AOUT 1995

« Tiens Lya, c'est pour toi. » je tendais la petite violette sous les yeux de Lya, la jolie brunette s'émerveilla, affichant un sourire jusqu'aux oreilles, elle précipita la violette sous son petit museau afin de mieux la renifler. Ses yeux se fermait au contact de l'odeur parfumé sous son nez, elle respirait l’innocence, la fraîcheur, l'insouciance de l'enfance. « Oh merci Ezra ! Elle sent si bon ! » mes joues devenaient rapidement rouges, je me dandinais, timidement, glissant mes mains dans les poches de mon jeans « Tu veux faire l'amour avec moi ? » Lya riait, gênée, elle accrocha la fleur à ses cheveux tout en s'approchant de moi, doucement. « Oui, mais c'est un secret, d'accord ? » j'acquiesçais d'un simple signe de tête « Ferme les yeux... » Son murmure frôlait mon oreille, je m’exécutais « Un... » « Deux... » « Trois... » D'une traite, ses lèvres touchèrent les miennes. Nous ouvrions les yeux au même moment, le sourire cloué aux lèvres. J'entrelaçais mes doigts aux siennes avant de recommencer à jouer. C'était mon amoureuse.

...

« C'est parti mon grand, nous emménageons dans une toute nouvelle maison aujourd'hui » Je regardais ma mère, triste, tout ce que je comprenais c'était que j'allais changer de maison, de chambre et que j'allais devoir abandonner Lya. « Tu verras, tu vas te plaire à Philadelphie mon ange ! » J'acquiesçais, d'un léger signe du menton, tristement. « Et puis tu vas avoir une nouvelle petite soeur ! » Je fermais les yeux, laissant couler une petite perle d'eau salée « Oui... » Ma mère me caressait les cheveux avec sa main, elle sentait bon ma maman... « Tu vas voir, on sera bien là-bas, tous ensemble ! » J'acquiesçais une nouvelle fois, glissant ma main dans la sienne prêt à rejoindre le nouveau chez-nous et quitter Lya.

JUILLET 2005

Je crois que c’est officiel. Je suis amoureux de Lya. J’aime son sourire. J’aime ses cheveux. J’aime ses genoux. J’aime cette tâche de naissance en forme de cœur qu’elle a au dessus du sein. J’aime sa façon de s’humecter les lèvres parfois juste avant de parler. J’aime sa façon de rire. J’aime son expression quand elle dort. J’aime entendre cet air dans ma tête à chaque fois que je pense à elle. Et j’aime me sentir bien avec elle. C’est comme si tout était possible. Je ne sais pas comment le dire. Y a un nouveau sens à ma vie.

Dix ans s'étaient écoulés. Nous avions déménagés un millier de fois, Philadelphie, Détroit, Chicago... Puis j'avais pris la décision de quitter définitivement ma famille, j'en pouvais plus de tous ces déménagement et je devais prendre ma vie en main, je m'installais donc temporairement en Ohio. Pour me consacrer à mes études, dans le but de devenir un excellent sportif. Dix ans c'était écoulé entre la dernière fois que j'avais vu Lya et aujourd'hui. J'étais de retour à New-York pour les vacances d'été chez ma grand-mère maternelle. J'avais envie de passer les vacances à New-York, depuis le temps, cette ville me manquait terriblement. Mais quelque chose ou plutôt quelqu'un d'autre me manquait plus encore... Mon premier baiser. Innocent. J'avais beau n'avoir qu'à peine six ans à l'époque, j'étais amoureux de cette gamine et le gamin que j'étais ne m'avait jamais quitté, il ne l'avait jamais quitté elle...

« Ça fait tellement longtemps Ezra... » Nous marchions, l'un à côté de l'autre, son odeur était la même, rien avait changé, elle était toujours aussi belle et l'endroit était toujours paradisiaque... Nous étions retourné là où nous nous étions embrassés dix ans plus tôt. « Mais je suis là. » Je glissais ma main dans la sienne, comme auparavant « J'étais tellement triste lorsque j'ai compris que tu étais parti, pour toujours... » « Je ne t'ai jamais oublié Lya... » Je me posais au pied d'un chêne, assis sur l'herbe, Lya s'installa près de moi, sa main toujours dans la mienne... « T'as pas changé Ez... T'es toujours aussi beau ! » J'haussais les sourcils, gêné. Lya éclata de rire « Sérieusement ? Tu veux jouer à ça ? » Lançais-je le regard défiant. « Peut-être... » Ses yeux avaient toujours été aussi beaux... Je devais bien avouer qu'elle me chamboulait complètement, son air mystérieux était toujours présent, même quand elle était enfant... « Toi t'es magnifique... »

