gronde. Le sol sous tes pieds devient instable, comme des sables mouvants. Tes muscles se raidissent. Ton cœur vrille. T’as l’impression que Siam est aussi au bout. Il y a sa poitrine qui se soulève trop vite. Il y a ses cuisses qui se serrent. Il y a ses cris qui n’en finissent plus. Enfin, ton plaisir propre explose et ta réalité s’arrête. Elle se suspend à ce moment où tes sens perdent le nord, s’affolent. Des boussoles détraquées qui ne savent plus où aller. Tu sombres dans le cosmos. Loin de tout. Un long soupir s’échappe de tes lèvres. Tu fends en deux le silence de la nuit, tandis que la cadence de tes assauts ralentit. A bout de souffle, le corps chaud et humide, tu reprends tes esprits. Tu trembles légèrement, tu ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être le contre coup du chaud-froid. Peu démonstratif, tu ne déposes aucun baiser sur les lèvres de Siam. Tu te contentes de la regarder, le sourire aux lèvres, les yeux brillants. " On devrait faire ça plus souvent.. " souffles-tu, en reprenant ton souffle. Tes doigts lâchent la nuque de ta partenaire et viennent effleurer sa bouche. Par ça, tu n’entends pas baiser parce que vous le faites régulièrement. Mais plutôt, ça, dans l’urgence, sur un coup de tête. Comme des chiens en chaleur. " Tes cuisses m’avaient manqué.. " Tu te permets. Après tout, elle ne se choque pas pour rien.

Blel te regarde avec des yeux brillants, tandis que ton corps semble enfin se décontracter, c'est le calme après la tempête. Tu n'as aucunement besoin d'approuver sa remarque, il sait déjà ce que tu penses, il sait déjà que tu penses comme lui. Au lieu d'une réponse tu te contentes de sourire en coin, puis tu passes une main dans tes cheveux blonds comme les blés. Mes cuisses, rien que ça ? Tu le taquines, tu sais qu'il n'y a rien entre vous, rien sauf vos parties de jambes en l'air, du sexe et rien d'autre. Tes doigts glissent le long de tes jambes et tu remontes ton string avant de remettre ta robe bien en place. T'en peux plus d'être coincé entre Blel et le banc, alors tu t'extirpes de ta cage. Tu sais que Blel n'appréciera pas que tu restes collé à lui, les câlins après la baise ce n'est pas son truc, et pas vraiment le tien non plus, du moins tout dépend avec qui. Tu retires tes escarpins qui te bousillent les pieds puis tu te tournes vers Blel. T'as une clope ? Ce n'est pas dans cette mini-robe que t'aurais pu cacher un paquet de cigarettes, et puis fumer après une bonne baise, il n'y a rien de mieux.

" Rien qu’ça, ouais. " reprends-tu, amusé. Elle se rhabille en tout hâte. Tu fais de même, sans parler davantage. Vous ne vous attardez pas, ni ne prenez le temps. A quoi bon ? C’est terminé aussi vite que ça a commencé et ça te gêne pas vraiment. Au contraire. Moins tu t'attardes, mieux tu te portes. Lubrique, tu la regardes s’éloigner du banc. Elle a bien appris sa leçon. Pas d’effusion d’amour après des coups de reins. Pas avec toi. " Ouais, attends " Tu attrapes ton paquet de clope dans la poche arrière de ton jean. Tu l’ouvres, t’en prend une dans ton bec et tu tends le paquet à Siam. D’habitude, t’es égoïste, tu ne partages pas. Même tes cigarettes. Mais là, tu es d’humeur à le faire. Quelle en profite. Puis t’allumes ta clope. " Tu comptes rentrer à la villa après ou pas ? " Ta nuit à toi n’est pas finie. Siam n’a été qu’une parenthèse dans les heures noires. Quelques minutes. Quelques bribes d’une nuit de dévergondé. Tu vas surement aller rejoindre tes potes et te bourrer la gueule jusqu’à plus pouvoir tenir debout. Tu vas surement rentrer au petit matin. Tu vas surtout continuer à te détruire comme tu le fais si bien chaque nuit. Ce que fera Siam ensuite, t’importe peu. La connaissant, elle ira rejoindre d’autres draps pour mieux s’faire sauter.

Ne rien laisser paraître, surtout pas ton envie d'aller poser tes lèvres dans son cou. Alors tu te contentes d'un léger sourire, après tout t'es juste un trou pour lui. Et lui n'est qu'un de tes jouets, ton jouet favori. Tu prends la cigarette qu'il te tend et tu la coinces entre tes lèvres avant de l'allumer. Tu tires plusieurs fois dessus avant de poser tes yeux sur lui, puis de lui répondre. Non, j'pense pas. Tu n'sais pas trop où aller, tu ne sais pas trop dans quels bras tu vas tomber ni dans quel lit tu vas finir ta nuit. Alors tu réfléchis vite fais avec ta cervelle de blonde et tu te rappelles d'une conversation que t'as eut avec une gamma qui parlait d'une soirée dans le coin. Tu renfiles tes escarpins et tu t'éloignes sans un mot, de toute façon t'as rien à dire. Tu entends Blel qui démarre sa moto, le bruit du moteur rompt un instant la tranquillité du coin, puis le silence de la nuit reprend le dessus. Et toi t'accélères le pas parce que t'as envie de boire, mais surtout t'as envie de te réchauffer dans les bras d'un inconnu.