Caïtlyn d. Ainsworth

L'année 1991, en dehors d'avoir été celle des grands verglas qui paralysèrent le nord des Etats-Unis et une partie du Canada, laissant de millions de malheureux dans l'obscurité pendant plusieurs jours, fut celle de ma naissance. J'ai eu la chance de grandir dans un quartier chaleureux et convivial où les habitants ne ferment pas leur porte à clé, un de ces endroits si calme qu'on le pense à l'abri de tout. J'habitais une magnifique maison en pierre et pin massif où les alentours rimaient avec une certaine sérénité. On aurait pu parfois se croire à l'extrémité du monde si on ne se savait pas à quelques kilomètres seulement de la civilisation. La devise qu'employait les habitants résumait bien ce puissant sentiment de liberté qui nous saisissait, vivre libre ou mourir. Toute cette béatitude a été rompue par la mort de mon père lorsque je n'avais encore que trois ans, ma mère était effondrée par la nouvelle et ne se voyait plus continuer à vivre sans lui, mais elle n'avait plus le choix. Elle a donc entamé sa nouvelle vie de mère célibataire pendant douze longues années jusqu'au jour où elle rencontra un nouvel homme qui deviendra par la suite, mon beau-père. C'est à partir de ce moment-là que mon cauchemar a commencé. Je ne me suis jamais liée d'amitié pour cet homme-là qui utilisait ma mère comme sac de frappe. Elle était éperdument amoureuse et moi j'avais honte de ne pas pouvoir agir pour que tout cela cesse. Les années ont passé et cet homme en question a disparu du jour au lendemain, pour mon plus grand bonheur. Par la suite, je me suis découverts une passion, l'écriture. J'adorais inventer des récits qui sortaient de mon imagination, je m'attachais aux personnages que je créais et j'étais fière de présenter mes œuvres à ma mère qui m'encourageait à persévérer dans ce que j'entreprenais. Mon entrée au lycée me confirma ce rêve que j'avais, je voulais entreprendre des études dans la littérature. J'avais été inscrite au club de lecture et j'insistais pour que mes nouvelles se retrouvent dans le journal du lycée. Je ne me considérais pas comme étant une intellectuelle, loin de là, je savais juste utiliser les mots comme il le fallait avec une imagination débordante.

Mais parlons un peu plus de moi et de ma personnalité. Je suis ce genre de personne qui profite de la vie. Je vis le moment présent comme s'il était le dernier de mon existence. Je suis assez fêtarde, je sors comme bon me semble puisque je suis totalement indépendante. Je suis doté d'un gros caractère qui me joue des tours, je pars au quart de tour et je n'arrive pas à contrôler mon impulsivité. Je suis susceptible puisque je ne supporte pas la moindre critique, je n'arrive pas à me remettre en question, je suis un peu manipulatrice sur les bords avec les gens que je veux faire tourner en bourrique. J'adore m'amuser, jouer de mes charmes et rentrer de soirée lorsque le soleil se lève. Je vis le moment présent sans penser à ce qui m'attendra à l'avenir, je préfère avoir la surprise de ce qu'il va m'arriver. Les personnes qui m'entourent prétendent que je me cache derrière cette image de nana dotée d'un gros caractère, qui n'est bouleversée par rien, ils pensent que je me donne un genre pour camoufler cette rancœur que je garde au fond de moi vis-à-vis de mes parents. Ils ont peut-être raison, mais je refuse de me pencher sur cette interrogation, je ne veux pas croire que je souffre au fond de moi. Je veux vivre.  

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