Ça faisait des heures qu'on étaient dans ce parc, allongés dans l'herbe, légèrement éloignés de la population, à l'abri des regards indiscrets. Lya se redressait légèrement, les coudes enfoncés sur mon torse « Tu veux faire l'amour avec moi ? » son souffle caressait mes lèvres, mon coeur battait à tout rompre. « Oui, mais c'est un secret, d'accord ? » Nous répétions le même discours qu'autrement, mais les rôles étaient échangés. Je fermais les yeux sans même qu'elle me le demande, revivant la scène de notre enfance. « Un... » « Deux... » « Trois... » Ses lèvres se plaquèrent sur les miennes, pour la seconde fois de ma vie. Mais cette fois, c'était différent. Un frisson parcourait mon corps, de tout son long. Lorsque le bisous pris fin. Mes yeux restaient plantés dans les siens, son visage à deux millimètres du mien. Mon souffle entre ses lèvres, ses yeux brillaient... Je sentais la chaleur monter en moi. Je glissais une de mes mains dans son cou, accaparant de nouveau ses lèvres. Cette fois c'était moi qui l'embrassait.

Nous avions fait l'amour, pour de vrai cette fois-ci, dans ce parc. Tous les deux enlacés, à la belle étoile. Je l'aimais Lya, plus que ma propre vie.

JUIN 2008

Every move you make every vow you break every smile you fake every claim you stake I'll be watching you since you've gone I've been lost without a trace I dream at night I can only see your face I look around but it's you I can't replace I feel so cold and I long for your embrace I keep crying baby, baby please ♪ ♫

Je hais Lya. Je hais ses dents de travers, je hais sa coupe de cheveux des années 60, je hais ses genoux cagneux, je hais le cafard écrasé qu’elle a au dessus des seins, je hais sa façon de se pincer les lèvres avant de parler et je hais son rire débile, JE HAIS CETTE CHANSON !

Je jetais à l'autre bout de la pièce mon casque audio qui diffusait une de mes chansons préférées Every breath you take de The Police. Lya m'avait quitté. Et elle avait eu raison de le faire, mais je n'osais l'admettre, je ne voulais pas l'admettre, pourquoi est-ce que la faute viendrait forcément de moi ? Ok, c'était ma faute, j'avais couché avec sa soeur. Pourquoi ? Parce que ma vie ne rimais plus à rien je voulais juste en finir. J'étais détruit ma vie était un enfer. Alors autant qu'elle le soit complètement, autant qu'elle me déteste. Et c'était la seule façon d'y arriver. Je voulais qu'elle me haïsse, à en crever.

JUIN 2010

« Hey mon amour ! » Lançais-je en plaquant mes lèvres sur celles de Charlie. Son regard me fuyait, sans raisons apparentes. Charlie était une de mes plus fidèles amies ici. Nous avions une relation certes, pas tellement saine, elle était même plutôt très ambiguë. Je ne savais pas si oui ou non nous étions réellement en couple, on couche ensemble parfois, quand l'envie nous prend, on se surnomme avec des noms plutôt intimes, mais nous n'avons jamais parlé d'une relation exclusive, elle est plutôt libre comme fille, ce qui me convient plutôt bien puisque l'amour et moi ça fait deux... « Je vais partir quelques temps Ezra. » « Quoi ?  Où ça ? Et surtout pourquoi ? Qu'est-ce qui va pas j'ai fais quelque chose de mal ? C'est ma faute ? » « Je rentre en France, voir ma famille, je ne sais pas pour combien de temps, un moment... » « Mais pourquoi ? Reste avec moi Charlie, s'il te plais... Me laisse pas... »  Je suis désolée, c'est mieux comme ça... » Sa main s’installait sur ma joue quelques secondes, la caressant à l'aide de son pouce. Elle plaqua longuement ses lèvres contre les miennes, avant de disparaître complètement... Je n'avais même pas su la retenir...

MAI 2014

Ça fait sept ans que je suis ici, à l'Ohia State University. Je suis toujours en froid avec Lya,, plus qu'en froid même, nous nous détestons complètement, amplement, simplement. C'est triste qu'une histoire d'amour se termine aussi mal alors qu'elle avait si bien commencé. Trois ans, c'était la durée de notre couple. Juste trois petites années. Certains disent que l'amour dur trois ans. Peut-être que cela est vrai finalement. Quant à Charlie elle m'évite, comme la peste alors que cette fois-ci, je n'ai strictement rien fait... Disons que je suis sentimentalement perturbé et qu'il est préférable que je me concentre sur mes études et le baseball plutôt que sur les filles.