Elle avait de grands yeux. Des yeux dorés qui s’émerveillaient de tout. De chaque détail qui l’entourait. Ses deux grands frères, Jonah et Micah étaient son spectacle favoris. Ils étaient pour l’un sportifs et beau, pour le second intelligent et gentil. Elle regardait le monde d’en bas, comme le font les enfants de son âge. La petite Hazel. L’enfant chérie. Celle tant attendue. Elle était chérie du fait qu’être l’unique, la seule, la fille de la famille. Son petit frère, Noam, était chérit parce qu’il était un bébé, mais en grandissant, Hazel resterait l’enfant reine. Parce que sa mère avait longtemps attendu d’avoir une fille. Une jolie petite fille. Elle avait toujours été belle femme. En épousant un bel homme, qui plus est, PDG d’une multinationale, elle prenait un bon parti. Un mariage arrangé qui avait fini par faire tomber les deux jeunes amoureux l’un de l’autres, et qui donna naissance à quatre bébés. Le premier était beau, le second intelligent, la troisième combinait les deux, le dernier était beau, intelligent, mais au dessus de tout ça, il était charismatique. Hazel était une enfant joyeuse qui débordait de joie de vivre. Elle était adorable. Le genre de gosses que les parents rêvent tous d’avoir. Elle aimait trois choses plus que tout, ses frères, lacrosse, et les étoiles. Lacrosse n’était pas un sport de famille. C’était leur oncle, Dylan, qui leur parlait sans cesse de ce sport. L’aîné de la famille, Jonah, était juste conquis. C’était ce qu’il voulait faire de sa vie. Micah, le second préférait les sciences. Il était bien plus renfermé. Hazel jouait souvent avec Jonah, et elle s’était prise de passion pour le sport alors qu’elle n’avait que neuf ans. Et à cette époque, bien que Noam n’ait que six ans, il voulait déjà faire de ce sport son futur. Quand il voyait sa soeur et son frère jouer dans le jardin, il rêvait de courir les rejoindre. Et de la fenêtre de son bureau, Harvey Forbes regardait ses enfants jouer avec son propre frère, alors que lui n’avait jamais su comment être proche de sa progéniture. Alors que lui regardait depuis la fenêtre au lieu de prendre part au match. Deux étages plus bas, sur la terrasse de leur résidence secondaire du Rhode Island, Esther Forbes préparait une limonade pour ses petit monstres. Elle aimait ses enfant splus que tout, mais elle espérait encore que lacrosse ne serait qu’un passe temps pour ses enfants.
Ils vivaient là. À Cincinnati. La ville reine. Ils vivaient dans ces grands quartiers, ceux avec de vieux immeubles des 50s qui faisaient tomber leur mère sous le charme. Hazel avait sa propre chambre. Noam aussi. Jonah et Micah partageaient la leur. Elle aimait tellement le quartier. Les arbres frêles qui étaient bien plus résistant qu’ils en avaient l’aire bordant les rues pavées. Les lumières, la nuit, qui étincelaient presque plus que les étoiles. Elle regardait les astres avec ses yeux d’ados, et se rappelait de ses meilleurs moments d’enfance. Son frère, Mickey, lui avait offert un recueil qui parlait de Shakespeare à un noël. Une citation de l’auteur l’avait marquée.
"Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence." Elle se disait que l’auteur avait raison. On né sous une bonne étoile, c’est à nous de décider si elle reste au dessus de nous. Parce que si on la laisse s’échapper, on prend le risque de ne jamais la revoir. Et c’est cette bonne étoile qui guide nos vies. La vie est comme un oiseau. Si on la serre trop, elle s’étouffe, mais si on ne la tient pas assez, elle s’envole. Elle aimait les lettres et les livres. Elle devait avoir 13 ans. Hazel était sortie, elle devait aller récupérer son DVD du
Breakfast Club chez une amie. Il faisait déjà nuit, mais son amie ne vivait pas très loin. Elle s’était pas absentée longtemps. Et elle n’était pas la seule à ne pas être à la maison. Micah avait club de sciences. Il n’était peut-être pas né sous la bonne étoile. Il y avait eu ce mauvais timing. Si Micah était rentré dix minutes plus tôt y’aurait rien eu. Hazel connaissait son frère. Il passait toujours acheter le journal pour leur père le soir. Si il ne l’avait pas acheté, il n’aurait pas eu d’ennuis. Il était arrivé au mauvais moment. Un gars que Jonah avait contrarié attendait près de l’immeuble. Il avait frappé l’adolescent de quinze ans pour se venger de son frère. Hazel avait récupéré son DVD, elle rentrait à l’appartement quand elle tomba sur son frère, au sol, inconscient. Le cri qu’elle poussa était si fort qu’elle s’en brûla la gorge, pourtant, elle ne s’était pas entendue. Elle était juste sous le choc. Elle cria encore, dans l’espoir que quelqu’un n’arrive. Elle était, à genou, à côté du corps inanimé de son frère. Elle criait, encore et encore. Elle vit Jonah arriver, il sortait souvent. Il était parti acheter du lait, et quand il reconnu son frère, au sol, et sa soeur, il s’était mit à courir et avait appelé les pompiers. Hazel était bouleversée. Micah. Micah. Micah. elle répétait son nom dans sa tête, comme une prière. Il ne pouvait pas mourir. Micah. Micah. Micah.
