J'étais en retard. Comme pratiquement tous les matins, je courais aussi rapidement que possible en espérant que mes deux pieds gauches ne s’emmêlent pas. Pour une fois, je ne décuvais pas de ma cuite de la veille et je n'avais pas fumé de pétard le matin même. J'en étais stressée. Les mains tremblantes, j'étais totalement en manque. Je faisais de mon mieux pour combattre mes vieux démons sans que cela ne se lise sur mon visage. Et, au moment où je tends la main pour ouvrir la porte d'entrée du hall de l'université je me prends littéralement un mur de sentiment. Matthew Skidden. L'homme que j'avais lâchement abandonné pour ma dose de drogue quotidienne. Et il fallait dire maintenant que je m'en mordais les doigts.
Je me retrouvais sur les fesses, les quatre fers en l'air, devant mon ex-petit-ami. À voir le regard qu'il me jetait, il avait l'air furieux de me trouver là. Je remarquais aussi son t-shirt maculé de café par ma faute. D'ailleurs, il y en avait aussi sur mes vêtements. Quelque chose me disait que j'allais arriver en retard à mon cours d'histoire de l'art. Je me relevais pour le faire face, il me dominait toujours d'une tête. " Matthew, je suis désolée. " Pour le t-shirt ? Pour nous ? Pour mes erreurs ? J’ouvris la bouche puis la refermais sans rien rajouter. J'étais nerveuse et je regrettais vraiment de ne pas avoir fumé mon pétard matinal pour être plus détendu. Le regarder dans les yeux m'était douloureux, pourtant, je n'arrivais pas à détourner le regard. Il était furieux contre moi. Pour ce que je lui avais fait. Pour nous. Pour son t-shirt que je venais de bousiller avec son propre café.

Chose assez rare venant de moi, j'étais en retard. La soirée de la veille avant sûrement du émietter mes capacités à assurer au réveil, me plongeant alors dans une inhabituelle rapidité. Sautant de mon lit rapidement, j'avais couru jusqu'à la salle de bain, prenant la plus rapide douche de l'histoire et sortant de la pièce encore humide. Enfilant le premier tee-shirt et le premier jean que je trouvais dans le placard, j'attrapais mes clés et filais vers l'université. Arrivant sur place, je redescendais en pression, m'accordant un peu de temps pour aller me chercher un café, saluant quelques connaissances au passage. Mon café en main, je poussais la porte du hall avant de percuter quelqu'un. « Non mais t'es ... » commençais-je en levant les yeux sur la personne qui était en face de moi, enfin, étalée devant moi, puis en regardant plus profondément je la reconnu. Arizona. Mon regard d'habitude si bleu prit une couleur nouvelle, emplie de haine. Je serrais ma mâchoire, maîtrisant mes envies de meurtres soudaines. Pendant toutes ces années, j'avais ruminé ce que je comptais lui balancer en pleine tête si un jour je la croisais, si elle avait le malheur de se trouver sur mon chemin. Et aujourd'hui, elle était là, allongé par terre, devant moi. A chacun de ses mouvements, mon regard se durcissait, lançant des milliers de lames tranchantes à la secondes. Lorsqu'elle fut debout, je la regardais de haut, profitant de ma taille mais aussi de la colère que j'avais en moi. " Matthew, je suis désolée. " déclara-t-elle nerveusement. Pardon? C'était sa seule justification ? Elle était désolée ? Fallait vraiment être idiote pour croire que ces quatre mots allaient effacer tout ce qu'elle m'avait fait, me laissant plus bas que terre. Mon regard était rempli de haine pour elle et les muscles de ma mâchoire étaient tellement contractés que l'on aurait pu croire qu'ils étaient soudés. L'atmosphère du hall était électrique et je vins finalement briser le silence, lâchant amèrement dans l'air « Si t'es désolée, pourquoi t'es encore au milieu ? ». Ma voix était froide, impassible. Mes yeux meurtriers. Quittant son regard un instant, je le portais sur mon tee-shirt, désormais immaculé de café. Elle était vraiment douée pour tout gâcher, à croire que c'était une matière dans laquelle est excellait. Ses yeux étaient plongés dans les miens, et malgré le côté de moi qui se voulait dur, qui était remplit de rancœur, mon cœur était serré de la revoir. Elle avait été mon tout, mes projets, mes envies. Et elle avait tout gâcher pour sa drogue, et son dealeur qui me dégouttait autant qu'elle.

