l'art, c'est tout ce qui te passionne, qui fais de toi celle que tu es. tu es née pour l'art, pour cette chose merveilleuse qui orne le monde. une beauté pure, simple et si fragile à la fois. tu es née pour intégrée les delta et non pas les gamma comme ta mère l'espérait. l'art t'as permis de t’élever et de devenir quelqu'un. certes, ça a soit disant déshonoré le nom stevenson, mais en quoi ça t'importe ? ton père n'a jamais été présent pour toi, il était toujours absent à cause de son boulot. et le peu de fois où il était là c'était pour te gueuler dessus. alors autant continuer à décevoir le paternel, non ? alors oui, tu veux être une delta. tu es une delta, et c'est non négociable. car l'art et toi, c'est bien plus qu'une simple histoire d'amour.

the little princess

t'avais tout pour être heureuse. une famille aimante, une vie bien rangée, quelque chose de merveilleux en toi. mais t'as tout gâché. tu gâches toujours tout. petite princesse mal aimée.

Le regard scrutant l'horizon, ta tête légèrement penché en arrière, tu profites de cet instant qui n'est que pour toi. Tu as rejoins ta planque habituelle, mentant encore une fois à tes parents sur où tu allais. T'as jamais pu leur dire la vérité à ce propos, ils te prendraient encore plus pour une folle et ne comprendraient pas pourquoi tu fuis la vie que tu mènes. T'es née dans une fille riche, aisée et bien plus encore. L'argent a toujours coulé à flot, et autant tes frères et ta soeur que toi, vous n'avez jamais manqué de rien. Mais tu sais pas, cette situation t'as toujours étouffé, étouffé au point de ne plus réussir à respirer. L'oxygène, voilà ce dont tu as besoin pour vivre. Pas des billets de banque vert qui se prélasse partout dans ta maison en or. T'as jamais compris pourquoi tes parents aimaient autant le luxe. Toi ça t'as toujours répugné, dégoûté, exaspéré. Probablement parce que des gens crevaient sous des ponts à cause de la faim ou encore du froid. Tu les as toujours méprisés pour cette façon qu'ils ont de voir la vie. Si différente de la tienne. Alors t'es là, à observer le ciel, les étoiles et tu contemples l'arrivée de la lune. T'es bien dans cet endroit qui est tien. Tellement bien que t'aurais pu y rester pour toujours. Simplement, ça ne t'appartiens pas, ça ne t'as jamais appartenu. Alors quand quelqu'un a commencé à venir là où tu avais élu ton second domicile. T'as pas aimé. Tu voyais là une certaine peur de perdre ton lieu fétiche qui te permettais d'échapper aux parents, aux frères et à ta soeur. T'étais bien là, poser sur ce mur, regardant le vide qui se perdait dans l'obscurité de la nuit tombée. Alors t'as pas compris pourquoi il a fait comme si cet endroit était le sien. T'as pas compris pourquoi il se l'accaparait, le colorait à sa façon. Mais t'as rien dit, pendant un certain temps. Tu faisais juste observer, admirer, imaginer. Tu le voyais embellir l'endroit, le rendre plus beau, plus agréable. Et tu prenais plaisir à le regarder faire. [...] Un jour, tu es venue plus tôt dans ton endroit, ton petit bordel comme tu l'appelais. Et puis tu l'as vu, il était là. T'as plongé ton regard dans le sien, t'as essayé de comprendre pourquoi il faisait comme si cet endroit lui appartenait. Puis t'as fini par accepter, par partager. Tu l'as apprécié. Caleb, il s'appelait. T'aimais bien. Ça sonnait comme un sifflement à tes oreilles, comme un doux chant d'été quand la nature éclorait. Ça lui allait bien. Il était beau, même plus. Il était parfait. T'étais vite tombée amoureuse, sans savoir, sans comprendre. Premières fois pour toi après tout. Premier baiser et premier vrai amour. T'as eu des étoiles pleins les yeux à chaque fois que tu le voyais. L'endroit était devenue votre endroit. Il était si parfait, que même le monde aurait pu le croire irréel. Il avait ce charme magnétique, cette voix délicate qui arrivait à faire emballer ton cœur au point qu'il batte vite. Trop vite parfois. T'étais amoureuse. T'étais folle. Mais tu t'en foutais, parce que c'était lui et toi contre le reste du monde. Cette histoire a duré trois mois. C'est quoi trois mois dans une vie ? Rien, même pas le quart de la moitié. C'est rien trois mois dans une vie, surtout quand on a quinze ans, qu'on est encore jeune et encore un peu conne. Mais tu l'as aimé, comme si ta vie ne dépendait plus que de lui. Comme si un fil se tenait sous toi et que c'était lui qui le maintenait afin que tu ne tombes pas. Mais faut croire aux histoires toutes roses. Faut pas croire qu'il n'y a pas de chute. T'es tombée, oui. Amoureuse, certes. Mais de haut. T'es tombée quand au bout de trois mois t'as du partir, l'abandonner, le délaisser. T'es tombée quand t'as appris que ton père vous faisiez encore déménager pour son boulot. C'était des foutaises, tu t'en doutais. Il n'aimait pas Caleb. Il ne le connaissait pas, mais il ne l'aimait pas. Parce que même si t'étais le vilain petit canard, t'étais leur princesse. Leur pauvre petite princesse. Mal aimée. Désarmée. Personne ne devait toucher un seul de tes cheveux. Et t'as haïs ton père pour ça. Pour ce départ qui n'était même pas censé exister. Pour ce départ qui n'aurait jamais du avoir lieu. Promis, Chicago sera notre dernier déménagement avant que vous partiez tous étudier à Columbus. Tu parles. Il a jamais été foutu de tenir une seule de ces promesses. Alors t'as eu mal, si mal que ton cœur s'est déchiqueté. Il est devenu froid et lourd, maladroit et distant. T'as plus eu envie d'aimer tes parents après ça. Ton père, tu le détestais déjà depuis longtemps. Ta mère n'était que son petit chien qui n'avait pas son mot à dire. Alors pour toi elle n'était rien. Quand tu as dis au revoir à Caleb, tu lui as fais promettre qu'il ne baisse jamais les bras. Qu'il continue à poursuivre ses rêves et deviennent un grand neurochirurgien. Tu sais pas s'il t'as écouté, parce que t'es partie après ça. Et t'es jamais revenue...

