Le temps ferme toutes les blessures, même s'il ne nous épargne pas quelques cicatrices.
«Moi, mon âme est fêlée. C’est ce que vous ressentez ? »Demandait-il en lisant le passage du livre que je lui avais indiqué auparavant.
«Oui, si on veut, oui.»Baudelaire parvenait à trouver de la beauté dans la laideur. Il se battait pour trouver son aspiration à être unique. Il avait sa propre définition de l’homme et c’est ce qu’il voulait être, et ce malgré la société et tout le reste. Moi je m’ennuyais, alors j’ai voulu rendre ma vie intéressante. Ces divins poisons qui enivraient mon âme étant la preuve. L’alcool, la drogue, le sexe, tous étaient présents dans ma vie. Le désir d’oublier nos plus grands fracas, nos plus grandes erreurs, étaient plus puissants que le désir de vivre une vie heureuse. Au fond de ce gouffre, je ne voyais ni lumière, ni porte de sortie. Il n’y avait que mes démons qui m’accompagnaient, dans ce naufrage sans fin. Gin hantait parfois mes pensées, mais je m’amusais à tenter de l’oublier. Oui, tenter. Elle était bien plus difficile à oublier que je l’aurais cru. Voilà deux ans que nos chemins ont bifurqués, on m’avait répété de nombreuses fois que ce moment arrivait tôt ou tard. Chacun prend une direction différente, en croyant qu’à la fin les chemins s’entrelaceront à nouveau. Mais depuis mon chemin, je voyais Gin de plus en plus petite. Ne t’inquiète pas Milan, me disais-je. Nous sommes faites l’un pour l’autre, à la fin elle sera là à mes côtés, c’était ce que je me disais. C’était les mensonges que j’adorais me répéter en boucle dans ma tête. J’avais tout merdé, après tout. Avais-je tout simplement le droit d’espérer une fin heureuse pour nous ? Non, je ne crois pas, mais je m’acharnais à me convaincre. J’espérais qu’un jour, à force de tant me mentir, que cette illusion se transforme en un espoir, aussi minime soit-il. Et que cet espoir me donne le courage de revenir vers elle. Mais avant d’y arriver je devais cicatriser des tous ses démons qui persévéraient à me garder dans l’abysse de mes peurs.
« Pourquoi ?»dit-il intrigué.
« Pourquoi mon âme est félée ?»« Oui.»« Parce que la vie a fait en sorte que mon âme devienne fêlée ? Est-ce la réponse que vous attendiez ?»Il attendait peut-être une autre réponse de ma part, mais je n’avais guère envie de ressasser mon passer, encore et encore. Une autre journée peut-être, lorsque je sentirais le besoin de parler, de dire à un pure inconnu toutes les erreurs, toutes ses problèmes que j’ai causé à ceux que j’aime.
« Ginebra » dis-je surpris.
« Tu me niaises Dante, tes parents ont pas appeler ta sœur Ginebra ?».Je le regardais avec des gros yeux, intrigué par sa réponse. Pauvre fille, s’appeler de la sorte ne devait pas être chose facile. Tranquillement assis sur le sofa confortable de mon meilleur ami, je regardais le match de foot.
« La ferme Milan ! » dit-il en riant.
« À la place de dire des conneries, va chercher des chips en haut.» dit-il trop occuper en regardant l’écran de la télé. Je montais les marches tranquillement, me dirigeant vers cette cuisine que je connaissais trop bien. Je pris un bol et j’ouvris un paquet de chips. J’entendais les pas derrière moi, mais je ne me retournais pas.
« Personne ne t’as appris à ne pas dévaliser les frigos ?» dit une voix féminine que je ne connaissais pas. Je me retournais tranquillement, un sourire séducteur autour des lèvres.
« Qui te dit que je dévalise les frigos ? C’est plutôt les armoires que je vide de leurs contenus. » dis-je toujours en la dévorant du regard. Elle était magnifique, une brune aux longs cheveux arrivant à la taille. Ses yeux me rendaient fou, je n’avais jamais vu un si beau regard.