Elle était restée sous le choc pendant deux semaines et demi après l’agression de son frère. Il avait survécu heureusement. Était-ce grâce aux nombres de fois ou elle avait prié? Elle ne saura jamais. Tant qu’il allait mieux maintenant, c’était l’essentiel. Il avait perdu un an de sa vie. Un an passé ou il n’avait pas pu aller au lycée. Hazel venait d’avoir quinze ans. Elle rentrait en première année, le freshman. Le fait de retrouver son frère presque mort au milieu d’une rue avait en quelque sorte détruit Hazel. L’adolescente si sure d’elle, si jolie, et passionnée de lacrosse était devenue une adolescente boulotte, timide et refermée sur elle. Sa première année de lycée fut un désastre. Elle avait des résultats excellents, mais sa côte de popularité était au plus bas. La seconde année fut pire. Et même si elle ne pensait pas que ça puisse être possible, son avant-dernière année fut mille fois pire. Elle était trop ronde et avait été recalée aux auditions pour être cheerleader. Elle était pas assez maigre pour apporter quelque chose à l’équipe. Elle était la risée des blondasses taille zéro qui composaient l’équipe. Et micah était parti à Columbus, à la fac avec Jonah. Son petit frère, Noam, était bien plus populaire qu’elle. Il allait rentrer au lycée quand elle serait en dernière année. Elle avait presque eu envie de se tuer pendant sa troisième année. Parce que son pilier était loin maintenant. Parce qu’elle n’était pas jolie, mais intelligente. Parce qu’elle était harcelée, qu’elle avait l’impression de rater tout ce qu’elle entreprenait. Le jour des grandes vacances, elle prit un ticket de bus, laissa un mot sur le frigo et alla voir son frère à l’université. Il vivait sur le campus pour l’instant, mais elle savait que quand Noam et elle iraient à l’OSU, ils vivraient ensemble. Elle patienta pendant plus de deux heures, assise sur le lit superposé de son frère, dans la chambre de sa résidence. Elle se sentait tellement nulle, elle n’avait plus de raisons de donner de sens à sa vie, elle se disait que voir micah en dernier serait son plus beau souvenir. Il était dix-huit heures quand le jeune homme était rentré.
« Hey… Un des gars m’a dit que tu dormais ici… Hazel? Pourquoi t’es pas à la maison? Parce que j’ai plus envie de rester à la maison… » Le garçon vit couler sur les joues plus de larmes qu’il n’en aurait fallu pour remplir le mirror lake. Il se rapprocha de sa petite soeur et la serra dans ses bras. Sa chemise se retrouva vite trempée de larmes. Elle restait dans les bras de son frère. Son échappatoire.
