Delta phi upsilon est surement la confrérie la plus adaptée au caractère d'Oz, ne serait-ce que pour le petit secret qu'il entretient, aller exercer son art dans les rues, en silence, ne laissant que des fresques multicolores sur les impasses de bétons. Les DPU, Oz les aime, qu'il en fasse parti ou non, pour les émotions qu'ils savent transmettre, pour le souvenir de ce qu'il chérit depuis l'enfance, pour les discussions enflammées sans queue ni tête à propos d'obturateur, de gouache ou de dripping.

Les lambda psi omicron d'un autre côté pourraient aussi correspondre au petit Oz renfermé, aigri envers le monde qui s'est tourné vers ses études pour cacher sa colère, l'enfant qui essaye de canaliser ses accès de rage dans quelque chose qui aurait rendu ses parents fiers, lui qui ne sait de toute manière pas comment être dans un moule, toujours à dépasser un peu d'un côté. Mais se lancer dans une frénésie d'apprentissage par dépit, ça finira surement contre un mur de briques un jour ou l'autre.
 

Oz. Comme le magicien. Enfant cependant, ce n'était pas cette histoire de gamine stupide que ses parents lui racontaient, mais une version différente, une version plus sombre, une version qui aujourd'hui encore enflamme son coeur, embrase les frissons le long de sa peau pâle. Wicked, the Life and Times of the Wicked Witch of the West. Oz a grandit en chérissant tendrement les sorcières craintes et détestées par les autres enfants. Le gamin étrange d'une famille étrange dans une maison étrange. Oz riant, dévalant les escaliers depuis sa plus tendre enfance, les doigts de son père cherchant sa peau pour mieux déclencher les hurlements de joie, le souffle qui se raréfie et les larmes de bonheur dans les yeux. Il n'existe dans la mémoire du jeune homme, pas un souvenir terne et triste de la maison biscornue, la maison prête à s'écrouler, celle qui lui semblait vivante, une entité à l'âme immortelle, un gardien de la petite dynastie Cholmondoley, une grand-mère de poutres et de briques qui riait discrètement au creux des nuits câlines.

Oz se souvient de la cruauté enfantine, de l'intolérance qui se cache sous le masque de l'innocence. Des adultes venant chercher leurs rejetons en leur murmurant des paroles de cauchemar sur la maison magique et les héros de l'enfant-magicien. Les tâches de rousseur de sa mère s'éclairaient au soleil de teintes auburn et chocolat, sa peau blanche rayonnait comme le sable en été, et sa chaleur le suffoquait comme un volcan lorsqu'elle le serrait dans ses bras. Les lunettes ébréchées de son père tombaient sans cesse de son visage trop fins, et le rire puissant brisait ses os pour en faire des marshmallows. Oz adorait ses parents. Oz n'a jamais cessé de courir dans les escaliers, de regarder sa mère fumer dans la cuisine ou son père démonter des appareils vieux comme le monde pour mieux les adopter. Ils aiment les choses brisées. Avec la douceur des gens qui reviennent de loin, avec le sourire diminué qui brille si fort qu'il s'imprime sur la rétine. Oz se souvient des baisers volants de sa mère, des déclarations éphémères de son père. Oz a compté les cinq milles huit cent quarante demandes en mariage, les éclats de bonheur coupant comme des rasoirs pour lui soutirer des rires couleur d'amour. Oz a connu le bonheur dans une vieille bâtisse insalubre, entre deux êtres consumés de passion.

C'était un accident. Oz a le cerveau tatoué par ces mots, l'âme marquée au fer chaud par leur ton discordant, par l'odeur pestilentielle de mensonge et de fin du monde qu'ils charrient. Une inconnue glisse sa main dans la sienne et l'envie de vomir lui prend la gorge, les murs tremblent et la gravité n'a plus de prise. L'homme qui a ruiné sa vie d'adolescent n'ose pas le regarder, Oz ne saura jamais la beauté de ces yeux verts rongés de culpabilité, ni les déchirures au fond du coeur pour les restes d'une vie. Oz ne saura plus que le silence, le vide envahissant dans la petite bicoque biscornue, les coups de douleur dans chaque atome, et le supplice chaque matin d'oublier un faible instant avant que la boite de Pandore ne s'ouvre à nouveau, dévorant sur son passage les restes calcinés de l'espoir tangible d'un gamin déboussolé. Oz n'a jamais pardonné, jamais oublié. Oz déteste les voitures, déteste l'alcool, déteste les parents qui ne survivent pas à tout, abandonnant entre les griffes avides de la société un orphelin dévasté. Oz a tellement pleuré que son petit coeur s'est asséché. L'angoisse a remplacé les rires, la colère s'est déchainée dans ses atomes mal accrochés. Oz aurait voulu être magicien.

La vieille grand-mère de briques et de poutres est devenue poussière, souvenir brulant dans un paysage ancien, remplacée par quatre murs sans âme habités par un squelette de famille sans âme. Oz est allé les espionner des centaines de fois, le poison de la jalousie et de la rancoeur glissant trop rapidement dans ses veines. Oz ressemble à un animal blessé, assis sur le muret de la propriété d'un autre, les yeux embués de larmes de rage devant le tableau scintillant de ceux dont les semblables riaient autrefois de la tribu Cholmondeley. Oz a appris que sa cage thoracique pouvait se ratatiner, que ses poumons n'étaient pas fiables, et que l'oxygène est traitre lorsque l'angoisse est un spectre perché sur une épaule trop faible. Oz, l'enfant-magicien aux doigts multicolores. Oz, incapable de retrouver la paix et l'affection, hanté par de vieux fantômes de sourires, cherchant à recréer dans les rues de la ville ces couleurs de son âme d'enfant. Oz, tout cassé en dedans.

Clyde, Hadès, Hendrix et Oz. La bande improbable, le melting-pot du démon, les sauveurs d'âme dérangées. Il sait pas bien Oz, ce qu'il a d'intéressant pour ces trois gars là, mais il s'accroche aux sensations grisantes que ça procure, d'être l'un des leurs. Clyde a une petite place privilégiée dans le cœur du gamin de la bande, parce qu'il a vu quelque chose en Oz qui méritait son attention. Oz est un atome en expansion, vorace, et Oz rêve les yeux ouverts de conquérir le monde avec ces garçons impossibles qui pétillent sur sa langue comme une coupe de champagne.

 

J'imagine que c'est ok pour toi Clyde ? Vu que tu as posté sur sa fiche après qu'il l'ait terminé. Enfin bref, ta plume est divine je n'ai rien à redire.

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