I promise you the love is in the air

Andy était de bonne humeur, et ça se voyait.
Sourire aux lèvres, balle en main, il toisait les deux types devant lui. Il les avait repérés de suite, avec leur air sérieux et les efforts qu’ils mettaient dans leur jeu. Deux grands mecs, typiques américains, avec leurs maillots NBA et toute la concentration du monde. Il les avait vus, dans leur loisir avec ces sourires et cette rivalité, et ça lui avait semblé être tout tracé. Comme une mission, comme une évidence - il avait ôté cette veste pour se laisser dans ce haut noir sans manches, rappeler leur place à ces gamins. Comme s’il pouvait leur faire peur, avec cette carrure de gosse et ses tatouages sur ses bras, comme si de toute façon, il allait tirer quelque chose de tout ça.

C’était pourtant ce qu’il fit. Il se sentait d’humeur joueuse, depuis quelques jours. Il avait arrêté de s’en prendre aux nains ou aux idiots, de jauger avant de défier, il avait arrêté de comptabiliser ou d’assurer. Il s’en prenait à tous maintenant, il n’avait plus peur de rien. Il gardait cette arrogance, ce besoin de supériorité et cette irrésistible envie d’emmerder ceux qui n’avaient rien demandé. Plus son humeur était bonne, plus il se montrait impossible à vivre - malheureusement pour ces deux types, ils s’étaient pointés au mauvais endroit, avaient choisi le mauvais sport et plus que tout, avait fait l’erreur de ricaner au nez du gringalet de vingt centimètres de moins qu’eux qui était venu les défier au basket en 2 contre 1.

Parce que, cinq minutes plus tard, c’est le gringalet qui tenait la balle, passant le rond central en marchant, sourire carnassier aux lèvres. C’est lui qui se jouait d’eux avec son ballon, les passait sans mal, claquait sa balle dans le filet à chaque attaque. Il leur donnait une véritable leçon comme il aimait le faire, comme il le faisait avec beaucoup de choses. Parfois, il en avait marre de porter ce masque de popularité et laisser couler ses véritables envies sans honte. Il ridiculisait ces gamins sans mal comme il aurait pu le faire avec n’importe qui. C’était ça, son quotidien - baigner dans le mensonge jusqu’à n’en plus pouvoir, déverser toute sa nature sur quelqu’un qui n’avait rien à voir et regretter toute la faiblesse dont il faisait preuve.

« Vous valez tellement rien que j’me demande ce que vous foutez sur le terrain. »

Et son regard d’ébène vient fusiller les deux sportifs, enragés mais réalistes, faisant indéniablement face à la supériorité d’Andrew. Et lui il prend son pied, lui il marche avec arrogance, se morfond dans cet ultime péché d’orgueil. Il n’en a que faire, parce qu’il sait qu’on est loin des films et des séries où le mal gagne toujours, et lui représente cette désillusion. Il entre dans le cercle des trois points, toise ses deux adversaires qui ne prennent même plus la peine de lui barrer la route. Sourire suffisant, et il s’apprête à parler jusqu’à ce qu’il entende un bruit derrière lui - réflexe, il passe la balle dans son autre main et tournoie sur lui-même pour laisser passer ce troisième adversaire inattendu qui a tenté de lui chiper la balle dans la main. Enchaînement pour la forme, il conclut sa vrille d’un saut en arrière, shootant un ballon qui entre sans mal dans le panier.

Il n’est pas surpris de sa réussite. En revanche, c’est l’identité de ce nouvel arrivant qui le surprend. Andy fait face à un Maxxence de même qu’à l’accoutumée, retient une insulte à son égard. Ce type ose se pointer là, se mêler de ses affaires à lui. En y repensant, il ne sait même pas si Maxxence a seulement fait du sport, et il n’a pas envie de le savoir. Il a appris à le détester, à haïr leur histoire au bénéfice de sa famille, il a appris à balayer tous leurs problèmes avec ce geste de lâcheté. Il a tout fait pour éviter ce genre de moments, et voir tout ça balayé en quelques secondes lui fout la gerbe. Il a beau faire face à un gaillard bien plus grand et costaud, Andy n’a jamais eu peur de lui. Aussi surprenant que ça puisse paraître, il a toujours pris les décisions, s’est toujours comporté en leader. C’est le genre de choses qui ne changent pas.

« Tu branles quoi ici ? »

(c) MEI pour APPLE SPRING