the broken one

t'as trop fait la maline. le cœur brisé, les larmes aux yeux qui coule sur tes joues porcelaines. t'as tout perdu. t'as trop jouer avec le feu. pauvre petite princesse déchue de son trône.

Tu sais, tu devrais arrêter de penser à lui et passer à autre chose. Tu regardes ton meilleur ami, un sourire glissé sur le coin de tes lèvres. Six ans. Six longues années qui se sont écoulées depuis toute cette histoire. Six ans depuis que tu as quitté ta famille pour enfin vivre ta vie. Six ans que tu as du lui dire au revoir. Six ans que tout est censé être terminé. Mais six années pendant lesquelles tu n'as pas cessé de penser à lui. Son nom couché au creux de tes lèvres, son nom gravé en lettre de fer sur ton cœur brisé. Tu pousses un long soupir et te laisse tomber sur le lit. Tu regardes ton meilleur ami. C'est dingue de se dire que ça fait aussi six ans que tu le connais. Il a été le premier à te récupérer à la petite cuillère à ton arrivée ici. Tu lui dois tellement. Parce que t'as pas oublié que t'avais désormais ta famille à dos. Que ce soit aussi bien tes parents, que tes frères ou encore ta soeur. Ils ne te détestent pas, non, loin de là. Ils sont juste déçus, déçus de tes actes, de tes réactions, de tes choix. Tu te rappelle encore des derniers mots que ta soeur t'as balancé lors de votre rencontre, il y a peu. T'es même pas une Stevenson. T'es une honte pour nous. T'es la honte de la famille Stevenson. Tu l'as pas spécialement pris bien, tu l'as même très mal digéré, mais il fallait t'y attendre. Tu avais quitté ta famille, ne leur laissant presque aucune nouvelle. Tu avais choisis une voie bien différente que celle que tout Stevenson doit prendre. Une delta. Pitoyable ! C'est ce que ton père pensait, autant de toi que de cette fraternité. Mais tu t'en moquais. Ça ne comptais plus pour toi. Plus rien ne comptais. Surtout pas la famille Stevenson. Alors ton meilleur ami était devenu ta nouvelle famille, ta fraternité ta seconde. Ça te convenais parfaitement, tu n'avais besoin de rien d'autre. Si ce n'est peut-être d'une chose nommé Caleb. Pourquoi tu t'obstines, hein ? Tant bien lui est passé à autre chose, il t'as totalement oublié. Tu soupires à nouveau. Il n'a pas tellement tort. Que sais-tu de ce qu'est devenu Caleb, de ce qu'il fait désormais ? Je sais, mais c'est dingue, ça me trotte dans la tête. Tu te retournes vers lui, posant ton regard dans le sien. Ça fait six ans que ça te trotte dans la tête Winter, il serait vraiment temps que ça cesse. Tu penses pas ? T'as peut être raison. Mais j'en sais rien... Il te pousse légèrement avant d'éclater de rire. Tu le suis dans cette folie, car dieu sait qu'il a un rire contagieux. Mais tu peux pas t'empêcher d'y penser. C'est plus fort que toi. Au fond, t'as toujours eu l'impression qu'il était là, à tes côtés. Il hante tes nuits et tes jours et tu peux pas oublier ça comme ça. C'est pas aussi simple que ça en a l'air. Tu voudrais pourtant, passer à autre chose, tourner la page du livre pour en écrire une nouvelle. Mais bordel, ça fait six ans que cette putain de page ne veut pas se tourner. Alors tu laisses tomber, tu continues d'y penser, par inadvertance, parce qu'il est ancré en toi. Bon allez, faut qu'on y aille, mademoiselle amoureuse d'un homme qu'elle ne reverra jamais. Sur le coup, t'as sourit, tu t'es levée et tu l'as suivi jusqu'au terrain de sport. Son entrainement commençant dans quelque instant. Tu l'as laissé là, lui disant au revoir même si tu savais que tu le verrais le soir même. T'as marché un peu sur le campus, observant le paysage, les gens, ce qui t'entourais. Toujours ton appareil photo à la main. T'as pris quelques clichés. Des arbres, des fleurs, des gens qui riaient, parlaient ou dansaient. T'as pris des photos des joueurs de lacrosse, puis t'es allée voir ceux de baseball. T'as pris d'autres photos. Une bonne centaine au moins. Puis quand t'es retournée à l'appartement, quand t'as regardé les photos sur ton ordinateur. C'est là que tu la vu. Sur plusieurs de tes clichés. Au départ, t'as pas compris pourquoi t'as pris plusieurs fois des photos du même garçon. Il t'avais probablement intrigué, ou tu l'avais trouvé beau. Mais maintenant, tout devenait clair. C'était lui. Tu en étais sure à deux cent pour cent. Tu venais de le revoir, lui. Ton fantôme du passé. Ton premier véritable amour. Caleb.