Désormais, j'm'en voulais à mort. Je regrettais ce que je lui avais fait. J'avais vécu une relation amoureuse (même si je n'avais jamais osé me l'avouer) avec un jeune homme gentil doté du corps d'Apollon. Je l'avais lâchement trompé avec un type qui ne m'attirait en rien et les excuses que je lui avais données étaient faibles. Je lui avais brisé le coeur, alors qu'il me faisait confiance. Et en plus de cela, je lui avais menti (en partie). Au fond, il ne savait rien de ce qui m'était passé par la tête à ce moment-là. Il n'avait aucune idée à quel point je pouvais être atteinte et brisée. Ce mec avait fait de moi une fille plus calme et douce. La drogue passer au second plan tellement je me sentais bien avec lui. Et puis il est partie en voyage et je me suis retrouvée seule avec mes vieux démons, ça a été tout de suite plus difficile de lutter face à la drogue et même s'il en valait la peine, j'étais accro et il n'était pas là pour calmer mes ardeurs. Alors je m'étais laissé tenter. Je l'avais trompé et ça s'était arrêté et s'était seulement à ce moment précis que j'avais compris ce que c'était d'avoir des sentiments.
Je m'écartais de son passage sans quitter son regard furieux. Je tendais ma main droite devant lui comme pour lui faire signe de passer pour que je puisse en faire autant à mon tour. Mais à ma grande surprise, il ne le fit pas aussitôt alors j'en profitais. " Tu ne sais rien Matthew ... " dis-je dans un souffle. Je baissais enfin mon regard sur son t-shirt avant d'ajouter. " N’hésite pas à me le donner si tu veux que je t'enlève les taches. " Je ne disais pas un mot. Attendant qu'il daigne bouger de l'entrée de l'université. C'est à ce moment qu'un homme arriva derrière lui. " Bon tu bouges ! " dit-il à l'attention de Matthew.

La café que je m'étais commandé n'avais pas eu le temps de faire effet sur moi. En effet, il était désormais totalement renversé sur mon tee-shirt, ainsi que sur le sol, entre ses pieds et les miens. Alors qu'elle avait à peine ouvert la bouche, lâchant de brèves et vaines excuses qui ne me touchaient guère, j'avais froidement fait claquer ma voix dans l'air sec du hall. Après cette phrase, les muscles de ma mâchoire se soudèrent de nouveau, masquant bien mal la colère qui montait en moi. Cependant, mes paroles eurent pour effet que la jeune femme se pousse du milieu, et sans me quitter des yeux, me fasse signe de passer. Comment était-elle encore capable de me fixer ainsi? Après tout ce qu'elle m'avait fait, elle osait plonger ses pupilles dans les miennes? Je lâchais un rire nerveux, mais je ne bougeais pas, totalement paralysé. Je voulais partir, la laissant là, comme une pauvre fille, comme la pauvre fille qui me dégoûtait, mais au fond de moi, je voulais des explications. Qu'avais-je fait pour mériter ça? J'avais toujours été au petit soin avec elle, l'aidant et la sortant même de la drogue, et au final, j'avais été récompensé par sa tromperie. Apparemment, elle profita du fait que j'étais tiraillé intérieurement entre le fait de partir, fuyant cette personne, qui ne m'évoquait que le mal et la souffrance et le fait que je méritais de savoir pourquoi. Sa voix était faible, comme un souffle, quand elle déclara " Tu ne sais rien Matthew ... ". Je lâchais un second rire nerveux. Est-ce qu'elle savait ce que j'avais subit ? Est-ce qu'elle savait à quel point mes amis m'avaient vu mal et m'avaient ramassés à la petite cuillère ? Elle ne savait rien non plus. Je sentais la colère monter en moi alors qu'elle quittait enfin mon regard. Cependant elle ne put s'empêché d'ajouter " N’hésite pas à me le donner si t u veux que je t'enlève les taches. " à la vue de mon tee-shirt. Ouvrant ma bouche je préparais ma réponse, que je ne tardais pas à lâcher dans l'air « Et j'ai pas envie d'en savoir plus. D'ailleurs, comment tu oses me dire ça, à moi ? Tu crois que tu sais quelque chose toi? J'ai changé. » Marquant une courte pose, j'ajoutais tout aussi froidement « J'ai pas besoin de toi, Arizona. J'ai apprit à vivre sans toi. » J'avais mal. Déverser ma haine sur elle me rappelait à quel point elle avait compté. A quel point j'avais été amoureux de cette fille. Cette unique fille qui avait gagné mon amour et ma confiance. Finalement, je sorti de mes pensées quand un homme sa plaça derrière moi et déclara " Bon tu bouges ! ". Sans lui faire face, je me décalais d'un pas, tout en lâchant « Bah vas-y, passe! ». J'étais énervé. Ce qui était rare venant de moi. Mes yeux étaient braqué sur mon ex, qui était désormais de l'autre côté du chemin que j'avais formé pour libérer l'entrée.