« Milan, je m’appelle Milan et toi ? » dis-je lui tendant la main, qu’elle ne prit pas. Elle prit plutôt le paquet de chips que je venais tout juste de sortir.
« Gin, pas besoin de te présenter, mon frère parle tellement de toi qu’on dirait que vous êtes en couple.» dit-elle en mangeant à même le paquet.
« Gin tonic, sérieux je croyais que Dante me niaisait, définitivement tes parents aiment l’alcool, autant que j’aime Dante.» dis-je en riant.
« Je vois que tu as un sens de l’humour très développé Milan. Mais tu serais plus beau en gardant ta bouche fermée pour m’éviter d’entendre toutes tes âneries.» dit-elle légèrement agacée. Je m’approchais d’elle, je lui pris son menton dans mes mains. Ses yeux exprimaient la surprise qu’avait éprouvée mon geste. Je m’approchais un peu plus d’elle, un sourire aux lèvres. Elle était si innocente, je crois qu’elle n’avait jamais eu un homme aussi près d’elle.
« Je vais me la fermer, lorsque tu m’embrassera.» dis-je doucement. Replaçant une de ses mèches autour de son oreille, je la regardais, nos regards ne se lâchaient pas. Je lisais dans son regard la crainte, mais ses yeux étaient magnifiques. Je m’attendais à me prendre une gifle en plein gueule, mais non, au contraire. Gin, la douce et innocente Gin, posa maladroitement ses lèvres contre les miens. Je fus surpris dans un premier temps, puis je pris les devants en lui tenant doucement le visage avec une de mes mains. Je l’embrassais tendrement, quand doucement elle se retira. J’avais les yeux encore fermé, surpris par la tendresse de ce baiser improvisé. Et BAM, la gifle, puis la deuxième retenti contre ma joue. Je la sentais en feu, tellement Gin m’avait giflé fort.
« Ne t’avise plus de prendre mon paquet de chips.» dit-elle avant de partir avec un sourire aux lèvres.
« Et Gin dans tout ça. . .» soupirait-elle lorsque je couvrais son cou de baisers. Ses cheveux blonds, son corps de déesse et ses grands yeux d’azur m’avaient tout de suite attiré vers elle lorsque je la vit dans le bar.
« Gin, oublie la, présentement il n’y a que toi dans mon lit. » dis-je en riant. Je continuais à l’embrasser, je descendais de plus en plus vers sa poitrine. Je ne me rappelais pas de son nom, mais je crois bien qu’il s’agissait d’une amie ou collègue de Gin, peu importe. En ce moment même, je ne désirais qu’une chose, faire cette femme mienne. Des remords, j’en n’avais aucuns. Je ne pensais à rien d’autre qu’à cette sublime blonde que je déshabillais langoureusement. L’alcool qui coulait dans mes veines enivrait le peu de décence que j’avais. À vrai dire, il inhibait toute retenue possible. Bon, il y avait aussi la drogue qui jouait dans tout ça. Peu importe ce qui animait ce désir charnel, je n’étais pas dans les bras de Gin pour fêter notre première année en tant que couple. Je lui avais dit que je travaillais, effectivement je travaillais cette belle blonde que je venais de rencontrer. Techniquement, je ne lui avais pas complètement menti. J’avais simplement omis de lui dire qui allait m’accompagner dans cette longue soirée de travail, bon même moi je ne savais pas qu’elle femme se trouverait dans mon lit jusqu’à ce qu’elle y soit.Je faisais l’amour à cette femme dont le prénom m’échappait, à vrai dire le prénom de toutes les femmes qui passaient dans mon lit m’échappait. Sa peau contre la mienne, nous ne faisions qu’un. Ses soupirs s’entremêlaient aux miens, elle laissait échapper des petites plaintes de plaisirs de temps à autre. Bien que la photo de Gin se trouvait sur la table de chevet, je n’arrivais pas à voir de remords. Il y avait quelque chose en moi qui clochais, j’en étais certain. J’avais comme petite amie la brune la plus sublime de Venise, la plus compréhensive, la plus attachante, et j’arrivais toujours à trouver le moyen de la tromper dès que l’occasion se présentait. Mon meilleur ami connaissait mes erreurs de conduite, il restait aussi silencieux qu’une tombe. Il cherchait à comprendre ce qui me poussait à tromper