« J'ai toujours respecté ma mère. Même si mon père m'a toujours inculqué qu'elle n'était bonne à rien d'autre qu'à s'occuper de tenir une maison, des fourneaux, et de me faire un petit frère, j'ai toujours éprouvé une grande fascination pour elle. J'ai vite été très lucide de sa condition ; du temps qu'elle mettait à étendre le linge, à le repasser, et à le plier ; de l'amour qu'elle mettait dans ses petits plats comme ingrédient secret ; même quand elle sortait chercher le courrier dans ses sabots et avec son petit tablier, elle le faisait avec dignité. »

Lars retira son autre gant de boxe et le posa à côté de l'autre, sur les marches de pierre. Il put ainsi extirper son briquet de sa poche pour enflammer l'extrémité de sa cigarette. Il inspira sa première bouffée avant de poursuivre.

« Elle ne donnait pas envie d'être une femme, clairement. Mais même dans son geste mécanique de passer l'aspirateur, tu sentais sa force douce, cette même force avec laquelle elle pouvait venir te faire un câlin le soir...

-Ou te foutre une rouste si tu faisais des conneries, acheva le jeune homme à ses côtés.

-Non, répondit Lars en secouant la tête. Les roustes, c'était mon père qui les donnait, histoire de bien montrer qui c'était, le patron. »

Son disciple, un jeune boxeur d'une vingtaine d'années, acquiesça d'un signe de tête avant de replier ses genoux contre son torse, semblant soudain bien fragile.

« On en vient pas à faire de la boxe par plaisir, gamin. Chacun d'entre nous a quelque chose à évacuer, quelque chose qui dort au plus profond de ses entrailles et qui ne demande qu'à sortir. Et quand ça ne sort pas, ça explose. Très fort.

Mon père travaillait dans une petite entreprise en tant qu'ouvrier. Ainsi, il ramenait pas beaucoup de thune à la maison, de sorte que même si on mangeait à notre faim, on se serrait toujours un peu la ceinture. On ne sortait jamais, on n'allait jamais au restau, et je ne te parle même pas de partir en vacances. Mon père s'offrait quelques trucs parfois, qui piochaient dans le budget déjà maigre. Et quand ma mère trouvait le courage de le lui reprocher, il disait que c'était son fric. »

Il tira sur sa cigarette avec amertume.

« J'étais le seul à faire des études mais vu l'argent possédé par mes parents et l'égoïsme du père, j'allais pas pouvoir continuer bien longtemps si elle devenaient payantes. Quand je suis rentré dans l'adolescence, j'ai commencé à vouloir m'acheter des petites choses, comme tout gosse de cet âge, pour me faire plaisir tu vois, comme les copains. J'avais une petite bande de potes et on volait souvent des petites conneries dans les magasins. C'a commencé par les bonbons, les clopes...Puis les vélos...Toutes ces choses qu'on pouvait pas s'offrir.

-Et tu t'es jamais fait chopper ? Interrogea le gamin.

-Bien sûr que si ! Répondit Lars avec un sourire. Mais à...quoi, quatorze piges, tu voulais qu'on me fasse quoi ? Non, j'ai rien eu, sauf des roustes de mon père qui voulait que j'écrase, parce qu'il avait suffisamment de soucis au taf comme ça.

Il n'en avait jamais vraiment eu jusqu'à présent. Mais j'étais pas idiot. Je le voyais rentrer de plus en plus tard, de plus en plus crevé. Et ma mère qui disait rien. Qui m'disait bonne nuit toujours avec le même amour, qui me consolait toujours avec le même sourire quand mon père me corrigeait. Un Ange ma mère, elle méritait pas ce qui allait lui arriver par la suite. Un jour mon père est rentré complètement cuit. Il a balancé des horreurs. Il a tout jeté autour de lui. Un ouragan a traversé la maison. Ma mère est sortie fumer sa clope en pleurant. Quand je suis venu la rejoindre, pour m'assurer qu'elle n'avait rien, elle m'a répondu que l'usine de mon père faisait tout doucement faillite et qu'ils se débarrassaient peu à peu de leurs ouvriers. Et je me souviendrai toujours du moment où elle m'a caressé la joue d'une main tremblante en me disant « T'inquiète Arsou, tout va bien se passer... »

-Arsou ? Répéta le gamin.