Je fus d'abord surprise pour ensuite laisser place à la confusion. Nous étions l'un face à l'autre à nous regarder et les étudiants passaient entre nous. Que faisait-il encore ici ? Il déversait sa haine et sa colère sans aucune retenue. Et pourtant... il était toujours là, à me regarder dans les yeux. J'aurais aimé être dans le passé. L'époque où je pouvais lui adresser un sourire rayonnant et glissant mes mains sous son t-shirt pour toucher sa peau chaude et rassurante. Mon coeur saignait rien que d'y penser. Je baissais les yeux, ça ne servait à rien de continuer, j'avais perdu de toute façon, je n'aurais jamais d'excuse assez valable à ses yeux. Alors je rendais les armes, m'avançant d'un pas vers lui. Je me remémorais les paroles cinglantes qu'il venait de me balancer à la figure. " Tu n'as jamais eu besoin de moi. Au contraire, c'est moi qui avais besoin de toi. " dis-je d'une voix douce. " Je suis désolée d'être faible et dépendante. Mais quand tu es partie, je n'ai pas su comment faire pour contrôler cette ... dépendance et malgré l'amour que je te porte et le fait que je n'ai jamais cessé de penser à toi ... " Je laissais tomber mes bras le long de mon corps alors qu'ils avaient suivi le mouvement de mes paroles. Cela valait-il la peine que je me justifie ? J'avais l'impression que plus j'essayais d'avancer vers lui, plus il reculait. " J'étais en manque de toi et la seule façon que j'ai trouvée pour combler ce manque a été mes vieux démons. " Je ne pouvais pas me montrer plus sincère. Je n'avais aucune envie de passer pour une victime et lui pour le coupable. Ce n'était pas le cas. Mais il y avait des choses dans ma vie qui me collaient à la peau et dont j'étais incapable de me débarrasser. Et quand je me retrouvais seule face à mes vieux démons, je n'étais pas assez forte pour résister.

J'étais méchant. Agir avec autant de froideur et de fermeté  n'était pas vraiment habituel chez moi, mais je devais resté de marbre face à Arizona. Mon cœur était serré, et je subissais intérieurement les vagues de notre passé. La revoir, provoquait en moi une déferlante de vagues qui faisaient remonter le souvenir amer de cette relation passée. Ce passé, que j'avais eu avec cette jeune fille. J'avais craché toute mes pensées et ma haine envers la blonde et elle semblait légèrement abattue quand elle fit un pas vers moi. Sans bouger, je la fixais, plongeant mes yeux bleus dans ses yeux, affichant toujours un regard noir et sévère. " Tu n'as jamais eu besoin de moi. Au contraire, c'est moi qui avais besoin de toi. " déclara-t-elle d'une voix douce avant d'ajouter sur le même ton " Je suis désolée d'être faible et dépendante. Mais quand tu es partie, je n'ai pas su comment faire pour contrôler cette ... dépendance et malgré l'amour que je te porte et le fait que je n'ai jamais cessé de penser à toi ... ". Ses paroles raisonnaient dans ma tête. Elle avait besoin de moi. Après m'avoir trompé, elle osait encore prétendre m'aimer et avoir pensé à moi. Comment pouvait-elle me dire ça ? Prétendre m'aimer et penser à moi, alors qu'elle avait osé me tromper? Un sourire hautain était affiché sur mes lèvres, alors que je regardais ses bras tomber lourdement le long de son corps. « Si tu avais vraiment eu besoin de moi, si tu m'aimais vraiment, t'aurais pas tout gâché.. » ma voix était un peu moins froide qu'auparavant, trahissant le mal intérieur qu'elle avait réveillé. « Arrête de prétendre que tu m'aime, que tu ne pense qu'à moi. Arrête. Tu pensais à moi quand tu te tapé ton putain de dealeur? » Mes mots étaient cru, intenses et ravivaient un à un les détails de ce passé que j'aurai voulu oublier. " J'étais en manque de toi et la seule façon que j'ai trouvée pour combler ce manque a été mes vieux démons. " La sincérité de ses paroles était immanquable, cependant, j'étais bien trop aveuglé par la colère, que je préférais déverser ma haine jusqu'à en être libéré. Mes bras étaient fermement croisés sur mon tee-shirt taché, et telle un statue aucun de mes muscles ne bougeaient. Extérieurement, j'étais calme, réfléchis et à l’intérieur de moi, je bouillonnais. Je me demandais comment j'étais encore capable d'articuler des paroles contrôlées. « En manque de moi? Mais arrête un peu. Tu crois que la drogue c'est la solution ? Bah bravo, le seul truc que t'as gagné, c'est d'avoir tout gâché. Tout. » Je faisais preuve d'une impartialité nouvelle, affichant un côté froid et distant de toutes situations.