Gin. Il n’approuvait pas mes actions, mais il savait qu’il n’était personne pour les juger. Moi-même, lorsque l’alcool et la drogue n’étaient plus présents dans mon système, je tentais de trouver la raison pourquoi j’agissais de la sorte avec Gin. À chaque fois, je trouvais la même explication : c’était dans ma nature. Je ne pouvais pas comprendre encore moins combattre cette nature que j’avais. Tromper, baiser avec la première femme attirante venue, c’était pour moi l’eau que j’avais besoin pour vivre. Je ne pouvais pas y échapper, je tromperais toujours Gin, peu importe l’état dans lequel je me trouve. Je continuais à faire l’amour à cette femme, mon cœur battait la chamade, mes lèvres contre le sienne, ma main dans la sienne. J’atteignis l’extase dans ses bras, épuisé par cette aventure, je m’écroulais à ses côtés. Le temps de reprendre ma respiration, je pris la bouteille de whisky qui se trouvait près de la photo de Gin. J’engloutis le fond de bouteille qu’il restait avant de briser le silence entre cette blonde et moi.
« Tu comptes rester toute la nuit ?» dis-je froidement. Se collant contre moi, son corps nu contre le mien, elle déposa un baiser dans mon cou.
« C’est comme ça que tu traites tes conquêtes…» dit-elle d’un ton langoureux. Un sourire naquit sur mes lèvres.
« Effectivement, surtout lorsqu’elles ne sont pas assez bonnes pour que je me rappelle de leur prénom.» dis-je amusé. Sa réaction fut si prévisible, comme lorsqu’on veut allumer un feu et qu’on ajoute de l’essence pour le raviver. Furieuse, elle se leva du lit et prit tous ses vêtements qui se trouvaient un peu partout dans ma chambre.
« Connard, je comprends pas ce que fait Ginebra avec toi. Tu n’es qu’une ordure !» dit-elle furieuse en remettant son soutien-gorge en dentelle. Du tac au tac, je répondis aussi sèchement en allumant le joint se trouvant sur la table de chevet.
« La même chose que fait ton copain en étant avec toi !» dis-je froidement en prenant une bouffé de mon joint.
« Connard !» furent les dernières paroles qu’elle hurla avant de claquer la porte de ma chambre. «
Ce n’est pas ce que tu disais il y a quelque minutes.» hurlais-je amusé. Mon téléphone vibra, le prénom de Gin s’afficha dans mon écran.
« Bonsoir mon amour, toujours debout à cette heure-là.» dis-je tendrement, comme si rien n’était arrivé durant les dernières minutes.
« Je prends la voiture Milan . . .» dit-il pouffant de rire.
« Tu es certain de pouvoir conduire dans cet état, après tout t’es défoncée Dante» dis-je en riant à mon tour. J’ouvris la portière et je pris place dans le siège passager. Dante pris le volant, il avait de la difficulté à mettre la clé dans le contact, mais nous n’arrêtions pas de rire. La drogue ou la grande quantité d’alcool que nous avions ingurgité était la cause de tant d’amusement, mais également la cause de tant d’imprudence. Dante était le grand frère de Gin, nous nous connaissions depuis toujours avant même que je connaisse Gin. Il avait toujours refusé catégoriquement de me la présenter. Il connaissait ma manière d’agir avec les femmes, une nuit, dans les meilleurs des chances deux nuits, mais sans plus. Je n’arrivais pas à me fixer et rester avec une seule femme. Les nombreuses fois que j’étais allé chercher Dante chez lui, sa sœur n’était jamais là. Mais le destin avait fait en sorte qu’une nuit lorsque je ramenais Dante chez lui, il était tellement bourré qu’il n’arrivait plus à faire un pas devant l’autre, je rencontrais Gin. Et depuis ce jour, je n’arrivais plus à m’empêcher de chercher Gin et d’être avec elle. Bien que je continuais à voir ailleurs, sans que son frère ni elle ne se rendent compte de mes aventures. Dante était le genre d’homme à chercher de l’aventure, de l’action dans sa vie. Il buvait de l’alcool, mais n’avait osé la drogue, jusqu’à ce jour où j’insister pour qu’il essaye au moins une fois dans sa vie. Depuis ce jour, il n’a jamais arrêté la drogue, il faut dire qu’il en prenait même plus que moi.