-Ta gueule, le mioche. La vie a repris son cours. Le père est finalement rentré à la maison pour ne plus en sortir. Et pourtant...on ne partait pas. Mes parents étaient à la maison toute la journée, mon père devant la téloche, ma mère faisant le ménage, aucun des deux ne travaillait, et pourtant on restait dans cette maison. Y'avait à bouffer dans le frigo. De la lessive propre. De la bière...Et un soir j'ai compris. Je suis descendu boire un verre d'eau dans la cuisine et j'ai surpris ma mère, rentrer, furtivement. En petite tenue. Elle m'a regardé, moi, en calebar, avec mon verre d'eau prêt à tomber sur le sol. Je l'ai regardé, elle, en cuissardes tout cuir, rouge à lèvres rouge carmin, jupe ras la mouflette.

-Ta mère faisait le tapin ?!

-Ouais, et suffisamment pour nous nourrir apparemment. Elle s'est approchée et m'a pris la main. On s'est assis à table, dans la pénombre de la cuisine. C'était presque irréel. Elle m'a regardé avec ce même sourire, ma petite maman soumise, femme au foyer, devant moi bête de sexe. Elle a plongé ses yeux dans les miens et elle m'a dit « On fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie, mais quand on est dans le besoin, on se démerde comme on peut et pour ça on passe pas toujours par les chemins les plus agréables. Parce que le seul moyen de survivre, c'est d'être une salope, tu comprends ? »

Elle m'a donné une enveloppe avec suffisamment de billets pour partir faire des études supérieures et elle est montée se coucher comme si de rien n'était. Mais en moi, ce soir, quelque chose s'est brisé. Ma mère avait perdu sa dignité pour toujours. Elle était descendue plus bas que terre. Pour moi. Pour mon père. »

Lars écrasa sa cigarette sur les marches de pierre et en alluma une autre.

« J'ai pas cherché à comprendre. J'ai fait mes valises et je suis parti. J'ai fait les études les moins coûteuses et les moins chiantes que j'ai pu trouver, et à vingt-quatre ans j'ai pu rentrer dans un lycée comme prof de Maths. J'avais pas des notes trop mauvaises malgré mon passé, et ma rigueur naturelle m'avait permis d'accéder au niveau nécessaire. J'avais la bonne petite vie que mes parents n'avaient jamais pu m'offrir. C'est alors que je l'ai rencontrée.

Siren. Son nom résonne encore parfaitement à mes oreilles. Elle m'a tout de suite envoûté. Ses cheveux reflets de soleil, sa main innocente qui se levait pour répondre à mes questions. Ses jambes fuselées qui se croisaient, sa nuque découverte sous les mèches de sa queue de cheval. Quand elle demandait mon attention, je répondais presque trop vite à ses questions, comme on rattrape une sculpture de cristal avant qu'elle ne se brise. C'était même pas de l'amour non : elle me rendait complètement dingue. Je n'avais qu'une envie : celle de la posséder, de la prendre à mes côtés et d'apposer un baiser sur sa nuque pour dire « elle est à moi. » Mais c'était impossible...

-Parce que c'était une de vos...

-T'as bien compris gamin. Oui, c'était une de mes élèves, mineure et de dix ans ma cadette. Sans m'en rendre compte je nourrissais des sentiments plus malsains à son égard. Au delà de l'amour c'était un sentiment viscéral qui me prenait au corps quand je la voyais, et qui me tordait les tripes.

Malheureusement, un jour, elle a disparu. En me renseignant auprès de ses camarades, j'appris qu'elle avais déménagé dans l'Ohio. Et qu'est-ce que j'aurais pas donné pour l'y suivre. Mais j'avais des obligations, et une vie enracinée ici, pour laquelle je m'étais battu corps et âme. Malgré tout, plus rien ne fut jamais pareil. Sa table vide me la rappelait sans arrêt. Son absence me rongeait. Je ressentais la même horreur que lors de la découverte du boulot de ma mère, presque dix ans auparavant. Je me sentais...vide...incomplet. J'ai commencé à boire, à fumer, à traîner dans les bars tard le soir, pour oublier la douleur de mon enfance, la douleur de mon adolescence, et la douleur de la début de ma vie d'adulte.

