Alpha - Avant même d'entrer à l'université, il avait déjà sa place de réservé chez les Alphas. Pour un garçon aimant vivre dans la lumière, difficile de le voir dans une autre confrérie que celle de l'élite. La Lacrosse et lui, ça a toujours été une immense histoire d'amour, en prime. Pour lui, les Alphas, c'était une évidence. Tellement flagrante qu'il a toujours eu tendance à balayer les demandes des autres confréries avec une indifférence flagrante. Il est né pour être un leader, pas un homme lambda. C'est peut-être cette ambition, ce désir qui l'a poussé à devenir une véritable star dans son sport de prédilection.

Rejet - Mes parents nous faisaient les dernières recommandations alors qu’ils partaient en week-end. J’avais quatorze ans et ils estimaient que j’étais assez grand pour m’occuper de ma petite sœur de quatre ans ma cadette. L’idée était loin de me réjouir mais, je n’avais pas voulu exprimer mon désaccord. Ils auraient pu annuler leur week-end romantique s’ils avaient su à quel point ça m’ennuyait profondément. Chose qui n’était pas du tout envisageable. J’avais prévu un programme chargé avec certains de mes amis que je ne tenais pas à annuler. « Ne t’inquiète pas, Maman, on sera sage. C’est promis et le numéro d’urgence est enregistré sur le téléphone. Je vous appellerai si quelque chose ne va pas. » Enfant chéri, adolescent modèle… J’avais toujours fait en sorte d’être le fils qu’ils voulaient que je sois, j’aimais la fierté qui brillait dans leurs regards mais cette fois-ci, j’avais envie de faire un truc un peu fou. J’entendis le vrombissement du moteur de mes parents et un vent de liberté sonna à mes oreilles. J’esquissai un sourire quand la voix de ma sœur me fit redescendre de mon nuage. « Alors, on va faire quoi ce week-end ? » Je levai les yeux au ciel. Je savais que derrière cette interrogation curieuse, il y avait de l’espoir. L’espoir que ce soit un week-end entre nous deux. C’est sans un remord que j’annonçais d’une voix indifférente voir ennuyé mes plans. « Désolé Alessa mais j’ai autre chose à faire que de m’occuper de toi. J’ai invité quelques amis à venir à la maison. Alors, évite de traîner dans mes pattes, je dois être l’hôte parfait.  » Ma meilleure amie jugerait mon attitude dure, je le savais mais, ce n’était pas de ma faute si ma sœur avait un don pour se retrouver toute seule quand même ! J’avais quatorze ans, je suis sûr que la moitié des frères se comportait comme ça avec leurs cadettes. Je n’allais pas faire exception. J’aurais le temps de me rattraper plus tard, non ?

« J’ai croisé Alessa dans le couloir. Elle n’avait pas l’air d’être dans son assiette. Tu ne connaîtrais pas la raison par le plus grand des hasards ? » Je sentais le regard scrutateur d’Amalia sur ma nuque alors que je gardais les yeux fixés sur le mur d’en face. Je ne voulais pas voir les lueurs accusatrices habituelles danser dans ses yeux bleus. « Tu ne veux pas parler d’autres choses ? On est sensés passer une journée sympa. Les remontrances, j’en ai assez avec mes parents. » Un éclat de rire retentit. Je me maudissais intérieurement. Quelle connerie j’avais sorti encore… « Tes parents ?! Arrête tes bêtises, James, s’il te plaît. On ne me la fait pas à moi. Je te connais depuis le bac à sable et je ne me rappelle avoir déjà vu tes parents hausser la voix contre toi. Peut-être un ou deux reproches par-ci, par-là mais rien d’autres. » Un point pour elle. Encore une fois, Amy avait visé juste. Elle était perspicace cette fille. Lui cacher quelque chose était une mission impossible. Je ne pris pas la parole suite à sa remarque. Je la sentis se déplacer pour se mettre face à moi. « Je t’adore vraiment, tu le sais et je ne veux pas que tu penses que je cherche à te pourrir ton après-midi en te racontant ça. C’est totalement faux et encore une fois, je sais que tu en as conscience mais… Si tu continues à te conduire comme un vrai con avec Alessandra, tu vas finir par le regretter. » Je haussai les épaules lui tirant un soupir désabusé. Pourtant, sa phrasa resta gravé dans ma tête pendant plusieurs secondes comme si elle cherchait à s’incruster dans mon esprit à la manière d’une marque indélébile. « Bref, tu restes te morfondre sur ce banc ou tu viens avec moi à la patinoire ? Il y aura Kassandra… » Un sourire malicieux éclaira le visage de l’adolescente, effaçant momentanément son avertissement. Kassandra hein ? Alors, là aussi, Amalia avait remarqué que je n’étais pas indifférent au charme de son amie… Cette fille était vraiment épatante.


