BAM. BAM. BAM. C'était à peu près l'effet que ses coups répétés à ma porte me firent, tandis qu'il les faisait suivre d'un
"Mec ? Mec ! T'es seul ?" avant qu'il ne recommence. J'ouvris un œil pour fixer mon réveil qui m'indiquait 08:00 AM, même un mince filet de lumière passait à travers mes volets pour me dire que l'aube s'étirait déjà à l'horizon depuis plusieurs heures. Poussant un juron dans ma barbe naissante, je plaçais un oreiller par-dessus ma tête dans l'espoir d'atténuer les bruits, après avoir tâté les draps à côté de moi, on ne sait jamais que mon rêve était vrai et qu'Andy y était. Mais non, j'étais seul et impossible d'arrêter de l'entendre, ça ne marchait pas.
"Ouais ! et j'aimerais bien dormir, j'suis pas une poule !" Et cela fonctionna encore moins, car le réveil matin sur patte ouvrit la porte à la volée et la referma derrière lui pour venir s'asseoir sur le lit, à hauteur de ma tête.
"Mec ! Je me suis fait une de ces bombes hier soir !" s'exclama l'autre à m'en donner la migraine, heureusement qu'il n'était pas trop tôt, ou je crois que je l'aurais reçu avec mon poing dans la gueule, frère ou pas frère.
"Content pour toi." grognais-je avec mauvaise humeur, mais cela ne l'arrêta pas.
"Vanessa. Blonde, et un de ces corps ! C'est pas un de tes pseudos plan cul ?" Pseudo, parce que je n'étais que gay, et que je laissais au moins courir le bruit que j'étais bi pour une question de carrière professionnelle. Une fois lancé, on en reparlerait, d'ici là... Le fait que je sois bi, ou même gay, ne dérangeait pas mes frères à priori, puisque je n'allais pas les mater sous la douche, quelque soit leurs préférences d'ailleurs, et que le type à côté de moi par exemple, me faisait plus penser à un frangin à se pointer comme il le faisait.
"Ça me dit rien." Et lui en tout cas n'en avait strictement rien à faire. Il avait totalement confiance en lui, se sentait parfaitement hétéro et au clair avec ses penchants sexuels. On pouvait donc parler d'une amitié sans l'ombre d'une ambiguïté et cela m'allait totalement. Ou peut-être pas ce matin, parce que j'aurais adoré qu'il ne soit pas aussi à l'aise dans la chambre d'un mec gay qui ne portait que... ben rien en fait.
Je le laissais donc parler, répondant par monosyllabe à l'occasion sans l'interrompre, continuant à somnoler dans l'espoir qu'il finirait par partir, mais rien, définitivement rien. Il restait là, continuait tranquillement sans même sembler remarquer qu'il m'ennuyait. Mais j'aurais mis ma main à couper qu'il le savait très bien et n'attendait que le moment où j'allais perdre patience et lui dire de foutre le camp de ma chambre. Sauf que ce fut la sonnerie du téléphone qui termina de me réveiller. Bordel ! Ils se donnaient le mot ce matin ! J'avais dormi 5h ! Cinq putain d'heures avec un entrainement dans les pattes et la fête d'anniversaire de l'une de mes sœurs.
"Ouais ?" dis-je en décrochant, pour entendre la voix de Sevan à l'autre bout du fil, me demandant s'il me dérangeait.
"Non ça fait un moment que je suis en train de me réveiller. Ça va toi ?" Non. La réponse qui me fit me redresser légèrement dans mon lit et retomber le drap. Je sortis de mon lit sans même faire attention à ma nudité, venant passer un boxer propre tout en continuant à parler.
"Venir ? T'as besoin de parler ? Il se passe quoi ?" demandais-je pour savoir ce qu'il se passait, d'un ton dégagé, tout en m'étirant, commençant à passer tranquillement un pantalon. Sauf que sa réponse n'eut d'autres effets que de m'inquiéter.
"OK, j'arrive. T'es chez toi ? J'suis là le plus vite possible."Je raccrochais, glissant mon portable dans la poche arrière et rapidement un tee-shirt, avant d'enfiler des baskets pour finalement rejoindre le parking, grimper dans ma voiture et prendre la route en direction de l'appartement d'Andy et Sevan. Je connaissais le chemin presque par cœur à force de m'y rendre, c'était presque un automatisme, sauf que je ne venais pas voir mon amant régulier, mais un ami à qui j'avais promis d'être là s'il appelait, pire encore depuis que je savais qu'il était malade. Le pire secret du monde, mais il voulait que cela reste ainsi, que personne ne soit au courant, alors je n'en disais rien. Après tout, c'était presque un membre de la famille, un gamin ayant grandi en foyer, un cousin éloigné de Dublin. Je conduisais un peu trop vite, beaucoup trop vite, mais je savais où était les radars et je ralentissais seulement quand il fallait pour arriver rapidement chez eux. Garé comme un connard, j'allais directement à leur appartement, ouvrant la porte qui n'était pas verrouillée...
"Sev ? " Pas de réponse et ce n'était pas pour me rassurer, je regardais, tournais, cherchais, jusqu'à parvenir à sa chambre. Il était là, tenta de sourire, de se redresser, d'être drôle aussi, mais l'effet final se discutait.
"Normal mec... t'as une tête à faire peur." Je traversais donc la pièce après lui avoir dit avec honnêteté la vérité. Il n'allait pas bien et en avait vraiment la tête.
"Alors on fait quoi ? T'as des médocs à prendre ? Je t'emmène à l'hôpital tout de suite, ou tout de suite ?" dis-je avec un petit sourire en coin pour le détendre un peu, ou peut-être moi, parce que je m'inquiétais pour lui à le voir ainsi.
electric bird.