-Et je suppose que ç'a dégénéré...souffla le gamin suspendu à ses lèvres.

-Eh oui, je suis un être humain, mon gras. Un soir, j'ai vu un mec sortir d'une maison close avec une très belle femme qu'il a frappée et jetée comme une vieille chaussette en se plaignant de ses mauvais services. J'étais ivre, malheureux. Les reflets de ma mère et de cette sirène se son mélangées en cette femme, laissée à terre comme un animal blessé. Celui de mon père en cet homme ingrat. L'alcool a fait sauter le bouchon.

Le gamin ferma les yeux et plongea sa tête dans ses mains.

-Je me suis jeté sur lui et avant que je me rende pleinement compte de ce que je faisais, il était mort. Le visage de mon père, celui de ma mère, et celui de Siren, avaient disparu. Car cette simple scène avait ravivé en moi une haine enflammée que les événements de ma vie avaient chaque jour alimenté : celle de voir ma mère trimer aux fourneaux pendant que mon père regardait la télé, celle de voir ma mère si respectable se transformer en pute, celle de voir l'objet de mon désir s'envoler du jour au lendemain.

Silence pensant. Le gamin releva la tête, effondré.

-Et...comment tu t'en est sorti.

-Je m'en suis sorti, déjà. Je ne pouvais pas rester planté chez moi en attendant qu'on me trouve. J'ai fui, pardi. J'ai fui où je pouvais trouver une attache, dans l'Ohio. C'est alors qu'un jour, un homme m'a contacté. Il était au courant de mon histoire. Il a blanchi l'affaire, me donnant l'amnistie totale. J'avais donc une dette envers lui : je devais protéger sa fille, inscrite à l'université.

Le gamin le regarda, abasourdi.

-Je ne pouvais pas devenir prof de Maths après ma descente aux enfers. J'étais trop instable. J'ai fait une formation et j'ai pu devenir professeur d'Education Physique. Ainsi, je recommençais une nouvelle vie. Avec elle. Différemment. Plus chiant, et plus violent.

-Et c'est comme ça que vous avez commencé la boxe.

Lars se redressa, écrasant sa cigarette. Il saisit ses gants et les fourra dans son sac.

-Et c'est comme ça que j'ai  commencé la boxe. »

Tiens, je m'en fou de mon double post, t'es trop géniale, voilà tout Vraiment, je te le dis encore, ta fiche m'a vendue du rêve. J'aurais pas pu rêver mieux! Le nom, l'avatar, l'histoire tout ça... C'est juste parfait Tu as une plume d'or que je kiffe vraiment, c'est pas croyable. J'étais trop contente de te voir dans la liste des membres, j'ai cru faire une crise cardiaque Allez, j'te fais pas attendre plus longtemps, tu réserves un rp à ta jolie Sirène de ton coeur, hein Bonne chance sur le forum, tu vas vite t'intégrer JE TE N'AIME

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FÉLICITATIONS! Maintenant, tu peux vraiment dire que tu es l'un des notres! (te gêne pas pour boire ton verre, comme les autres ) Ça veut dire que ça y est! Tu peux rp! Mais d'abord, on te conseille d'ajouter ton avatar au bottin. Après, tu pourras créer ta fiche de liens et faire plein de demandes, comme avoir un toit au dessus de ta tête, ou alors un moyen de gagner ta vie et si t'es élève, tu peux même rejoindre un club! Et surtout, pense à te renseigner à propos du bizutage. C'est pas géant ça? Si tu cherches des liens spécifiques, tu peux aller dans la linksbox, et même créer ton propre scénario! Tu peux aussi créer ton téléphone, ton ask ou alors ton instagram. Enfin, si tu te sens perdu, n'hésite pas à te faire parrainer. AMUSE TOI BIEN ICI, PELO!