Oh oui. Là, il l'a mauvaise. Ses yeux bleus la foudroient. Elle a intérêt à avoir une bonne excuse. Il attend, comme un maître d'école patiente devant un élève qu'il a pris en train de lire une antisèche. Mais là, c'est pas une élève. C'est Louison, et c'est doublement important. « des chaussettes ? » Des chaussettes ? Il fronce les sourcils. Elle se fout littéralement de sa gueule, en plus. Elle a du cran. Un truc qu'il a aimé dès le premier jour chez elle. Elle semble si douce, presque prête à se laisser marcher dessus... alors que pas du tout. Derrière son air calme et studieux, elle a son petit caractère, la demoiselle. Mais niveau caractère, personne ne bat le Solheim. Il s'approche, l'air presque menaçant. Ça aurait été un mec, il lui aurait mis son poing dans la figure sans réfléchir. Mais c'est une femme. Et c'est Louison – encore. « pourquoi, t'en as plus ? » fait-il en entrant dans son jeu, d'une voix pourtant qui ne laisse rien présager de bon. Il la regarde de haut (normal, elle est toujours accroupie par terre) jusqu'à-ce qu'elle se relève. Manque de bol, il la dépasse toujours, et comme si c'était une réussite, il se permet un sourire presque hautain. En fait, c'est juste une manière de détourner un peu sa colère. Il ne supporte pas qu'elle fouine dans ses affaires. Surtout pour venir y trouver ça. Elle s'approche, et caresse sa joue. Il a un long frisson qui lui parcourt l'échine. De ceux quand on a froid. De ceux quand on a chaud. De ceux qu'on a quand on bout de l'intérieur. De ceux qu'on a quand ça se voit même à l'extérieur. « ca va chaton ? t'es tout mouillé. » D'une main, il écarte son bras d'un geste rageur. « sors d'ici ! t'as rien à faire dans ma chambre, alors bouge. » Ah bon, Cael, elle n'a rien à faire dans ta chambre ? Et toutes ces fois où tu l'y emmènes ? Où tu la portes, jusqu'au lit, pour t'allonger sur elle et écraser tes lèvres sur les siennes ? Il met tout ça de côté. Du mieux qu'il le peut. « t'es sourde ou bien ? tu veux que je te mette moi-même dehors, peut-être ? » Et sans même attendre de réponse, il l'attrape par le bras. Elle aura beau se dégager, manque de bol, sexe fort oblige ; il a plus de forces qu'elle. Il la traine jusqu'au seuil de sa chambre, avant de fermer la porte. Il la foudroie de nouveau du regard, même si son contact l'a électrisé. Déboussolé, quelque part au fond de lui. Il traverse la cuisine, ouvre un tiroir. Fouille au fond. « c'est ça que tu cherchais, peut-être ? qu'est-ce qu'y a, t'en veux toi aussi ? » raille-t-il en jetant la boîte de comprimés sur le plan de travail, passant une main dans ses cheveux mouillés histoire d'essayer de les remettre en ordre (en vain) avant de faire volte-face. Il lui tourne le dos, remplissant un verre d'eau à l'évier.