Cupidon - Je regardais Kassandra se mouvoir avec grâce sur la patinoire. C’était un spectacle dont je ne me lassais pas. Elle riait aux éclats alors que ma meilleure amie l’entraîna sur le milieu de la piste, enchaînant les acrobaties. Elles étaient vraiment douées. Je voyais Amalia me faire signe de venir mais, je déclinais poliment l’invitation. Je ne tenais pas à me rendre ridicule une fois plus et ma cheville me faisait encore mal depuis ma chute sur la glace. En temps normal, je ne serais pas resté faire de vieux os ici, je me serais barré en leur signalant mon départ mais, pas cette fois. Je ne voulais pas les quitter. « Alors, Kassie te plaît hein ? Tu la bouffes du regard depuis que tu as posé ton cul sur ce banc. » Je levai les yeux alors qu’un sourire moqueur se dessina sur mes lèvres. « Quel élégance dans vos paroles, mademoiselle McAllister… » Je sentis une tape légère sur mon épaule droite et je souris de plus belle. Jamais je ne me lasserais de cette fille, c’était impossible. Je la sentais bouillir à mes côtés alors que je m’obstinais à garder le silence. La faire tourner en bourrique… Une autre passion. « Tu devrais retourner sur la glace, on dirait un volcan sur le point d’exploser. » La brune fit mine de s’en aller dignement tout en affichant une moue clairement boudeuse sur son visage. C’était hilarant et en même temps, étrangement attirant… Je la retins par le bras machinalement. « Boude pas, Amy ! Ça ne te va pas. » Disais-je avec un grand sourire masquant habilement mon trouble. « T’as gagné, elle me plaît. Je ne t’apprends rien, n’est-ce pas ? T’as déjà tout organisé avec cette journée innocente à la patinoire. Tu vas me rendre cinglé, un jour… » Elle me fit un sourire colgate avant de rejoindre son amie. Au même moment, je sentis mon portable vibrer. « Let’s go abruti, elle ne va pas rester célibataire longtemps ! » Je me remémorai le message de la miss en sortant avec les filles de la patinoire et avant que Kassandra s’en aille prendre son bus, je l’embrassai sans crier gare. Baiser qu’elle me rendit avec les intérêts.

J’avais été traîné par des potes dans une boîte. Ils m’avaient harcelé pendant 48 heures jusqu’à ce que je dise oui. Le prétexte ? Je n’avais pas le moral, apparemment. Quand j’avais cherché à en savoir plus, on m’avait dit que ça faisais une plombe que je n’étais pas sorti avec une fille et que ce n’était pas du tout normal. Visiblement, pour eux, trois mois célibataire… ça tenais de l’exploit. Résultat, je me contentais d’observer les gens autour de moi, flirtant avec quelques filles de temps en temps, histoire de rassurer mes potes. Je pensais m’être bien débrouillé jusqu’à que mon meilleur pote passe par là et m’embarque dans un endroit calme. « Bon, qu’est ce qui ne va pas ? Et me fais pas le coup du tout va bien dans le meilleur des mondes, je ne te croirais pas. Je ne suis pas le seul, d’ailleurs. » Je soupirai. J’avais été bien naïf de penser que mes plans dragues éphémères avaient fait illusion. La plupart était tombé dans le panneau mais, les plus tenaces n’étaient pas décidés à me laisser tranquille. Je ne savais même pas ce qui m’arrivait. Aucune fille ne réussissait à capter mon regard assez longtemps pour que je daigne m’intéresser à elle autre qu’amicalement parlant. Bien sûr, j’avais couché avec plusieurs filles depuis trois mois, mais c’était juste physique. Des histoires d’un soir. Rien de plus. Mon état n’était pas si alarmant. « Bordel, j’ai l’impression d’être au bord de la dépression avec ton air soucieux sur le visage. C’est flippant, je t’assure… » Non mais, c’est vrai. Je n’allais pas me casser en deux non plus. J’étais juste perturbé. Assez pour que ça se remarque. Je savais que mon interlocuteur n’allait pas lâcher le morceau tant qu’il n’aura pas obtenu une réponse satisfaisante. Les gens pouvaient être chiants, parfois. C’était dingue. « Je ne sais pas du tout ce qui m’arrive, d’accord ? Peut-être que j’en ai marre des histoires qui ne mènent à rien ou peut-être que c’est d’être en couple qui me gave… » Ou le silence d’Amalia. Ça me rendait dingue cette situation. Mon vis-à-vis s’alluma une clope tout en me regardant avant de fixer les étoiles. « Tu serais pas tombé amoureux quand même ? » Mes yeux s’agrandirent comme des soucoupes sous le coup de la surprise. « Tu devrais arrêter la fumette, mon vieux. Ça te fait dire des putains de conneries… » Il hocha la tête avant de jeter sa cigarette sur le sol et de rentrer dans la boîte de nuit tout en me glissant une petite phrase qui résonna longtemps dans mon esprit. « T’es pas dans la merde, toi… »