« La pédale du frein c’est laquelle déjà.» gloussa Dante avant d’accélérer rapidement et de freiner aussi brusquement qu’il était partie.
« J’ai trouvé man» dit-il aussi sérieusement qu’il le pouvait. La chanson Angel with a Shotgun de The Cab jouait à fond dans la voiture. J’observais mes doigts, le trouvant horriblement gros.
« Dan’ je crois que je souffre d’éléphantiasis, regarde mes doigts !» dis-je apeuré. Dante était cramper, il n’arrivait pas d’arrêter de rire suite à mes paroles.
« Merde arrête de rire c’est très sérieux! » dis-je furieux.
« Crétin tu ne sais même pas ce que c’est l’éléphantiasis. Ta gueule Milan » Je le foudroyais du regard, je posais mon regard sur le cadran de vitesse de la voiture, nous allions à plus de 100km/h.
« Si c’est lorsqu’on a des mains grosses comme les pattes d’un éléphant. Ralentit un peu, il ne faut pas que la police nous arrête. Des plans pour que ta sœur nous sorte de cette embrouille» dis-je amusé.
« Quoi que Gin, ma Gin tonic ça fait une bonne journée que je l’ai pas eu dans mes bras.» Je revoyais Gin, dans mes bras, Dante ne savait pas que je couchais avec elle. Sans me rendre compte, trop perdu dans mes pensées, Dante me frappa à l’épaule.
« Crétin parle pas de ma sœur comme ça !» dit-il furieux.
« Aie, mais merde j’y peux rien si ta sœur est belle ! ». La lumière était à rouge, Dante ne s’arrêta pas, il accéléra à la place d’immobiliser la voiture.
« Qu’est-ce que tu fais ? Ralentit, il y a une courbe serré à quelque mètres.» dis-je légèrement inquiet.
« Arrête de faire ton peureux, il va rien nous arrivé, je suis un expert de course automobile. » dit-il. Ce que je craignais se produit, Dante perdit le contrôle de la voiture. La voiture fit plusieurs tonneaux avant de s’immobiliser, je regardais péniblement au tour de moi, Dante n’y était plus. Je sorti péniblement de la voiture, j’avais horriblement mal à la tête. J’avançais vers l’avant, Dante gisait au sol, du sang l’entourait. J’accouru vers lui, et le pris dans mes bras.
« Dante ! Réveilles-toi !» hurlais-je désespérément.
«Dante ! Arrête, réveilles-toi merde !» hurlais-je de toutes mes forces dans l’espoir qu’il daigne m’écouter, en vain. Il n’était plus de ce monde, sa cage thoracique ne bougeait pas, il perdait énormément de sang au niveau de la tête. Je continuais à enlacer mon ami, je pleurais sa perte, les temps s’arrêta. Un bon samaritain appela la police, j’étais si désespéré que je n’avais pas vu sa présence à mes côtés. Les fars des voitures se voyaient au loin, les sons des sirènes des ambulances, des voitures de police, des pompiers résonnaient dans la petite ville. Mais je ne voyais rien, je n’entendais rien. Je ne désirais qu’une chose me réveiller de ce cauchemar.