« pourquoi, t'en as plus ? » je pourrais presque rire à sa question si son regard n'était pas aussi froid. Mais il ne me fait pas peur, il devrait je le sais, et je je n'ai pas cet instinct de protection, et un jour je me prendrai une bonne trempe à cause de ça. Mais pour le moment je n'en ai cure. "Tu sais bien que je préfère les tiennes" N'importe quoi, elles sont beaucoup trop grande, mais je joue le jeu jusqu'au bout. Je me lève, tendant ma main vers sa joue, lui demandant comment il se sent, il ne se contient plus, ecartant brusquement ma main de son visage. « sors d'ici ! t'as rien à faire dans ma chambre, alors bouge. »  Je le regarde déversé sa rancoeur sans bouger. Il croit vraiment que quelques cris vont me faire partir. J'ai grandi au milieu de ça, je sais les gérer. « t'es sourde ou bien ? tu veux que je te mette moi-même dehors, peut-être ? » Non je refuse de bouger, bien camper sur mes pieds. Enfin, c'était jusqu'à ce qu'il me saisisse le bras. Je grimace, il sert fort, mais je ne veux pas l'admettre à haute voix. J'essaye de me dégager, mais il mebloque, me foutant à la porte de sa chambre, et fermant la porte derrière nous. C'est déjà ça, je suis toujours avec lui. Mais le chemin ne s'arrête pas ici. Il m'emmène dans la cuisine, et fouille un tiroir, en sortant la petite boite que je cherchais. Note à moi-même fouillé les espaces communs. « c'est ça que tu cherchais, peut-être ? qu'est-ce qu'y a, t'en veux toi aussi ? » Je le regarde jeter la boite de comprimés sur le comptoir. Je n'arrive pas à détacher ses yeux de lui, de sa main essayant de discipliner ses cheveux sans y arriver. Puis il se tourne. Et mes yeux se posent d'office sur les comprimés. J'ai envie de les saisir et de courir, mais je suis trop loin des toilettes. Je n'y arriverai pas. Et quand il est en colère il en prends plus. "Oui" Je suis calme. Et je laisse le silence reprendre sa place pour quelques secondes. Il est toujours de dos avec son verre d'eau à la noix. Je saisis la boite de comprimés, et m'approche de lui, l'ouvrant d'un geste. "Tu me donnerais quelques uns de tes précieux comprimés ?" Je lui murmures à l'oreille. Je me glisse sur le côté, pour être dans son champs de vision, m'appuyant contre le meuble. "Il en faudrait combien pour que je sois bien ? Un ? Deux ? Plus ?" Je pose les questions en le fixant, et dans ma main je fais tomber un cachet. Je mets la boite derrière moi, portant le cachet entre mes doigts vers ma bouche. De mon autre main, j'attrape le verre d'eau qu'il tient lui même. J'attends une réaction de sa part. Qu'est ce que j'attends ? je ne sais pas vraiment ? Jusqu'où je suis prête à aller dans ce petit jeu ? Je ne le sais pas non plus, et j'ai l'impression de perdre le contrôle.

Bien sûr que lorsqu'il est en colère, il en prend plus. Parce que la colère est comme la tristesse; l'un des deux plus forts sentiments qui lui maltraite le coeur, qui piétine son esprit à grands coups de talons aiguilles. « Oui. » Sa réponse le désarçonne tellement (il ne s'y attendait pas) qu'il reste un instant sans vraiment réagir, comme amorphe. « Tu me donnerais quelques uns de tes précieux comprimés ? » Sa voix ressemble à celle d'une vipère, sur l'instant. Du moins c'est ce à quoi l'associe Caelan, qui sent ses mains se crisper sur le rebord de l'évier. Pourtant, il ne la regarde toujours pas. Comme s'il tentait de se contrôler. Il voit la couleuvre se glisser dans son champ de vision, tout près de lui. Sa main qui tient le verre tremble légèrement. Peut-être l'a-t-elle remarqué. « Il en faudrait combien pour que je sois bien ? Un ? Deux ? Plus ? » demande-t-elle en lui prenant le verre. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Que dis-je, un véritable océan déchaîné. Caelan lui arrache le verre des mains avant de le lancer à travers la pièce. Il s'écrase contre le mur d'en face, explose en mille débris scintillants qui retombent au sol. Pluie d'étoiles de sucre. Il attrape le poignet de Louison. Lui fait un peu mal, peut-être. Mais il n'y prend pas vraiment garde. « arrête ! pour être bien, toi, il faudrait que t'en prennes au moins quinze boîtes d'affilée ! » lui crache-t-il à la figure, mauvais et blessant. Il attrape son deuxième poignet (avec plus de douceur) avant d'appuyer son corps contre le sien, la bloquant entre lui et le plan de travail. Au fond, il sait qu'elle fait ça pour son bien. En vrai, il l'aime vraiment beaucoup, Aenor, vous savez. Mais pour le moment, il la déteste furieusement. Ses lèvres s'écrasent sur les siennes avec une douceur violente. Dérisoire. Il l'embrasse comme il n'embrasse personne. Avec ce mélange de désir et de haine entre les lèvres. Avec cette envie et cette répulsion pourtant. Avec quelque chose de puissant. Puis, il la lâche et s'écarte d'un seul coup. Sans lui adresser un regard, encore à bout de souffle, il se baisse pour ramasser la boîte de médocs tombée au sol dans leurs ébats. Dans leur combat. Il en sort un, et boit directement au robinet pour l'avaler. Il en prend un deuxième dans la foulée. Et fixe tristement le plancher, regardant le carnage dont il est capable. À cet instant-là, il a envie de se gifler. De se griffer les bras, le corps. De se punir, d'être un monstre.