« Au lycée c’est affreux. Les gens se moquent de moi. Ils m’appellent la grosse Hazel. Hazel regarde moi. T’es surement la plus jolie fille de tout l’Ohio. T’es gentille, jolie, et intelligente. Les gens qui t’appellent comme ça sont des aveugles. Je veut que tu sois forte. C’est pas parce que je suis plus à la maison que le monde s’arrête de tourner. Tu sais quoi? Tu vas prouver à ce lycée de merde que tu vaut mieux que ça. Tu vas reprendre tes entraînements de lacrosse, et l’an prochain tu participera au recrutement de l’équipe. Promis? Promis. » Hazel n’avait pas réussi. Elle n’était pas devenue une incroyable sportive. elle n’était pas aussi bonne en sport qu’elle le désirait. Mais elle avait perdu beaucoup de poids. Elle était devenue fine, et jolie comme jamais. Elle avait réessayé d’être cheerleader. Et cette fois ci elle était rentrée dans l’équipe. Elle était jolie, jeune, cheerleader, populaire et intelligente. Mais elle avait souffert avant d’en arriver là. La grosse Hazel avait prit sa revanche. Elle était devenue Hazel Forbes, la jolie cheerleader qui avait des A partout, et qui aimait regarder les étoiles. Hazel était une fille étrange. Mais le beau est toujours bizarre. Elle finit son lycée avec d’excellents résultats, et put même rejoindre l’OSU. Elle voyait ses rêves se réaliser. Aller à l’université, faire des études de sport, et finir par être joueuse professionnelle de lacrosse. C’est ce qu’elle voulait. Mais on ne peut pas
toujours avoir ce qu’on veut. C’est elle qui allait à l’université. C’est elle qui ferait ses études. Pourtant, sa mère venait mettre un grain de sable dans l’engrenage. Elle avait déjà laissé Jonah faire des études sportives. Micah faisait des études scientifiques, mais ça ne suffisait pas à sa mère. Il fallait qu’au moins deux de ses enfants puissent reprendre pour l’un l’entreprise de leur père, pour le second le cabinet de médecin de leur mère. Mais elle ne voulait pas être celle là. Hazel voulait être la joueuse de lacrosse la plus talentueuse de l’Ohio. C’était pas juste. Ça pouvait pas se passer comme ça. L’été avant d’intégrer la fac, elle profita de ses derniers mois de libertés et alla à sa première vraie soirée, avec alcool, mecs plus vieux et canons, et piscine géante. Elle qui avait toujours été complexée par son corps regardait la soirée sans rentrer dedans. Il y avait un gars, au loin, qui la fixait.
« Hey, enchanté, je suis Andrew! C’est la première fois que je te vois par ici. » Il s’était approché avec deux gobelets rouges remplis de bière.
« En fait j’ai déjà été invitée plusieurs fois chez… » Merde, elle avait oublié le nom du gars qui organisait.
« Enfin bref, j’étais jamais venue, mais c’est sympa comme soirée. » Elle gouta la boisson. Elle était devenue en dernière année une fille populaire et intouchable. Elle était sortie avec plusieurs garçon, faisait du sport, était cheerleader, mais elle n’avait jamais bu d’alcool en dehors des repas de famille, elle n’avait jamais traîné avec des garçons plus vieux, et par dessus tout, elle était encore vierge, malgré ses 18 ans.
« Et tu t’appelles? Hazel. Enchanté princesse. » Un rire fluet s’échappa de la bouche de la jeune fille. Vingt minutes plus tard, la seule chose qui était dans la bouche d’Hazel, était la langue d’Andrew. Pour la première fois de sa vie, elle avait l’impression que des ailes poussaient dans son dos, et elle finit par prendre son envol. Elle ne savait même pas ce qu’elle faisait. Elle le prit par la main et elle se retrouva vite dans un lit, à l’étage. Elle n’avait jamais ressenti ça. C’était douloureux, et aussi beaucoup moins bon que ce que les films, les magazines et les bouquins disaient. C’était aussi beaucoup moins long que ce qu’elle pensait. L’été avant d’aller a la fac seulement, Hazel perdit sa virginité, avec le mauvais garçon. Elle aurait du réfléchir avant de coucher avec ce Andrew. C’était même pas un gars qu’elle connaissait, et elle s’attendait à ne jamais le revoir. Sa bonne étoile s’était visiblement fait la malle.
Le vent traversait sa longue chevelure brune. Hazel courrait au bord du terrain de foot, là ou les joueurs s’entrainaient. Les sélections allaient commencer dans une demie heure, Micah avait même libéré une après-midi pour venir la voir jouer. Sa mère avait cédé sur un point, Hazel sur un autre, et la demoiselle devait donc faire un double cursus sciences et sport. Elle attacha ses cheveux, craqua ses doigts et se rendit au milieu du terrain là où une trentaine de filles attendaient. Elle du courir, aller dans les but, lancer, défendre, et finit en sueur après deux heures intensives de sport. Et puis c’était fini. Le coach de l’équipe féminine devait délibérer avec le reste de l’équipe pour qu’ils prennent leur décision. ça prendrait un jour ou deux, pas plus.
« J’étais comment? Absolument géniale. T’as déchiré, si ce foutu coach te prends pas, je créerai moi même une équipe clandestine! Ouaip, t’étais époustouflante. Oh Hazel, j’te présente Nathan. C’était avec lui que je partageais ma piaule à la résidence des lambdas avant. ’Lut. T’as de l’eau Mickey? Je meurs de soif. Attends, j’ai une bouteille. Merci, c’est gentil. Si tu veut on fait une soirée au loft pour fêter mon emménagement avec Micah et mon autre frère. Tu pourras venir si tu veut. » Sa première conversation avec Nate. Le changement de sa vie. Nathan. C’était un geek qui passait la plupart de son temps à bosser et a essayer de faire des blagues pour plaire. Mais c’était surtout un mec maladroit qui arrivait à rater l’inratable. Nathan le boulet humain. Elle avait commencé à traîner avec lui et Mickey sur le campus. Il passait pas mal de temps à l’appart. Mais le joyeux trio ne dura pas longtemps et se brisa quand elle était en 4ème année. Il y avait eut une soirée à l’appart, et Micah et Noam avaient ramené le plus de potes, pour fêter les 22 ans d’Hazel. Il y avait du monde, de l’alcool et elle l’avait vu parmi la centaine de personnes dans l’appart. Andrew. Son premier coup d’un soir. Le dernier aussi. Elle s’était promis de ne jamais refaire ça, parce qu’elle avait peur de passer pour une pétasse.