La sonnerie de la porte retentie dans toute la pièce silencieuse, elle était arrivée. Je me dépêchais à aller lui ouvrir la porte, je lui fit signe de rentrer sans dire un mot, je savais pourquoi elle était là. Tristement je posais mon regard sur le sien, mais elle évitait de me regarder à tout prix. Son visage était encore marqué des coups que je lui avais infligés la veille, je n’avais pas réussi à contrôler ma colère, sous l’effet de la drogue et l’alcool j’avais levé la main sur elle. Son visage était la preuve de mon acte, sa lèvre inférieure était légèrement fendue, le sang avait séché. Sa joue gauche présentait un hématome de la taille d’un poing, son œil gauche était légèrement enflé maquillé d’un bleu-violacé. Mais le pire était ses yeux, ils étaient noyés d’une tristesse et d’une douleur que je ne connaissais pas. Elle qui avait l’habitude d’avoir des yeux si pétillants qu’on avait un sourire simplement en la regardant. Je posais mes mains doucement sur son visage.
« Gin, je m’excuse, je ne voulais pas te faire du mal. Pardonnes-moi.» suppliais-je la femme que j’aimais. Elle recula lorsque mes mains touchèrent sa peau, elle avait peur de moi, voilà le sentiment qui naissait en elle lorsque mes mains la touchaient.
« Arrête Milan, on ne peut plus continuer comme ça» dit-elle en posant son regard rempli de larmes sur moi. Anéanti par ses paroles, je la regardais tristement.
« Non, non. . . Gin. . . je t’en prie. . .» implorais-je Gin. Ses larmes coulaient, elle baissa le regard et essuya ses larmes.
« Milan, je ne veux plus être avec toi . . . je ne suis plus capable . . . c’est trop difficile pour moi. .. » dit-elle d’une voix saccadée. Je pleurais maintenant, je ne sais pas comment mais je fus incapable de retenir mes larmes. Je m’approchais d’elle, je pris de force son visage entre mes mains, elle reculait à chaque fois que je posais mes mains sur elle. Coincé entre le mur et moi, je l’embrassais de force.
« Mon amour, je vais changer, je te le promets. » Gin éclata en larmes, elle me frappa de toutes ses forces avec ses poings contre mon torse. J’essayais de la calmer, en vain.
« J’ai tout perdu, tout …» hurlait-elle en larme.
« J’ai tout perdu, mon frère, notre enfant. . . C’est ta faute !»Ces larmes coulaient et je ne pouvais rien faire pour les cessez. Le simple fait d’approcher ma main sur sa joue meurtrir par les coups que je lui avais infligé, c’était la peur qui naissait dans ses yeux et elle reculait doucement. Je me détestais de lui avoir fait ça, je me détestais de voir qu’elle était effrayé par moi. Elle essuya une dernière fois et me regarda tristement avant de partir. Elle me supplia de ne plus l’appeler, de l’oublier, de ne pas la chercher. Promesse que je ne tiendrais pas.
« Gin, ouvre cette maudite porte !» hurlais-je désespérément, je frappais de toutes mes forces cette porte, mais elle ne cédait pas.
« Gin, ouvre cette porte !» mon cri brisait le silence morbide de cette maison.
« Gin !» hurlais à plein poumon. Je frappais, encore et encore cette porte. Je me foutais royalement de me faire mal, mais je devais la sauver. Son dernier message m’avait fait pressentir le pire. Sa voix était lointaine, ses paroles m’avaient effrayé. Je porte cédait sous les nombreux coups que je lui avais infligé, mais j’aurais préféré ne pas voir ce qui se trouve derrière cette porte. Gin étendu au sol, son visage inondé de récentes larmes, son maquillage avait coulé. Elle ne respirait plus, son corps était inerte sur le sol de sa chambre. Ces poignets étaient mutilés, elle avait coupé ses veines en suivant parfaitement le trajet de ces dernières. Le sang imprégnait le tapis beige de sa chambre.