Rédemption - Les lendemains de compétition étaient toujours un peu compliqués, aussi je mis quelques minutes avant de me lever et quitter ma chambre. Le silence régnait dans la demeure familiale. Détail plutôt rare pour être souligné. Il n’était pas loin de neuf heures pourtant… Je descendis prudemment les escaliers où mes parents étaient assis sur la table. Mon père lisant le journal alors que ma mère buvait son café lentement. Aucune trace de ma sœur, c’était quoi le problème ? « Euh… Elle est où Alessa ? » Ma mère leva les yeux vers moi alors qu’en face, mon père semblait avoir interrompu sa lecture. Je sentis une tension nouvelle au sein de la pièce. James Espinoza… Tu as perdu une occasion de te taire. Leurs silences allaient me rendre fou et j’ignore si c’est l’instinct maternel ou quoi mais, ce fut ce moment que ma mère choisi pour prendre la parole. « Alessandra est au commissariat. » Attendez… Elle a bien dit commissariat ? C’était quoi le bad ? Ma sœur, une délinquante… Waouh, j’avais l’impression d’avoir loupé dix wagons. « Je savais bien que son visage innocent cachait des pulsions meurtrières. » Trait d’humour qui me valait deux regards bien noirs de ceux qui m’avait donné la vie. Ooookay, restons sérieux. « Je m’excuse pour cette réplique indécente. Qu’a donc fait Alessa pour se retrouver au commissariat ? » J’étais vraiment curieux de savoir ce qui lui était passé par la tête. Un acte de pur rébellion ou juste une connerie sans gravité ? Mon père m’annonça que ma sœur s’était improvisé artiste des rues avec quelques copines et avait été chopé par les flics. Mouais, ça aurait pu être pire… « Elle a passé la nuit dans une cellule et maintenant, on va la chercher… Tu restes à la maison ou tu viens ? » A peine la question fut posé que j’avais déjà pris ma veste et mis mes chaussures. Cette fois-ci, je ne resterais pas sur la touche.

« Eh James ! Dis… C’est qui la brunette avec qui tu parlais tout à l’heure ? Ça avait l’air tendu entre vous… Une ex à toi ? Elle est canon en tout cas… » J’étais en train de vérifier mon équipement sportif quand la question d’un de mes coéquipiers me fit perdre totalement ma concentration. Je savais très bien de quelle brunette il parlait et j’avais beau apprécié Josh… Je n’allais pas donner ma bénédiction à ce qu’il s’envoie ma sœur pour autant même si j’avais appris à le connaître au-delà de sa réputation de Don Juan bisexuel et insatiable. « C’est ma petite sœur. Alors, oublie tes idées lubriques Joshua si tu ne veux pas te retrouver dispensé des matchs de Lacrosse jusqu’à la fin de la saison parce que tu seras cloué sur un fauteuil roulant, compris ? De toute manière, t’es pas son genre. » Je lançais un regard d’avertissement au blond qui ravala sa réplique cinglante sur le champ. Josh faisait partie de ces gens qui aimaient provoquer le monde pour se sentir vivant, intéressant et je pouvais difficilement lui en vouloir. Moi aussi, j’avais tendance à laisser échapper quelques répliques ironiques de temps à autres. Si Alessa apprenait ce que j’avais fait, elle me rirait au nez. Je voyais sa réaction d’ici. J’entendais ses paroles distinctement dans ma tête. « Alors, c’est maintenant que tu te décides à jouer au grand frère modèle ? T’as raison, c’est bien plus facile d’assumer son rôle d’aîné quand tout va bien dans ma vie. Sauf que je n’ai pas besoin de toi, James. C’était avant. Quand tout allait mal qu’il fallait te manifester. Alors, va jouer au protecteur ailleurs. Je peux me débrouiller toute seule. » Elle me jetterait sa rancune au visage. La rédemption était parfois très compliquée à atteindre. Les paroles d’Amalia me revinrent en tête avec force. Elle avait eu raison avec des années d’avance. J’esquissai un sourire discret. Ma soirée était libre, j’allais faire en sorte d’occuper la sienne. Étrangement, mon cœur rata un battement à cet instant mais, je n’y prêtai pas plus attention. C’était sûrement la traduction de la profonde affection que je lui portais, rien de plus.