« Hey! Je te connais toi! Surement pas! Si! J’oublie jamais une fille avec qui je couche, t’es la… vingt-septième avec qui j’ai couché. Grain de beauté sur la hanche gauche. Astrid c’est ça? Hazel. Désolé mais je crois qu’on m’appelle. Ok, cool! Si tu veut revenir me voir à l’université, j’suis un bêta-thêta. La grande résidence près du mirror lake. Uh. Elle n’arrivait pas à croire que celui avec qui elle avait couché en premier était un sale bêta. Elle se cacha dans un placard pour ne pas qu’il la trouve et se retrouva nez à nez avec Nathan.
Bon sang Nate, tu fous quoi dans ce foutu placard! Erm… Un gars m’a foutu ici, et tu sais, ce placard s’ouvre pas de l’intérieur. Comment ça "ce placard s’ouvre pas de l’intérieur"? Nate? Ben en gros, on est bloqués jusqu’à ce qu’on nous ouvre.Merde. Qu’est ce que toi tu fais dans ce placard? J’évite quelqu’un… » Le placard était minuscule. Plus les minutes passaient, et plus elle avait l’impression que le petit bout de pièce rapetissait. Elle était collée à lui.
« Erm. Tu crois que ce serait bizarre si on le faisait là, maintenant, tout de suite dans un placard? » Je dois avouer que j’en ai juste carrément envie, depuis approximativement trois ans, même si je peut pas clairement avouer que tout ce que je rêve c’est me taper la petite soeur de mon meilleur pote. ên gros, ça veut dire oui, on le fait maintenant. » Après avoir eu l’idée de l’année en couchant avec un mec qu’elle venait a peine de rencontrer il y a quatre ans, elle avait eu l’idée du siècle, et s’apprêtait à coucher avec le meilleur pote de son frère dans un placard pendant sa propre soirée d’anniversaire. Le contact de leurs lèvres fit frissonner Hazel. Elle n’osait pas l’avouer, mais en vrai, elle aimait ça. Le fait d’être enfermée avec lui la rendait hystérique. Ils finirent par coucher dans ce cagibi alors qu’autour d’eux la fête bâtait son plein. C’était comme ci ce placard était dans une autre dimension, et qu’il n’y avait rien autour d’eux.
Elle était assise sur le lit du garçon.
« Hazel… Tu me plais vraiment. Pourquoi est-ce qu’on pourrait pas juste être un couple, hein? Je suis désolée. J’suis sincèrement désolée mais on peut pas être ensemble. Parce qu’on est pas du même monde c’est ça? J’aurais pas du coucher avec toi. Ça aurait été évité que mon meilleur ami coupe les ponts, et que je passe pour le roi de cons en t’avouant que tu me plaisait. Nate… C’est bon Hazel. J’ai compris. T’es une sportive, jeune et jolie, et moi j’suis juste un espèce de geek, hein? » Hazel resta bouche bée et le regarda partir. C’était pas sa faute. Elle avait été conditionnée à ne traîner qu’avec des gens beaux, populaires et bêtes. Et elle se sentait cruelle d’infliger ça à son
ami. Est-ce qu’elle pouvait toujours dire qu’il était son ami au moins? Elle avait couchait avec lui et elle ressentait quelque chose. Elle était amoureuse de lui, sauf qu’elle ne pouvait pas se permettre de le dire. Parce qu’il était pas comme elle. Si il y avait des moments ou elle se détestait, à cet instant précis, elle en venait à se haïr. Et il était parti. Elle prit un stylo et laissa juste un petit mot sur le bureau.
Je tiens plus à toi que tu ne le pense Nate. Je tiens vraiment à toi. S’il te plait. Soyons au moins amis. Signé, H. Elle sortit et alla rejoindre Micah à l’appartement. Elle se sentait vidée de l’intérieur. L’amour est un rêve, une idées qui s’obstine à détruire ce à quoi on tient. L’amour est un fantasme. Un rêve d’adolescent.