« Gin. . .» hurlais-je en me précipitant vers elle. Je la serrais dans mes bras, mes mains se recouvraient de son sang qui avait jadis fait battre son cœur. Je la serrais si fort, dans l’espoir qu’elle se réveiller. Dans l’espoir que tout cela ne soit qu’un cauchemar. En vain, elle était morte, il n’y avait aucun pouls et la quantité de sang qu’elle avait perdue était trop importante. J’étais arrivé trop tard. Je touchais son visage doucement avec mes doigts, mes larmes avaient inondées mes yeux. Le sang sur mes mains avait corrompu la beauté de son visage. Je l’embrassais sur le front en pleurant sa mort. Je me détestais de ne pas être arrivé à temps, je me détestais de n’avoir jamais valorisé son amour, je me détestais d’être ce monstre que j’étais devenu.
« Gin. .. je t'aime . . .» dis-je en sanglot, mais il était trop tard pour qu'elle puisse m'entendre.
«Je dois vous avouer Milan, que votre réponse me déplait au plus haut point. Près d’une année que nous sommes assis dans ces fauteuils à chaque lundi et mercredi, et vous ne voulez pas partager votre passé avec moi ?» Dit-il d’un ton connoté d’embêtement. Je le regardais tranquillement, il avait peut-être raison, je ne voulais pas lui parler. Mais rien n’ai facile à vrai dire, parler de ce qui vous a marqué à vie, parler de votre histoire en prenant le rôle du narrateur omniscient ce n’est pas si facile. Rageant sa plume et son calepin dans son bureau. Il se leva tranquillement avant de briser le silence entre nous.
« Milan, je peux pas t’aider si tu ne veux pas t’aider. Je ne comprends pas ce que tu fais ici, si tu ne veux pas parler. » Dit-il intrigué. Baissant le regard sur mes doigts, dont j’avais parfois l’impression qu’ils avaient une forme étrange, je dit doucement.
« Peut-être que ça m’amuse de dépenser mon argent dans les séances de thérapie. C’est peut-être ma drogue, comme pour les fétichistes aux pieds ?» Un mince sourire se dessina sur mon visage. J’adorais le narguer, il était sympathique bien que trop insistant ces derniers temps.
« Milan, on se revoit mercredi si tu le veux bien. Je crois que la séance peut-être écourtée pour aujourd’hui. Nous n’arriverons à rien, à ce que je vois.» dit-il en se dirigeant vers la porte de son bureau.
« Tu sais où et comment me rejoindre si tu te décides à parler. Au revoir Milan.» Un sourire aux lèvres, je m’écriais, dans l’espoir qu’il se retourne et ne parte pas,
«Votre nouvelle technique fonctionne bien.» J’entendais ses pas derrières moi revenir vers cette chaise qu’il venait de quitter brusquement. Je n’avais pas relever le regard, trop occupé à observer mes phalanges horriblement laides.
« Gin, c’était une bonne fille. Mais j’ai fait en sorte qu’elle ne le soit plus. . ..» Se furent les premiers mots que je disais à Marc, les premiers mais non les derniers. Peu à peu je lui dévoilais mon passé, mes fantômes, mes peurs, mes raisons et mes excuses. Peu à peu les séances devenaient de plus en plus constructives, peu à peu il m’aidait à sortir de mes problèmes. Mais le jour où je devais parler de la mort de Gin, je fus incapable de me présenter à la séance. J’ai plutôt acheté un aller-simple vers l'Ohio, sans connaitre ma destination, dans le but de fuir et d’oublier Gin. Je crois que Marc doit se poser des questions sur moi, sur ce que je deviens. Je n’étais qu’un cas de plus pour lui, mais un cas qui le marquera surement jusqu’à la fin de sa carrière. J’étais le cas dont la fin de son histoire n’existait pas, ayant pris la fuite pour éviter de laisser mourir dans mon esprit le souvenir de Gin. Voilà un mois que je vis en Ohio, l’alcool accompagne mes nuits, Gin est toujours aussi présente dans mes souvenirs et rêves. Mais je ne touche plus à la drogue, c’est déjà ça.